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Des statues du MET de New York retrouvent leur château du Périgord... via des copies

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Philippe LOPEZ

Des copies "impressionnantes" de statues périgourdines de la Renaissance exposées au Metropolitan Museum of Art (MET) de New York ont rejoint cette semaine le château de Biron, en Dordogne, grâce à des technologies utilisées pour reproduire la grotte de Lascaux.

À l'occasion des Journées européennes du patrimoine, ces fac-similés représentant une "Mise au tombeau du Christ" surmontée d'angelots ont été dévoilés vendredi, reprenant la place des sculptures originales dans la chapelle de cette forteresse du Périgord, considérée comme le plus vaste château d'Aquitaine (un hectare).

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Philippe LOPEZ

Les répliques ont été installées dans une niche sous un arc de pierre, non loin des gisants médiévaux de deux hauts membres de la famille de Gontaut-Biron et d'un fac-similé d'une "Pietà" (Vierge tenant sur ses genoux le corps du Christ), elle aussi exposée au MET. Cette autre copie avait été mise en place en octobre 2023.

"Ça change complètement la chapelle. C'est une chapelle très vaste, l'une des plus grandes chapelles castrales du royaume de France. Et comme elle est complètement dépouillée, le fait que les sculptures reviennent, ça lui rend son âme", se réjouit auprès de l'AFP Sébastien Cailler, responsable du château. "Ça fait partie des grands trésors de l'humanité."

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Philippe LOPEZ

Ces pièces monumentales, sculptées au XVIe siècle par un artiste anonyme, avaient été cédées en 1907 par le dernier marquis de Biron à John Pierpont Morgan, fondateur de la banque JPMorgan et président du MET.

En 1957, une première demande de copie avait été refusée par le musée américain car un moulage risquait d'abîmer les traces de peinture encore présentes.

- "Très émouvant" -

Mais en 2018, aucune objection: de nouvelles technologies, utilisées notamment pour créer en 2016 le centre international d'art pariétal (Lascaux IV) et ses répliques de peintures rupestres, permettent de reproduire les œuvres sans les toucher, selon le savoir-faire développé par l'Atelier des fac-similés du Périgord (AFSP) qui a réalisé les copies.

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Philippe LOPEZ

Grâce à des relevés photogrammétriques et des machines 3D, ces répliques en résine imitant l'aspect de la pierre, avec les moindres caractéristiques et défauts des œuvres, ont pu être réalisées en huit mois pour un budget de 350.000 euros.

Griffith Mann, conservateur au MET, a salué vendredi auprès de l'AFP la qualité "impressionnante, formidable" des copies, saluant notamment le travail de détail, de la patine des couleurs jusqu'aux graffitis gravés sur le corps du Christ.

"Les voir dans leur environnement est très émouvant", a-t-il jugé. "Dans certaines situations, les objets reviennent dans leur lieu d'origine, comme il se doit. Mais dans une situation comme celle-ci, où il n'y a pas de conflit sur la propriété de l'objet, un tel partenariat est une manière très utile de donner aux visiteurs du château un aperçu des sculptures originales dans leur contexte."

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Philippe LOPEZ

"Ces statues, de toute façon, sont mieux préservées au MET que chez nous", juge André Barbé, directeur général de la société touristique Semitour Périgord, qui gère notamment le château de Biron et le site préhistorique de Lascaux. "Le fac-similé est là pour ça. C'est exactement l'histoire de Lascaux: préservons les originaux mais montrons au public."

Le château de Biron, où a notamment été tournée la nouvelle série historique de France Télévisions "Fortune de France", a accueilli plus de 60.000 visiteurs en 2023.

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