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La rigueur avant tout: soucieuse de donner des gages à Bruxelles, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a promis un budget 2025 "sérieux et équilibré" qui s'annonce très serré, sans pour autant renoncer à toutes les promesses électorales.
"La saison de l'argent jeté par les fenêtres et des bonus fiscaux est terminée et ne reviendra pas tant que nous serons au gouvernement!", avait assuré début septembre la cheffe du parti post-fasciste Fratelli d'Italia, qui a pris ses fonctions en octobre 2022.
Elle faisait ainsi référence au lourd héritage du "Superbonus", un dispositif de primes vertes pour la construction lancée en 2020 par le gouvernement de Giuseppe Conte qui a fait exploser les déficits.
Le gouvernement Meloni s'est engagé mardi formellement à ramener le déficit public dès 2026 en dessous du plafond de 3% du PIB maintenu par le nouveau Pacte de stabilité, cherchant ainsi à rassurer Bruxelles et les marchés.
Cet objectif ambitieux figure dans le plan de redressement des comptes publics sur sept ans examiné lors d'un conseil des ministres et que l'Italie doit adresser prochainement à la Commission européenne.
Visée par une procédure européenne pour déficit excessif, comme six autres États membres, dont la France, l'Italie devra expliquer dans ce plan la manière dont elle compte revenir dans les clous.
Lanterne rouge de l'Union européenne en 2023 avec un déficit de 7,4% du PIB, l'Italie s'était engagée en avril à le réduire à 4,3% cette année.
Pour freiner les dépenses, Rome envisage de faire le ménage dans certains abattements fiscaux, durcir les règles en vigueur pour les départs à la retraite anticipée ou encore presser les ministères de se serrer la ceinture.
Le gouvernement a reçu un coup de pouce grâce à des recettes fiscales en hausse de 6,2% sur les sept premiers mois de l'année, soit un pactole de 19,2 milliards d'euros.
- Fin du "LSD" -
Rome compte en outre lever 20 milliards d'euros d'ici 2026 grâce à une vague de privatisations, en cédant notamment des parts dans la banque Monte dei Paschi di Siena ou le géant des hydrocarbures Eni.
Le conseil des ministres a donné son feu vert définitif à une cession de parts de Poste italiane ne dépassant pas 50% de son capital.
Cependant, ramener à 60% du PIB sa dette publique, autre critère européen, relève de la gageure vu son ampleur en 2023 (137,3%), soit le ratio le plus élevé de l'UE derrière la Grèce.
Giorgia Meloni mise sur l'indulgence de Bruxelles, malgré le refus de son parti d'entériner la réélection de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
"Le modèle LSD — laxisme, subventions et endettement — est terminé", avait tranché dès juin son ministre des Finances Giancarlo Giorgetti.
Considéré comme l'un des représentants les plus pro-européens de la Ligue de Matteo Salvini (extrême droite), il doit tenir tête à son chef de parti et vice-président du Conseil, qui le presse de mettre en œuvre des promesses électorales coûteuses.
Parmi elles figurent l'enterrement de la loi Fornero de 2011 fixant l'âge de départ à la retraite à 67 ans et l'impôt forfaitaire de 15% accordé aux auto-entrepreneurs disposant de revenus annuels jusqu'à 85.000 euros, seuil que M. Salvini voudrait relever à 100.000.
- "Mère chrétienne" -
L'autre vice-président du Conseil Antonio Tajani, le chef de Forza Italia (conservateur), milite lui pour le relèvement de la pension minimum et contre une hypothétique réédition de la taxe sur les superprofits des banques ou assurances.
"Il y a peu d'argent" et "il ne peut être gaspillé", a prévenu Mme Meloni: les priorités sont "la baisse des impôts, le soutien aux jeunes, familles et à la natalité, et les mesures en faveur des entreprises qui embauchent".
Celle qui se vante d'être une "mère chrétienne" compte cibler davantage les familles. Elle prône ainsi la reconduction de l'exonération des cotisations sociales pour les mères d'au moins deux enfants et des abattements fiscaux accrus pour les familles.
Giorgia Meloni compte en outre reconduire une baisse des charges sociales pour les salaires annuels jusqu'à 35.000 euros, pour un coût de 10,8 milliards d'euros.
Autre mesure d'envergure à prolonger, la fusion des deux premières tranches d'impôt pour faire bénéficier les revenus annuels jusqu'à 28.000 euros d'un taux allégé de 23% au lieu de 25%.