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Après deux meetings de campagne, Donald Trump est retourné jeudi à son procès à New York pour paiements dissimulés en 2016 à une ancienne actrice de films X, qui a repris par un nouveau bras de fer sur ses attaques contre témoins et jurés.
Avant la reprise des débats, le juge Juan Merchan a examiné une nouvelle salve de déclarations débridées du tempétueux milliardaire républicain en dehors du prétoire, vitupérant contre l'un des témoins clés, son ancien avocat devenu ennemi juré, Michael Cohen, ou contre les jurés, qu'il a qualifiés de "démocrates à 95%" pour protester contre leur supposé manque d'impartialité.
Les procureurs ont dénoncé de nouvelles violations de l'interdiction de toute invective contre les jurés ou les témoins, ordonnée par le magistrat pour les protéger d'éventuelles pressions ou intimidations.
L'avocat de Donald Trump, Todd Blanche, a encore défendu l'urgence de protéger la liberté d'expression du candidat des républicains à la présidentielle. "Il a répondu à une question sur le procès", a-t-il plaidé, et "nous pensons vraiment qu'il s'agit d'une persécution politique, et le fait est que cette juridiction est à 90% démocrate".
"L'implication (de ces propos), c'est que le jury n'est pas équitable", s'est énervé le juge.
La question est devenue brûlante, car le magistrat a déjà condamné Donald Trump mardi pour outrage, à l'amende maximale, soit 9.000 dollars pour neuf publications sur son réseau Truth Social ou son site de campagne. Surtout, il a prévenu l'ancien président des Etats-Unis qu'il était prêt à l'incarcérer pour qu'il cesse ses attaques, la loi prévoyant jusqu'à 30 jours de prison.
Il n'a pas statué dans l'immédiat.
En arrivant à l'audience, Donald Trump, cravate couleur or et costume bleu marine, s'est félicité d'avoir pu faire campagne la veille "sans être à ce ridicule procès-spectacle", qu'il "appelle procès-Biden" pour dénoncer une implication supposée de son rival dans ses ennuis judiciaires.
- "Extorsion" -
Donald Trump risque dans cette affaire la première condamnation au pénal d'un ancien président américain et en théorie une peine de prison, un scénario qui ferait basculer la campagne présidentielle dans l'inconnu.
L'ancien président des Etats-Unis est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables qui auraient servi à dissimuler un paiement pour étouffer un potentiel scandale sexuel dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016, remportée sur le fil face à Hillary Clinton.
Une somme de 130.000 dollars avait été versée à l'ancienne star de films X, Stormy Daniels, de son vrai nom Stephanie Clifford, pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue avec lui en 2006, alors qu'il était déjà marié. Une relation que Donald Trump dément.
L'ancien avocat de l'actrice, Keith Davidson, a continué de témoigner jeudi sur les coulisses de cette transaction, menée directement avec l'ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen.
Il a détaillé les étapes qui avaient mené à la signature d'un contrat de confidentialité, le 28 octobre 2016, à quelques jours du scrutin, sous les pseudonymes de "Peggy Peterson" pour Stormy Daniels, et de "David Dennison" pour Donald Trump.
L'argent, pris dans un premier temps sur les deniers personnels de Michael Cohen, avait été versé via une société-écran. Selon l'accusation, M. Cohen avait été remboursé en 2017 par le groupe d'entreprises de Donald Trump, la Trump Organization, des dépenses enregistrées comme "frais juridiques", d'où les poursuites pour falsifications de documents comptables.
Keith Davidson a ensuite été poussé dans les cordes par l'avocat de Donald Trump, Emil Bove, qui a comparé ses activités à de l'"extorsion". L'avocat a dû concéder qu'il avait fait l'objet d'une investigation fédérale après avoir négocié la vente auprès de l'ancienne star du catch Hulk Hogan d'une "sextape".
Michael Cohen, témoin clé de l'accusation, n'a pas encore témoigné devant les jurés.
Trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, et s'être relevé de deux procédures de destitution, Donald Trump aborde la campagne en étant inculpé dans quatre affaires différentes, dont celle devant la justice fédérale à Washington pour ses tentatives présumées illégales d'inverser les résultats de la présidentielle remportée par Joe Biden en 2020.
Mais à force de recours et de questions procédurales, le procès en cours à New York, d'une ampleur moindre, pourrait être le seul jugé avant l'élection du 5 novembre.