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C'est un véritable tsunami qui s'est abattu sur la côte, comme le décrivent d'ailleurs les rescapés. Le village de Paeporta, dans la banlieue sud de Valence, a été particulièrement touché. Une soixantaine d'habitants y ont trouvé la mort dans un décor d'apocalypse. Nos envoyés spéciaux se sont rendus sur place.
Il y a quelques jours encore, tout était normal à Pairporta, mais en quelques minutes, tout a basculé. Chaque rue de ce village, chaque centimètre carré, est recouvert d'une boue épaisse, au point même d'y rester bloqué.
Au cœur de ce décor d'horreur, une voix française, celle de Julien, installé sur place depuis cinq ans. "Quand on est descendus au petit matin, on a vu que le mur qui séparait l'immeuble du restaurant est tombé", raconte-t-il.
Julien se souvient de chaque image, lorsque le torrent est arrivé pour tout emporter. "Il y avait des gens qui voulaient à tout prix aller jusqu'à leur maison. J'imagine qu'ils avaient de la famille ou leurs enfants...", poursuit-il. "Pas loin, on a vu des gens se faire emporter et couler. Il y a une personne qui est restée accrochée à un lampadaire pendant quelques temps. Il a coulé. En trois minutes, la rue était complètement inondée. Ça a duré des heures."
"On a perdu beaucoup de monde"
Le niveau de l'eau était trop élevé. L'ensemble des habitations situées en rez-de-chaussée a été submergée. Certaines personnes sont ainsi bloquées dans leur appartement isolé depuis deux jours. Les moyens sont parfois archaïques: un seau et une corde pour faire monter un peu de nourriture et de l'eau. "C'est catastrophique", se désole une habitante. "On a perdu beaucoup de monde. Beaucoup de nos proches sont décédés. C'est le pire parce que pour ça, on ne peut plus rien faire. On peut s'entraider avec ce qu'on a, mais le reste ne reviendra plus..."
D'autres parviennent à sortir de chez eux. L'importance dans l'immédiat est d'aller chercher de l'eau, notamment pour les plus jeunes. "On est beaucoup de mamans dans cette situation, avec de jeunes enfants qui n'ont rien à manger, rien à boire", affirme une mère de famille. "Et surtout, on ne sait pas où cuisiner. Tous les enfants ont besoin de lait ou d'un repas." Cette dernière garde dans son téléphone le souvenir de ce moment où sa vie a basculé. "Je ne savais pas quoi faire. Ma maman était au supermarché parce qu'elle rentrait du travail. Elle n'a pas pu rentrer à la maison. .." L'ampleur des dégâts semble s'étendre à l'infini. Tout est à refaire: des centaines de carcasses s'entassent comme un cimetière de véhicules.
"On a tous besoin d'eau"
Ramon et Rafael en colère contre la Guardia Civil, les forces de sécurité espagnole. "Personne ne vient faire quoi que ce soit pour les gens. On a tous besoin d'eau pour les toilettes, se laver..."
Tous les habitants n'ont pas le même discours. Certains leur disent merci pour leur avoir sauvé la vie. "J'étais dans ma voiture quand l'eau a commencé à l'emporter. La police était en face de moi, elle m'ont secouru."
Sur place parfois, le temps semble s'être arrêté. L'alarme d'un bus résonne toujours dans le quartier depuis deux jours. A l'arrière, les plongeurs viennent de retrouver un nouveau corps sans vie, une victime de plus. Dans la localité, déjà la plus meurtrie par ces inondations, les larmes continuent de couler.