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Une provocation hongroise à l'encontre de l'Union européenne, datant de la semaine dernière mais passée relativement inaperçue jusqu'ici, a entrainé lundi les réactions outrées de plusieurs politiques, dont la secrétaire d'Etat sortante à l'Asile et la Migration Nicole de Moor (CD&V).
Budapest, régulièrement en conflit avec les institutions européennes sur le thème de la migration, dit vouloir offrir aux "migrants illégaux" un aller gratuit en bus vers Bruxelles, capitale européenne. Cette menace "témoigne d'un manque de respect pour les institutions européennes et les politiques communes", communique lundi en réaction le cabinet de Nicole de Moor.
"Le report unilatéral de la responsabilité par des menaces de ce type sape la solidarité et la coopération au sein de l'Union", ajoute la secrétaire d'Etat, qui souhaite exprimer sa "vive désapprobation" des déclarations hongroises. Nicole de Moor indique avoir demandé au représentant de la Belgique auprès de l'UE de s'entretenir à ce sujet avec son homologue hongrois. Elle souhaite également que la Commission réagisse "avec fermeté et détermination".
Le secrétaire d'État hongrois Bence Rétvári a tenu la semaine dernière une conférence de presse à Budapest, relayée par Euronews, où on le voit poser devant une rangée de bus de la compagnie publique Volánbusz, affichant Bruxelles pour destination. Selon la rhétorique du gouvernement de Viktor Orban, ouvertement anti-immigration, l'UE veut "forcer" le pays à accepter des migrants "illégaux". "Si Bruxelles veut des migrants illégaux, elle peut les avoir", lance donc le secrétaire d'État, promettant que le gouvernement est tout à fait sérieux dans son intention d'offrir à des migrants un aller gratuit en bus vers la capitale belge. La même menace avait été exprimée en août, en réaction à une condamnation de la Cour de Justice de l'UE datant de juin, imposant à Budapest une lourde amende pour des violations répétées des règles européennes en matière d'asile.
Une bravade "néfaste et contre-productive" selon le cabinet de Moor, qui "ne contribue pas à trouver des solutions constructives aux problèmes complexes de migration auxquels nous sommes confrontés en tant qu'Union européenne".
Le bourgmestre de la Ville De Bruxelles Philippe Close (PS) a fait part lundi de son opposition à toute tentative hongroise d'envoyer à Bruxelles des migrants dont Budapest ne veut pas, une menace réitérée la semaine dernière par un vice-ministre hongrois.
Ils ne rentreront pas à Bruxelles
"Nous bloquerons ces bus. Ils ne rentreront pas à Bruxelles", a réagi Philippe Close via l'agence Belga, demandant au Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) et à la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) de faire en sorte, si la provocation hongroise était suivie d'effets, que ces véhicules soient bloqués à la frontière.
"Outre le fait que l'on ne peut jouer avec le sort de ces personnes - Bruxelles n'est pas la dernière ville européenne à accueillir des migrants -, la Hongrie doit cesser de croire que l'Union Européenne est juste un Bancontact", a-t-il ajouté.
Il s'en est pris au passage au président du MR, Georges-Louis Bouchez, auteur selon lui de "propos irréfléchis", "donnant raison à la Hongrie".
Sur X, M. Bouchez avait jugé "indignes" les propos du bourgmestre de la Ville de Bruxelles en ces termes: "Ce n'est pas vous qui voulez accueillir tous les migrants dans votre grande générosité? La Hongrie a raison de montrer à cette gauche bien pensante les effets réels de sa politique. Vous refusez les renvois des sans papier, le recours à frontex et le push back (refoulement de migrants, une pratique illégale selon le droit international, NDLR) … Et vous vous plaignez après? Quelle indignité".