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"A mon arrivée (en 2019, à l'âge de 21 ans), cela semblait un peu écrasant comme responsabilité, un peu fou".
Plus jeune députée de l'histoire du Parlement européen, la Danoise Kira Peter-Hansen, veut poursuivre et brigue un second mandat lors des élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, cette fois-ci comme tête de liste de son parti écologiste, le Green Left.
Ses cinq premières années au Parlement furent un mélange de découvertes - avec des avancées législatives bien réelles, en particulier sur le climat, insiste-t-elle - mais aussi de frustrations, parmi lesquelles la navette incessante entre deux villes: Bruxelles et Strasbourg.
Encore étudiante lorsqu'elle a été élue à 21 ans et trois mois, elle a dû s'imposer: "certains responsables de sécurité pensaient que j'étais une stagiaire et voulaient que je passe par une autre entrée", raconte-t-elle, amusée.
Peu à peu, celle qui siège au sein du groupe des Verts a trouvé sa place, appris à naviguer entre les différentes cultures parlementaires, "très différentes" de la France, de l'Allemagne ou du Danemark. Et à s'imposer dans les débats, malgré son âge.
"Bien sûr, l'expérience est toujours un atout (...) Mais je pense que vous pouvez être une bonne eurodéputée sans avoir 40 ans d'expérience de vie...".
Dans la mandature actuelle, 13 eurodéputés ont entre 21 et 30 ans, 27 ont plus de 70 ans. La tranche d'âge la plus représentée est celle des 51-60 ans (224 eurodéputés).
Ces cinq premières années dans un parlement de 705 membres issus de 27 pays ont-elles été difficiles?
"Au total, l'expérience a été positive. Je suis persuadée que nous faisons de bonnes lois (...) nous les construisons de façon très complète pour nous assurer qu'elles seront concrètement applicables", explique-t-elle.
Mais, reconnait-elle aussi, la bureaucratie de la machine européenne peut être déconcertante.
"Je me souviens que, pendant le Covid, nous ne pouvions mener des négociations car nous n'avions pas assez de pièces qui disposaient de places suffisantes pour les interprètes".
"Voir des négociations interrompues pour des questions logistiques, c'était très frustrant parce que cela prend déjà suffisamment longtemps pour faire aboutir une législation européenne...".
- L'avenir du "Pacte vert" en question -
Autre source de contrariété pour la jeune élue: la cohabitation de deux capitales européennes - Strasbourg et Bruxelles.
Ville frontalière de l'Allemagne et symbole de la réconciliation d'après-guerre, Strasbourg est - comme cela est stipulé dans les traités - le siège de plusieurs institutions européennes, dont le Parlement.
A intervalles réguliers, le débat - forcément passionné - sur l'opportunité d'un siège unique du Parlement refait surface.
"Personnellement, je pense que l'on devrait mettre un terme à ces trajets entre Bruxelles et Strasbourg", explique Kira Peter-Hansen.
"Je sais que pour les Français c'est important et qu'il y a aussi une forte dimension historique, mais il faudrait trouver un moyen de travailler sur la durée au même endroit parce que faire les allers et retours tous les mois cela représente beaucoup d'émissions (de gaz à effet de serre), beaucoup de logistique et beaucoup d'argent".
Son inquiétude centrale à l'approche des élections de début juin, qui pourraient se traduire par une montée en puissance des droites nationalistes et eurosceptiques? Le devenir du "Pacte Vert".
Projet initialement fédérateur, "nouvelle stratégie de croissance" des 27 selon les termes de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en 2019, le "Green Deal" est devenu depuis quelques mois un épouvantail politique. Ses plus farouches détracteurs - qui donnent de la voix - dénoncent un symbole de toutes les dérives de l'Europe.
"Je pense que l'enjeu de cette élection est le suivant: voulez-vous continuer le Pacte vert, le mettre sur pause ou revenir complètement dessus?", résume la jeune élue danoise, résolument en faveur de la première option.
"A ce stade, il semble qu'il sera très difficile de trouver une majorité pour poursuivre la transition verte".