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Orban au Parlement européen, feux d'artifice en vue

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban débarque mardi au Parlement européen à Strasbourg pour un face-à-face avec les eurodéputés qui s'annonce explosif, au milieu d'une présidence hongroise de l'UE qui rompt avec tous les codes.

Une conférence de presse mardi, un discours en séance plénière le lendemain: le tempétueux dirigeant hongrois devrait saisir cette double occasion pour marteler ses désaccords avec la Commission et lancer quelques formules-chocs.

Il a donné le ton dimanche en annonçant vouloir "reprendre Bruxelles aux bureaucrates pour la rendre au peuple européen". Et en prenant soin de souligner le poids croissant de ses alliés en Europe, après les succès électoraux de l'extrême droite en Italie, aux Pays-Bas, en Autriche et en République Tchèque.

"Nous avançons sur la voie de l'unification de la droite en Europe", a-t-il assuré.

Affichant une forme de proximité avec Vladimir Poutine, Viktor Orban s'est lancé début juillet, dès le deuxième jour de la présidence hongroise, dans une "mission de paix" à Kiev, Moscou et Pékin, suscitant l'ire des dirigeants européens.

Depuis, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a ordonné aux commissaires de boycotter une série de réunions en Hongrie, se faisant représenter uniquement au niveau technique, une première dans l'histoire des institutions européennes.

"On a des ministres et des commissaires puérils qui parfois viennent et qui parfois ne viennent pas", a taclé Viktor Orban. "Ils croient se payer notre tête, mais ils ne font que se ridiculiser, l'UE ne devrait pas devenir un jardin d'enfants".

Pour Zoltan Kiszelly, directeur du groupe de réflexion pro-gouvernement Szazadveg, le Premier ministre hongrois devrait consacrer une partie de sa visite à promouvoir la compétitivité de l'UE, avec l'objectif de conclure un accord sur le sujet lors d'un sommet en novembre à Budapest.

Il s'attend également à ce que Viktor Orban saisisse l'occasion de mettre en avant ses "positions alternatives" sur une série de questions, comme la défense d'un accord de paix rapide avec la Russie sur la guerre en Ukraine, ou la remise en cause des nouvelles taxes douanières que la Commission veut imposer à la Chine.

L'immigration, autre sujet brûlant, devrait aussi être au cœur des discussions, alors que le Premier ministre hongrois ne cesse d'exprimer son refus d'accueillir des migrants et menace de les envoyer en bus jusqu'à Bruxelles.

"Le nombre de migrants en Hongrie est à zéro", a-t-il encore clamé lundi sur X.

- "Pyromane de l'idée européenne" -

Dans ce contexte, les échanges avec les eurodéputés devraient être houleux, le groupe centriste Renew prévoyant en particulier une manifestation lors de la conférence de presse du Premier ministre hongrois.

"Orban agit bel et bien comme un véritable pyromane de l'idée européenne", estime Valérie Hayer, présidente du groupe Renew, qualifiant "d'inacceptable" sa diplomatie parallèle menée sous l'étendard européen.

"Son seul objectif est de mettre feu à une Europe démocratique, libérale et tolérante", ajoute-t-elle.

Depuis son retour à la tête du pays en 2010, Viktor Orban a renforcé son emprise sur le pouvoir tout en restreignant les droits des oppositions, se heurtant à plusieurs reprises à Bruxelles sur des questions d'État de droit.

En juillet, la Commission européenne a estimé dans un rapport que la Hongrie ne respectait pas les normes démocratiques de l'UE, notamment en matière de corruption, de financement politique, de conflits d'intérêts et d'indépendance des médias.

Dernier épisode du conflit entre Budapest et Bruxelles, la Commission a annoncé jeudi saisir la justice européenne au sujet de la loi hongroise sur la "souveraineté", que des ONG considèrent comme une nouvelle offensive pour museler les contre-pouvoirs.

En septembre, l'UE a déclaré qu'elle allait réduire ses paiements en faveur de la Hongrie afin de récupérer 200 millions d'euros d'amende pour non-respect des traités en matière de droit d'asile que Budapest refuse de régler, en plus des 19 milliards d'euros de fonds européens gelés pour des atteintes à l'Etat de droit.

Etant donné les sommes en jeu, Zoltan Kiszelly estime que Viktor Orban pourrait faire preuve d'une certaine ouverture à l'égard de Bruxelles, notamment sur les questions de corruption et de démocratie.

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