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Des gros billets dans une valise… Pour l'eurodéputée belge Frédérique Ries, on est dans un mauvais film. "Une colère énorme. On est en train de vivre des événements quasiment sans précédent, d'une gravité inouïe. Si on voyait ça au cinéma, on penserait à un film, ses collègues qui sont pris la main - au sens propre - dans des sacs de billets, c'est insupportable", dénonce l'eurodéputée.
Frédérique Ries a été invitée 3 fois en un mois par l’ambassade du Qatar pour parler des droits des travailleurs. "J'ai eu - comme beaucoup de collègues ici je pense - une demande très répétée, très intrusive de rencontre notamment avec l'Ambassadeur", explique-t-elle. Des invitations que l’eurodéputée a déclinées…
Le Qatar est connu pour ses cadeaux somptueux : cela fait partie de sa diplomatie. "Le Qatar a souvent utilisé cette diplomatie de la Rollex, dont je parle dans mon dernier livre, parce que c'est presque une tradition bédouine d'offrir des cadeaux, c'est l'hospitalité. D'ailleurs, quand vous allez au Qatar, quand vous êtes invités, vous êtes un hôte prestigieux. Et quand vous êtes super prestigieux, ça peut être des Premiers ministres, ou des gens importants, vous pouvez recevoir une montre qui peut avoisiner les 60.000 euros, même 80.000 euros", détaille Christian Chesnot, journaliste et auteur.
Mais il s’agit ici de corruption pure et simple. Y a-t-il une surveillance de ce lobbying intense exercé les pays tiers auprès des eurodéputés ? "En principe, tous les cadeaux qui dépassent les 150 euros doivent être déposés dans des archives du Parlement. Donc les Députés ne sont pas censés les garder", souligne Han Van Scharen, chercheur au sein de "Corporate Europe Observatory"
Les voyages offerts ne sont pas du tout contrôlés…Ce n’est pas la première fois que des députés européens sont éclaboussés par une affaire de corruption. "Il y avait le scandale sur l'Azerbaïdjan, par exemple, il y a à peu près 10 ans. C'était un peu la même chose : des lobbyings pour blanchir le régime de l'Azerbaïdjan qui avait quand même des soucis de droits de l'Homme", poursuit Han Van Scharen.
Plusieurs eurodéputés réclament la création d’un comité d’éthique indépendant qui superviserait toutes les institutions de l’Union européenne.