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La Russie a intensifié ses frappes sur le réseau ferroviaire ukrainien pour "paralyser" les approvisionnements militaires, notamment en matériels occidentaux, en vue d'une nouvelle offensive, a déclaré vendredi à l'AFP un haut responsable sécuritaire ukrainien.
L'infrastructure ferroviaire est particulièrement vitale en Ukraine, aussi bien pour le transport passager et le commerce que pour l'armée, car depuis le début de l'invasion russe en février 2022, tout le trafic aérien civil y est paralysé.
"Il s'agit là de mesures classiques avant une offensive" d'ampleur, attendue ces prochaines semaines, a déclaré sous couvert d'anonymat une source haut placée dans le système sécuritaire ukrainien interrogée par l'AFP sur ces attaques.
Le but "est de paralyser les livraisons, le transport des cargaisons militaires", a-t-elle ajouté.
Le réseau des chemins de fer était régulièrement visé par des bombardements russes ces deux dernières années. Des frappes ont notamment touché des gares à l'instar de celle de Kramatorsk, dans l'est, où des dizaines de personnes, essentiellement des civils tentant de fuir les combats, avaient été tuées en avril 2022.
Ces dernières semaines, une recrudescence des bombardements ciblant les infrastructures ferroviaires a été constatée.
Ces attaques sur les chemins de fer interviennent au moment où les Etats-Unis ont, après des mois de paralysie à cause de rivalités politiques internes, repris leur aide militaire à l'Ukraine.
Vendredi, le ministre américain de la Défense Lloyd Austin a annoncé un volet de 6 milliards de dollars d'aide militaire à l'Ukraine, le plus important jusqu'à maintenant, qui comprendra des systèmes de défense aérienne, des systèmes anti-drones et des munitions d'artillerie. Il s'agit du deuxième volet annoncé cette semaine, après celui d'un milliard de dollars dévoilé mercredi.
Les deux montants s'inscrivent dans le budget de 61 milliards de dollars d'assistance à Kiev voté cette semaine au Congrès américain.
- Armements occidentaux visés -
Dans la seule journée de jeudi, des frappes ont touché des infrastructures ferroviaires dans trois régions ukrainiennes.
Dans celle de Donetsk (est), divisée par la ligne de front, trois employés de la société de chemins de fer, Ukrzaliznytsia, ont été tués dans une attaque contre un site ferroviaire.
Le même jour, dix civils ont été blessés dans une frappe de missile contre la gare de Balaklia, dans la région de Kharkiv (nord-est), et des infrastructures ferroviaires ont été endommagées à Smila (centre).
Un bombardement massif contre des sites ferroviaires à Dnipro et sa région (centre-est) avait tué une employée d'Ukrzaliznytsia et en avait blessé sept autres le 19 avril. Une semaine plus tôt, la gare de Soumy (nord) avait été touchée par une frappe.
L'armée russe a quant à elle revendiqué vendredi avoir frappé un "train avec des armements occidentaux et des équipements militaires" à Oudatchné, dans la région de Donetsk, ainsi que des "troupes et équipements" militaires à Balaklia.
Si elle n'a pas donné de dates, ces affirmations semblent correspondre aux frappes évoquées la veille par les autorités ukrainiennes.
Depuis mars, la Russie a multiplié les frappes visant les infrastructures ukrainiennes, notamment sur des sites énergétiques dont elle a détruit une multitude, et plus récemment sur le réseau ferroviaire.
- Hôpitaux évacués -
Les armements occidentaux donnés à l'Ukraine, notamment des munitions pour l'artillerie et la défense aérienne, sont livrés dans le plus grand secret depuis les pays voisins, en particulier la Pologne.
Le chef du transport passager d'Ukrzaliznytsia, Oleksandr Pertsovsky a indiqué jeudi avoir constaté "une hausse des attaques sur l'infrastructure ferroviaire".
"Nous constatons que les frappes visent la logistique ferroviaire, et touchent essentiellement des sites civils", a-t-il dit.
Affaiblie par une contre-offensive infructueuse à l'été 2023 et la paralysie des mois durant de l'aide militaire américaine, les forces ukrainiennes, en manque d'hommes et de munitions, sont sous pression sur une large partie du front, notamment dans l'est.
Et la situation devrait empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", avait prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov.
Une analyse partagée par des responsables occidentaux qui pronostiquent que les trois mois à venir vont être "très difficiles" pour les forces de Kiev.
Des tirs d'artillerie russes ont fait en outre deux morts vendredi dans la région de Soumy, dans le nord de l'Ukraine à la frontière russe, selon le ministère ukrainien de l'Intérieur.
Trois autres personnes sont mortes à la suite de frappes ukrainiennes dans deux régions russes, Koursk et Briansk, ainsi que dans la région ukrainienne de Lougansk, presque entièrement occupée par la Russie, ont indiqué les autorités russes.
Enfin, la mairie de Kiev a annoncé l'évacuation de deux hôpitaux, dont l'un pédiatrique, de la capitale ukrainienne, craignant que la Russie ne les frappe, car une vidéo circulant sur les médias en ligne affirme que des militaires se trouveraient dans ces établissements.
Cela "annonce de facto une frappe", a estimé la mairie, qui insiste sur le fait que ces centres hospitaliers ne sont pas des sites militaires.