Partager:
Négociations ou "extorsion": la défense de Donald Trump a tout fait jeudi pour discréditer l'avocat de l'ancienne star de films X Stormy Daniels, cité comme témoin, et à travers lui la transaction au coeur du procès pénal à New York de l'ancien président des Etats-Unis.
Dans cette affaire aux enjeux politiques énormes pour lui, le candidat des républicains à la présidentielle de 2024 est poursuivi pour 34 falsifications de documents comptables.
Elles auraient servi à dissimuler le paiement de 130.000 dollars à Stormy Daniels dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle de 2016, remportée sur le fil face à Hillary Clinton.
Cette somme avait servi à acheter son silence sur une relation sexuelle qu'elle affirmait avoir eue avec Donald Trump en 2006, alors qu'il était déjà marié avec son épouse Melania. Une relation que Donald Trump dément.
Depuis deux journées d'audience, l'ancien avocat de l'actrice, Keith Davidson détaille pour les jurés les dessous de cette négociation, qu'il a menée directement avec l'avocat personnel de Donald Trump à l'époque, Michael Cohen.
Mais sous les yeux de l'ancien président américain, cravate dorée et costume bleu marine, sa défense n'a pas laissé passer l'occasion de dresser un portrait peu flatteur du témoin et de ses méthodes. Car ce dernier s'était fait une spécialité de monnayer auprès de célébrités le silence sur des secrets embarrassants.
- Hulk Hogan -
Des pratiques assimilées à de "l'extorsion", pour l'un des avocats de Donald Trump, Emil Bove.
Ainsi, Keith Davidson a dû concéder qu'il avait fait l'objet d'une enquête fédérale -- qui n'a abouti à aucune poursuite -- après avoir négocié la vente auprès de l'ancienne star du catch Hulk Hogan d'une "sextape" le concernant.
"J'ai fait une demande financière" pour le compte de clients, "je n'ai fait aucune menace", s'est-il défendu.
L'avocat a aussi dû reconnaître qu'il avait confié à Michael Cohen: "S'il (Donald Trump) perd l'élection, et il va la perdre, on perd tout moyen de pression".
Finalement, un contrat de confidentialité avait été signé le 28 octobre 2016, à quelques jours du scrutin présidentiel, sous les pseudonymes de "Peggy Peterson" pour Stormy Daniels, et de "David Dennison" pour Donald Trump.
L'argent, pris dans un premier temps sur les deniers personnels de Michael Cohen avait été versé via une société-écran. Selon l'accusation, M. Cohen avait été remboursé en 2017 par la holding de Donald Trump, la Trump Organization, des dépenses enregistrées comme "frais juridiques", d'où les poursuites pour falsifications de documents comptables.
Michael Cohen, témoin clé de l'accusation, n'a pas encore témoigné devant les jurés. Dans cette affaire, il dit avoir agi à la demande de Donald Trump.
- "Démocrates à 95%" -
En pleine campagne pour retourner à la Maison Blanche, le milliardaire républicain risque dans cette affaire la première condamnation au pénal d'un ex-président américain.
Avant la reprise des débats jeudi, le juge Juan Merchan a examiné une nouvelle salve de déclarations débridées du tempétueux candidat en dehors du prétoire, vitupérant contre Michael Cohen, devenu son ennemi numéro un, ou contre les jurés, qu'il a qualifiés de "démocrates à 95%".
Les procureurs ont dénoncé de nouvelles violations de l'interdiction ordonnée par le magistrat d'invectiver jurés ou témoins.
Un autre avocat de Donald Trump, Todd Blanche, a défendu l'urgence de protéger sa liberté d'expression.
"Il a répondu à une question sur le procès", a-t-il plaidé, et "nous pensons vraiment qu'il s'agit d'une persécution politique, et le fait est que cette juridiction est à 90% démocrate".
Le sous-entendu, "c'est que le jury n'est pas équitable", s'est énervé le juge.
La question est devenue brûlante, car le magistrat a déjà condamné Donald Trump mardi pour outrage, à l'amende maximale, soit 9.000 dollars pour neuf publications sur son réseau Truth Social ou son site de campagne. Juan Merchan a aussi prévenu l'accusé qu'il était prêt à l'incarcérer pour qu'il cesse ses attaques, mais n'a pas encore statué.
Trois ans après avoir quitté la Maison Blanche dans le chaos, Donald Trump aborde la campagne en étant inculpé dans quatre affaires différentes, dont celle devant la justice fédérale à Washington pour des accusations de tentatives illégales d'inverser les résultats de la présidentielle remportée par Joe Biden en 2020.
Mais à force de recours et de questions procédurales, le procès en cours à New York, d'une ampleur moindre, pourrait être le seul jugé avant l'élection du 5 novembre.