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Athènes menacée par des violents incendies: "Nous avons l’odeur de brûlé", dit un Belge qui vit dans la capitale grecque

La Grèce continue mardi pour le troisième jour consécutif à lutter contre l'incendie dans la banlieue nord-est d'Athènes, qui a fait un mort, forcé des milliers de personnes à quitter leur domicile tout en polluant l'air de la capitale.
 

Des incendies massifs continuent de se propager lundi dans les banlieues nord-est d'Athènes malgré le déploiement de centaines de pompiers, forçant des milliers d'habitants à fuir leurs logements et contraignant la Grèce à appeler l'UE à l'aide.

"C’est une catastrophe. Chaque année, à la même période, on a toujours la crainte de ces incendies. (…) On vient de vivre une vague de chaleur. Il y a beaucoup de vent aussi. L’incendie a commencé avant-hier. Jusqu’à hier, c’était incontrôlable", raconte un Belge qui vit dans le centre d'Athènes. "Nous n’avons pas encore eu de fumées, mais nous avons l’odeur de brûlé. Le vent nous a apporté l’odeur.  Le feu est arrivé presque aux portes de la ville, au nord. Quelques habitations ont été brûlées, en grande partie à Marathon. On n’a pas peur, la vie continue. Mais on est simplement triste de cette situation. Nous sommes inquiets car les poumons d’Athènes s’en vont."

Un autre Belge qui vit en Grèce a témoigné ce mardi: "Aujourd’hui, le vent a changé de direction. Cela va un peu mieux. L’air est respirable, mais hier, lundi, c’était une catastrophe. La population est invitée à faire très attention. Je vis à Vyronas, à 10 km de la ville de Marathon, où se situe le gros problème. Dans le centre d’Athènes il n’y a pas de problème, mais la capitale est encerclée par les flammes. Une situation comme celle-là, je ne l’ai jamais vue en l’espace de 3 ans. Hier, le vent a amené des cendres, je n’étais pas à mon aise. Il fallait sortir avec des masques. Il y avait une odeur nauséabonde, une odeur de bois brûlé."

 

Des scènes inédites 

Scènes inédites dans la capitale, des habitants portant des masques pour se protéger des fumées suffocantes aspergeaient leurs habitations d'eau, dans l'espoir de les rendre moins vulnérables aux flammes qui ont gagné les banlieues boisées de Nea Penteli et Vrilissia.

Dans ces deux communes, des images à la télévision ont montré les flammes ravager des voitures et les toits de bâtiments, survolés par des hélicoptères larguant de l'eau pour tenter de contrer l'incendie.

"C'est la première fois que le feu arrive jusqu'ici", déclare Melina Kritseli, 40 ans, fonctionnaire vivant dans une maison blanche de deux étages à Patima Halandriou, une autre banlieue d'Athènes qui a été évacuée.

"J'ai emmené mes enfants chez un ami pour être en sécurité", a-t-elle dit à l'AFP alors que son mari arrosait le sol et la pelouse autour de leur maison. 

"La situation est dramatique", a déclaré la maire de Penteli, Natassa Kosmopoulou, au site d'information newsit.gr. "Une école et des habitations sont en flammes et je vois le feu s'approcher de la mairie".

L'incendie, dont les fumées recouvrent une partie de la capitale, s'est déclenché dimanche après-midi à Varnavas, à 35 km au nord-est d'Athènes, et sa propagation rapide a contraint le pays à lancer un appel à l'aide.

"Le mécanisme de la protection civile de l'UE a été activé sur demande des autorités grecques", a déclaré lundi un porte-parole de l'Union européenne, Balazs Ujvari, dans un communiqué, en précisant que l'Italie, la France, la République tchèque et la Roumanie envoyaient des renforts.

"Nous sommes aux côtés de la Grèce qui lutte contre des incendies dévastateurs", a écrit sur X la Commissaire européenne Ursula von der Leyen.

Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué que la France envoyait 180 pompiers, 55 camions et un hélicoptère. L'aide de l'Espagne et de la Turquie est également en cours de "finalisation", a déclaré le ministère grec de la Protection civile.

Le feu a déjà contraint les autorités à ordonner lundi l'évacuation de nouvelles localités de la banlieue nord-est d'Athènes, après celle de la ville de Marathon la veille qui compte plus de 7.000 habitants.  

Dans la matinée, cinq communes ont été évacuées, de même que deux hôpitaux, l'un pédiatrique et l'autre militaire. Simos Roussos, le maire de Chalandri, une des plus grandes banlieues d'Athènes avec plus de 70.000 habitants, a aussi demandé aux habitants des quartiers proches de l'incendie de quitter leur logement. 

"En raison de la direction du vent, nous avons décidé une évacuation préventive (...) Le feu est très proche", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision ERT. 

"Les forces de la protection civile ont livré bataille toute la nuit et malgré des efforts surhumains, l'incendie continue de se propager très vite et se dirige vers Penteli", a expliqué Vassilis Vathrakogiannis, porte-parole des pompiers.

 

"Catastrophe biblique" 

Les autorités grecques ont ouvert le stade olympique OAKA, dans le nord d'Athènes, pour accueillir les milliers de déplacés. Un pompier a été grièvement blessé et un autre hospitalisé pour des problèmes respiratoires, selon le porte-parole des pompiers.

Ce feu ravive les souvenirs de la catastrophe de l'incendie de Mati, la zone côtière proche de Marathon où 104 personnes sont mortes en juillet 2018 dans une tragédie imputée aux retards et aux erreurs d'évacuation.

"Nous faisons face à une catastrophe biblique. Toute notre municipalité est en proie aux flammes", a déclaré à la chaîne de télévision Skai le maire de Marathon, Stergios Tsirkas.

D'après ERT, le front de l'incendie s'étend désormais sur plus de trente kilomètres. 

Un total de 670 pompiers et 183 véhicules ont été déployés, et 32 avions survolent la zone, a précisé le ministre de la Protection civile Vassilis Kikilias. 

"Nous travaillons tous 24 heures sur 24", a déclaré à l'AFP Marinos Peristeropoulos, un pompier déployé à Grammatiko, l'un des fonts de l'incendie les plus difficiles. "Le feu s'est propagé très rapidement à cause du vent fort".

Dans la capitale grecque, l'Union des pneumologues a averti qu'il fallait éviter de faire de l'exercice en extérieur, et que les femmes enceintes et les personnes fragiles devaient limiter leurs déplacements en extérieur. Les incendies ont conduit le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis à interrompre ses vacances.

 

Oliviers brûlés 

Les conditions météorologiques extrêmes s'annoncent difficiles pour toute la semaine. 

La Grèce est particulièrement vulnérable aux incendies de forêt après un hiver très sec. Les mois de juin et de juillet ont été les plus chauds depuis le début de la collecte des statistiques en 1960.

Les scientifiques avertissent que les émissions de combustibles fossiles aggravent la durée, la fréquence et l'intensité des vagues de chaleur dans le monde entier.

D'autres régions d'Europe sont également aux prises avec des températures élevées : certaines régions françaises ont dépassé les 40°C dimanche. À Rome, les températures devraient atteindre 38 °C lundi et rester autour de 36 °C cette semaine.
 

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