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Branle-bas de combat gouvernemental. Pressé par Emmanuel Macron d'intensifier la campagne des européennes, Gabriel Attal a sonné mardi la mobilisation du camp présidentiel pour tenter d'enrayer la baisse dans les sondages de la tête de liste Valérie Hayer.
A quarante jours du scrutin, une bonne partie du gouvernement --Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Catherine Vautrin, Aurore Bergé...-- et des chefs de la majorité --Edouard Philippe, François Bayrou-- s'étaient donné rendez-vous mardi soir au siège de Renaissance pour le premier "comité politique" de la campagne, autour de Gabriel Attal et de Valérie Hayer.
"Pas de jour férié quand on est en campagne", a prévenu le Premier ministre, commandant aux troupes de se "démultiplier là où c'est utile". Les ministres sont priés de faire chacun le 9 mai (férié) un déplacement en rapport avec leur périmètre "pour valoriser le bilan européen". Avec quatre thèmes majeurs à décliner: agriculture, environnement, réindustrialisation et défense.
Changement de braquet ? Le locataire de Matignon est également désormais disposé à débattre avec le président du RN Jordan Bardella, après avoir expliqué, peu après son arrivée à Matignon, qu'il n'entendait se confronter qu'à Marine Le Pen.
Car s'il a participé au meeting de lancement le 9 mars à Lille puis à une opération de porte-à-porte dans les Hauts-de-Seine avec la tête de liste Valérie Hayer, Gabriel Attal veut avant tout se consacrer à sa tâche de chef du gouvernement. "Un jeu d'équilibriste" entre "sa mission de Premier ministre" et "son rôle de chef de la majorité engagé dans la campagne", fait valoir son entourage.
- "+J'ai piscine+" -
"Il y a très peu de Français qui se lèvent le matin en considérant que la majeure partie du temps du Premier ministre, ça doit être de faire campagne", entendait-on récemment à Matignon, où l'on mettait également en avant le besoin de Valérie Hayer de gagner en notoriété mais aussi le discours sur l'Europe d'Emmanuel Macron à la Sorbonne, censé lancer la campagne.
Mais la prise de parole présidentielle n'a pas eu les retombées escomptées. Les sondages confirment un écart avec Jordan Bardella quasiment rédhibitoire ainsi qu'un dangereux rapprochement de la liste PS-Place Publique conduite par Raphaël Glucksmann.
Et après les membres du gouvernement dans leur ensemble, régulièrement sommés de s'impliquer, c'est au tour du premier d'entre eux d'encourir les reproches présidentiels.
Le débat avec Jordan Bardella, "c'est le président qui lui a demandé de le faire", glisse un proche d'Emmanuel Macron. Qui ajoute: "on ne peut pas dire +j'ai piscine+. Tout le monde doit y aller. C'est le moment d'y aller".
"Attal, on nous l'avait présenté comme l'arme anti-Bardella. Dont acte: on baisse dans les sondages, il est temps de s'y mettre", s'impatiente un député, inquiet de la stratégie de campagne.
Un autre député Renaissance confirme les "reproches" élyséens contre le Premier ministre. Dont la stratégie d'évitement, selon cette source, ne viserait pas tant à ne pas être associé à une défaite aux européennes qu'à "utiliser Matignon pour prendre date" pour la suite de sa carrière politique.
"Il ne peut pas faire des réunions publiques tous les soirs. Il s'agit de l'implication normale et classique d'un Premier ministre, d'abord au trot puis au galop dans la dernière ligne droite", modère le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.
- "Concentrés" -
Entre les urgences --crise agricole-- et les dossiers de fond --violence des jeunes-- dont il s'est personnellement emparé, le Premier ministre poursuit ses déplacements, notamment sur les marchés. Après la foire aux bulots de Pirou dans la Manche samedi, il se rendra mercredi, pour le 1er mai, à Beaugency dans le Loiret.
Difficile de concilier agenda gouvernemental et campagne européenne, sur fond d'économies drastiques à trouver et d'absence de majorité absolue à l'Assemblée.
"On nous demande de nous investir mais il y a une forme de cacophonie gouvernementale qui nous met en difficulté", juge un député Renaissance. Sans oublier les économies budgétaires, un débat mis sous le boisseau par Emmanuel Macron jusqu'au scrutin du 9 juin.
Les premiers noms de la liste doivent être dévoilés vendredi, et le programme de la majorité, lundi, à la veille du meeting organisé mardi 7 mai à la Mutualité.
"Les oppositions veulent soit refaire le match de 2022, soit anticiper celui de 2027. Nous on est concentrés sur le 9 juin 2024", a martelé, lors de cette réunion mardi soir, Valérie Hayer, qui débattra avec Jordan Bardella jeudi sur BFMTV.