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L'inflation britannique a ralenti à 2% sur un an en mai, pour la première fois depuis près de trois ans, retrouvant l'objectif de la Banque d'Angleterre et apportant une bonne nouvelle au gouvernement conservateur en campagne en vue des élections législatives.
En avril, la hausse des prix atteignait 2,3%, a précisé l'Office national des statistiques (ONS) dans son rapport mensuel sur l'inflation publié mercredi.
L'inflation avait grimpé jusqu'à plus de 11% fin 2022, générant une forte crise du pouvoir d'achat au Royaume-Uni.
Le ralentissement des prix de l'alimentation est le principal facteur d'apaisement de l'inflation en mai, mais cet effet a été en partie neutralisé par une accélération des prix des carburants.
Après avoir été longtemps une épine dans le pied du gouvernement conservateur de Rishi Sunak, l'inflation est désormais l'un de ses arguments de campagne, Downing Street s'attribuant largement le reflux des prix.
"Superbe nouvelle ce matin, l'inflation est de nouveau normale à 2%. C'est plus bas qu'en Allemagne, France et aux Etats-Unis", s'est ainsi félicité le Premier ministre sur X.
Longtemps la plus élevée des pays du G7, l'inflation britannique est désormais inférieure à celle des Etats-Unis notamment, ressortie à 3,3% en mai, tandis que celle de la France s'est portée à 2,3%.
"Quand je suis devenu Premier ministre l'inflation était à 11% mais nous avons pris des mesures audacieuses", a ajouté M. Sunak, alors que son parti affiche un retard conséquent sur l'opposition travailliste pour les législatives du 4 juillet.
Deux hommes d'affaires de premier plan au Royaume-Uni, Jim Ratcliffe, copropriétaire du club de football Manchester United et fondateur du groupe Ineos (présent surtout dans la pétrochimie), ardent partisan du Brexit, ainsi que John Caudwell, fondateur de Phones4U et ancien gros donateur du parti conservateur, ont tous deux pris position récemment en faveur du chef du parti travailliste, Keir Starmer.
- Crise terminée ? -
"Je sais que nous avons eu des chocs d'inflation sur les factures des gens, mais nous avons mené notre plan (...) ce qui n'a pas toujours été facile. L'inflation est de retour à l'objectif et ça veut dire que les gens vont commencer à en sentir le bénéfice", a argumenté Rishi Sunak sur la chaîne LBC.
Rachel Reeves, la responsable travailliste pour les questions économiques, qui deviendrait ministre des Finances en cas de victoire du Labour, a dit mercredi "accueillir favorablement, bien sûr, le fait que l'inflation ait retrouvé (la) cible" de l'autorité monétaire.
"Mais contrairement aux ministres conservateurs, je ne vais pas clamer que tout va bien, que la crise du coût de la vie est terminée", a-t-elle relevé.
Le chiffre de l'inflation en mai, publié à la veille d'une décision de la banque centrale britannique, pourrait convaincre cette dernière de baisser son taux directeur, actuellement à 5,25%.
Pour freiner la hausse des prix, la Banque d'Angleterre avait auparavant procédé à 14 hausses de son taux directeur à partir de décembre 2021, avant d'entamer une pause.
Beaucoup d'analystes pensent toutefois que l'institution n'engagera pas de cycle de desserrement monétaire avant les législatives.
"L'inflation retrouve la cible" de la Banque d'Angleterre mais celle-ci "ne devrait pas commencer le coup d'envoi de la baisse des taux demain" (jeudi), estime ainsi Yael Selfin, économiste chez KPMG UK.
"L'inflation des services ne ralentit que modestement ce qui rend notre prévision que la Banque baissera ses taux pour la première fois en août un peu plus fragile", remarque pour sa part la maison de recherche Capital Economics.
Vers 15H20 mercredi, la livre était quasi stable face au dollar, prenant 0,09% à 1,2721 dollar pour une livre, alors que certains cambistes repoussent leurs attentes de baisse de taux.
Un taux plus élevé plus longtemps rend une monnaie plus rémunératrice.