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Le groupe d'informatique français en difficulté Atos, dont l'Etat souhaite acquérir les activités souveraines, a revu sensiblement à la hausse ses besoins de financement dans un nouveau plan d'affaires dévoilé lundi, après un début d'année décevant.
Avant la date butoir fixée à vendredi pour que ses créanciers lui soumettent des propositions de refinancement, l'entreprise a expliqué avoir dorénavant besoin de 1,1 milliard d'euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 (contre une estimation de 600 millions d'euros précédemment).
Elle a aussi dit vouloir réduire de 3,2 milliards d'euros sa dette brute, qui avoisine les 5 milliards, alors qu'elle souhaitait initialement la réduire de moitié.
Ces nouveaux paramètres ont été établis après un premier trimestre au cours duquel le chiffre d'affaires d'Atos a reculé de 11%. Jeudi dernier, après la publication de ses ventes trimestrielles, le groupe avait dit repousser d'une semaine l'échéance fixée à ses créanciers, car sa situation allait exiger davantage d'argent frais.
- Supercalculateurs et cybersécurité -
Ce besoin pourrait être en partie comblé par l'Etat, qui s'est manifesté ce week-end avec une lettre d'intention pour signifier son intérêt pour les activités souveraines de l'ex-fleuron de la French Tech, qui doit être cet été un des piliers technologiques des Jeux olympiques de Paris.
En réponse à cette lettre, Atos a pour l'heure exprimé sa "satisfaction" et souligné qu'une telle transaction "protègerait les impératifs stratégiques de souveraineté de l'État".
Les activités qui intéressent Bercy recouvrent, entre autres, des supercalculateurs, utilisés pour la dissuasion nucléaire, des contrats avec l'armée française et des produits de cybersécurité.
A la Bourse de Paris, Atos a vu le prix de son action clôturer en hausse de 19,18% à 2,27 euros, dans un marché en baisse de 0,29%. Depuis le 1er janvier, le titre a chuté de près de 68%.
Mais "il ne faut plus trop lire dans l'évolution du cours de Bourse ce que pense le marché", car "c'est devenu de la spéculation", a commenté à l'AFP, Lionel Melka, associé-gérant chez Swann Capital.
L'entreprise a perdu plus de 80% de sa valeur boursière en un an et sa valorisation s'établit à quelque 253 millions d'euros.
Pour Lionel Melka, "la vraie question, c'est désormais le prix" auquel les activités stratégiques d'Atos seront vendues.
Des actionnaires minoritaires, réunis dans l'association Union des actionnaires d'Atos constructifs (UDAAC), ont ainsi indiqué lundi rester "très vigilants" à ce que ces activités soient "cédées à des niveaux de valorisation cohérents".
- Le "brouillard" se dissipe ? -
Dimanche, en annonçant avoir envoyé une lettre d'intention à Atos, le ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, avait dit souhaiter "que l'Etat ne soit pas seul" et espérer rallier d'autres acteurs français pour cette opération.
Sans donner de noms, le ministre avait expliqué sur LCI qu'il pourrait s'agir d'entreprises tricolores opérant dans les domaines de la défense ou de l'aéronautique.
Une chose est sûre, "il y avait un énorme brouillard et, petit à petit, on commence à y voir plus clair. L'Etat est sorti du bois, on sait combien il faut mettre (dans le groupe) financièrement, donc on peut commencer à entrevoir une feuille de route", a analysé Lionel Melka.
"Maintenant, cela va être un bras de fer avec les porteurs de dette, un petit peu comme dans les dossiers Altice ou Casino", a-t-il anticipé.
Chandra Sriraman, analyste chez Stifel, a lui salué "un bon point de départ mais qui pourrait ne pas se révéler suffisant".
"Si vous vendez la partie la plus intéressante d'Atos, la probabilité de parvenir à redresser le reste du groupe est encore plus basse", a-t-il détaillé à l'AFP, pointant du doigt les problèmes de fond du groupe à savoir un chiffre d'affaires en repli et des difficultés de génération de trésorerie.
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