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À la veille du deuxième tour de ces législatives, une de nos équipes s’est rendue en France pour rencontrer ses habitants. Objectif : connaître leur état d’esprit avant ces élections qualifiées d’historiques. Un événement politique qui pourrait aussi impacter les Jeux Olympiques qui débuteront à Paris dans moins d’un mois.
Elle affiche fièrement les anneaux olympiques aux cinq couleurs : à moins de trois semaines des Jeux, la tour Eiffel séduit toujours les touristes. Sur les chantiers, des dizaines d’ouvriers s’affairent pour que tout soit fin prêt pour le début de l’événement. Même l’état sanitaire de la Seine semble s’améliorer.
Premier constat : pour certains Français, l’heure n’est pas à la fête olympique. En cause : les élections. "Avec tout ce qui se passe actuellement, cela nous pose question. Nous sommes un peu inquiets pour l'avenir", témoigne une maman.
Sur le quai qui nous mène à la cathédrale Notre-Dame, nous croisons de nombreux touristes. Mais notre perception semble ne pas être la bonne. Pour vérifier cette impression, nous nous rendons dans le quartier Latin, tout proche de la cathédrale. Nous y rencontrons Monia, gérante d’un hôtel de 42 chambres et d’un restaurant.
Il est 12h30, et en terrasse, à peine deux tables sont occupées. "En ce qui concerne l'hôtellerie, nous sommes à 20 % de remplissage pour les JO. Nous sommes assez tristes de tout cela", constate la gérante.
Si les conséquences des Jeux comme les embouteillages et la hausse des prix font fuir une partie des touristes, une possible arrivée de l’extrême droite au pouvoir inquiète de nombreux commerçants. Ils craignent des manifestations d’opposition. Joao, propriétaire d'un restaurant, explique : "La jeunesse s'enflamme assez rapidement. Les extrêmes sont assez violents".
Nous décidons de quitter Paris. Au premier tour, la capitale et ses banlieues ont bien résisté face à la marée de l’extrême droite. Nous prenons la direction du nord, vers Beauvais, où le paysage politique est bien différent. Ici, le parti de Jordan Bardella remporte plus de 44 % des voix, loin devant le nouveau Front populaire.
Assis autour d’une table d’un café, des jeunes nous interpellent et nous parlent ouvertement du succès de l’extrême droite. "Moi, ça ne me fait pas peur. Je pense qu'il faut savoir différencier l'extrême droite d'avant et celle d'aujourd'hui", "Je me dis qu'essayer pour avoir des changements, c'est pas mal. Je peux comprendre l'idée des gens", racontent-ils.
Le second tour approche et la campagne prend une nouvelle dimension. Nous rejoignons Amiens, ville d’origine d’Emmanuel Macron. Dans la Somme, une circonscription sur 5 a résisté à l’extrême droite.
Sur les panneaux électoraux, les visages déchirés des candidats de la majorité présidentielle et du nouveau Front populaire. Chose particulière, il n'y a pas d’affiches du RN, comme s’il ne fallait plus convaincre les électeurs. "Je voterai pour Monsieur Bardella. Parce qu'on a eu la gauche, la droite, on peut essayer", raconte une habitante.
Liberté, égalité, fraternité, la devise officielle de la France se fragilise et cela inquiète. "On s'interroge pour savoir quelle sera la suite. (...) Je suis partagé entre l'inquiétude et le questionnement", témoigne un adolescent.
Sur un terrain de hockey et dans leurs têtes, des enfants disputent leurs Jeux olympiques. Loin de cette période d’incertitude politique que s’apprête à vivre leur pays.