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"Abasourdies", "sidérées": les urgences de Vendôme sous le choc après la mise en examen de deux médecins pour abus sexuels

"Abasourdies" au lendemain de la mise en examen pour agressions sexuelles et harcèlement sexuel de deux médecins des urgences de Vendôme (Loir-et-Cher), les équipes de cet hôpital tentent d'assurer la continuité des soins en plein coeur de l'été malgré "le choc" et la "sidération".

"C'est un choc pour tout le monde, ce sont des praticiens qui sont dans le service depuis longtemps et pour lesquels on n'avait pas eu d'alerte au préalable", a expliqué à l'AFP Valérie Boismartel, directrice de l'hôpital Vendôme-Montoire.


Jeudi, deux de ses médecins, dont le chef de service, ont été "mis en cause dans plusieurs faits d'agression sexuelle et de harcèlement sexuel, certains des faits s'étalant sur plusieurs années",  selon la procureure de Blois Charlotte Beluet. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire, alors que le Parquet avait requis leur placement en détention provisoire.


Quatre plaignantes disaient avoir été victimes de ces deux médecins à la fois. Les avocats des deux praticiens ont préféré ne pas faire de commentaire dans l'immédiat.


Un troisième médecin a lui été mis en cause par une plaignante dénonçant des faits de harcèlement sexuel mais sa garde à vue a été levée pour raisons de santé.

Des membres du personnel


Dans le cadre de l'enquête, huit femmes (médecin, infirmière ou interne) ont déposé plainte contre "trois médecins, âgés de 52 à 63 ans, travaillant au sein du service des urgences, dont le chef de ce service", a relaté Mme Beluet.

Depuis l'annonce de la nouvelle, Corinne Cousin, infirmière à l'hôpital et représentante syndicale CGT, a évoqué des équipes "abasourdies". "C'est un peu la sidération, mais c'est bien que la parole puisse se libérer", a-t-elle dit à l'AFP, jointe par téléphone.
Mais aux abords de l'établissement, toutes les autres personnes interrogées ont refusé de témoigner: "il y aurait tant à raconter, mais je ne peux pas...", a regretté l'une d'elles.


La directrice de l'hôpital a effectivement décrit "une situation extrêmement lourde, et des faits graves, y compris des agressions sexuelles". "A l'heure actuelle, les personnes mises en cause sont écartées du service".


Délesté de trois de ses médecins au plein coeur de l'été, l'hôpital se retrouve dans une situation encore plus tendue en terme d'effectifs.
"La priorité, c'est de maintenir l'offre de soins. On a trois praticiens qui sont écartés du service par décision de justice et un qui est en arrêt maladie", a soufflé Valérie Boismartel. "Le but, c'est de maintenir les urgences ouvertes le plus possible".


"Grave crise"

La directrice générale de l'Agence régionale de santé du Centre-Val de Loire Clara de Bort a expliqué faire son possible pour que la "fragilité créée par la situation ait le moins de répercussions possibles".


"Face à la crise grave connue par le service de Vendôme, la solidarité départementale et régionale a été remarquable", a-t-elle salué, précisant que des établissements du territoire, en particulier celui de Blois, ont été "mobilisés".
C'est aussi l'objectif du maire de cette commune de 16.000 habitants, Laurent Brillard, qui a évoqué "l'urgence absolue de permettre au service des urgences de continuer à fonctionner", dans un message transmis à l'AFP.


A Vendôme, les investigations se poursuivent et peuvent éventuellement déboucher sur d'autres mises en examen. "Il faut que la parole se libère, c'est le plus important", a conclu Mme Boismartel, invitant d'éventuelles autres victimes à se faire entendre.

 

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