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Le président pro-européen de Lituanie Gitanas Nauseda a été réélu triomphalement dimanche au second tour de la présidentielle, face à sa Première ministre et rivale Ingrida Simonyte qui a reconnu sa défaite.
Après dépouillement de 96% des bulletins, M. Nauseda, un ancien banquier de centre droit de 60 ans, recueillait 74,6% des suffrages, selon la Commission électorale, lui assurant un deuxième mandat de cinq ans à la tête du pays balte. Le taux de participation s'est élevé à 49,61%.
Le scrutin s'est tenu alors que ce pays de 2,8 millions d'habitants, membre de l'UE et de l'Otan, se sent menacé par la Russie voisine, vivement critiquée par M. Nauseda qui s'est imposé comme un fervent défenseur de l'Ukraine.
Le peuple lituanien "m'a confié un grand mandat de confiance et je suis bien conscient que je devrai chérir ce crédit de confiance", a déclaré M. Nauseda à la presse à Vilnius.
"Maintenant que j'ai cinq ans d'expérience, je pense que je serai certainement en mesure d'utiliser ce joyau correctement, avant tout pour atteindre les objectifs de bien-être pour tous les habitants de la Lituanie", a-t-il ajouté.
La Première ministre conservatrice Ingrida Simonyte, 49 ans, qui se présentait pour la deuxième fois contre M. Nauseda mais a obtenu moins d'un quart des suffrages, a reconnu sa défaite et a dit "féliciter le président élu de la Lituanie".
- Félicitations de Zelensky -
Au cours de son premier mandat, la Lituanie a accuelli des dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens depuis le début de l'invasion russe 24 février 2022.
Selon l'institut Kiel, basé en Allemagne, le pays se classe dans le trio de tête des donateurs pour ce pays déchiré par la guerre, en pourcentage du PIB.
La Lituanie craint d'être la prochaine cible de la Russie si celle-ci remporte la guerre contre l'Ukraine, et M. Nauseda est un critique virulent du Kremlin.
"La haine entretenue par la Russie menace notre ordre mondial. Elle menace chacun d'entre nous", a-t-il déclaré à l'occasion du deuxième anniversaire de l'invasion russe en février.
"Avec la réélection de Gitanas Nauseda, nous verrons une continuité dans la politique étrangère et de sécurité, domaines dans lesquels le président tentera de rester actif", a déclaré à l'AFP l'analyste politique de l'université Mykolas Romeris
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d'ailleurs été l'un des premiers à féliciter son homologue. "Vous avez été à nos côtés tous les jours et toutes les nuits au cours de ces années très difficiles", a-t-il écrit sur le réseau social X.
"J'apprécie votre soutien sincère à l'Ukraine et je suis convaincu qu'en travaillant ensemble, nous garantirons la liberté, la paix et la sécurité en Ukraine, dans les États baltes et dans toute l'Europe", a-t-il ajouté.
- Dépenses de défense en hausse -
La Lituanie, ancienne république soviétique qui déclaré son indépendance de l'Union soviétique en 1990, consacre 2,75% de son PIB à la défense et compte augmenter ce taux prochainement, ce que M. Nauseda soutient.
"L'indépendance et la liberté de la Lituanie sont comme un vaisseau fragile que nous devons chérir, protéger et empêcher de se fissurer", a déclaré la chef de l'État à la presse dimanche soir.
En Lituanie, le président dirige la politique de défense et la politique étrangère et assiste aux sommets de l'UE et de l'Otan. Mais il doit consulter le gouvernement et le parlement pour nommer les plus hauts responsables.
Pour Rafal, 40 ans, sculpteur, M. Nauseda est un gage de sécurité et de stabilité.
"J'ai un petit enfant (...), alors je veux que la Lituanie se développe et soit un pays où il fait bon vivre", explique Rafal, 40 ans, sculpteur, qui a voté pour M. Nauseda.
Les critiques de Gitanas Nauseda lui reprochent cependant d'avoir gagné en popularité en s'en tenant au juste milieu et en évitant les débats sur les questions politiques controversées.
Contrairement à sa rivale Ingrida Simonyte -de droite sur le plan économique et libérale sur le plan social-, il a des opinions conservatrices sur les droits des homosexuels, et s'est prononcé par le passé contre l'adoption d'enfants par des couples de même sexe.
En 2023, les médias locaux ont révélé qu'il avait appartenu au Parti communiste lors des dernières années avant l'indépendance, entre 1988 et 1990. Il a qualifié cet épisode d'"erreur de jeunesse".