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Après la fin du feuilleton des désistements, le Nouveau Front populaire et la majorité sortante s'efforcent de convaincre leurs électeurs d'appliquer le "front républicain" dans les urnes dimanche pour empêcher une majorité absolue RN et envisager ensuite une coalition qui est encore loin de faire consensus.
A la clôture des candidatures mardi, la gauche avait retiré plus de 130 candidats et le camp présidentiel plus de 80 dans les circonscriptions où le RN a une chance sérieuse de l'emporter.
Cette démarche a fait chuter le nombre de triangulaires: environ une centaine, contre 311 possibles à la sortie des urnes dimanche dernier.
La proportion d'électeurs suivant ces consignes de désistement, de moins en moins forte à chaque élection, sera donc l'élément-clé du second tour.
"Cela ne fait pas plaisir évidemment à beaucoup de Français de devoir faire barrage au Rassemblement national en utilisant un autre bulletin qu'ils n'auraient pas voulu (...) Je considère que c'est notre responsabilité que de le faire", a plaidé sur France inter Gabriel Attal. "Il y a un bloc en situation d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, c'est l'extrême droite. Ni LFI, ni le Nouveau Front populaire, ni nos candidats ne sont en capacité de former seuls une majorité absolue".
L'ex-Premier ministre Edouard Philippe a indiqué qu'il voterait "pour un candidat communiste". "Je préfère un élu avec qui je travaille dans l'intérêt du Havre, même avec des différences, et qui me paraît relever d’une exigence démocratique que je partage", a-t-il expliqué.
"Edouard Philippe appelle à voter communiste. Jean-Luc Mélenchon appelle à voter Gérald Darmanin (...) La classe politique donne d’elle-même une image de plus en plus grotesque", a raillé Marine Le Pen. Et Jordan Bardella de dénoncer une "coalition Macron-Mélenchon pour paralyser le pays".
Marine Le Pen a évoqué un seuil de quelque 270 députés, complétée avec des soutiens "divers droite, divers gauche, LR" pour que Jordan Bardella accepte Matignon.
- Une coalition encore lointaine -
Si au contraire le RN ne pouvait gouverner, les macronistes, une partie de la gauche sans LFI et certains LR pourraient essayer de former une "grande coalition", courante dans les pays européens mais étrangère aux traditions françaises.
Ce scénario est encore loin de faire l'unanimité, d'autant plus que l'absence du mouvement de Jean-Luc Mélenchon empêcherait d'avoir une majorité absolue.
Emmanuel Macron a martelé mercredi en Conseil des ministres qu'il n'était "pas question" de "gouverner" avec La France insoumise. "Se désister aujourd’hui pour des élus de gauche face au Rassemblement national ne signifie pas gouverner demain avec LFI", a-t-il déclaré.
Une position partagée par... les Insoumis qui n'entendent gouverner que pour appliquer leur programme. "Je ne vois pas très bien comment ceux qui sont arrivés en 3e position pensent qu'ils vont pouvoir réunir une coalition. Je doute que la majorité ait envie d'appliquer notre programme", a souligné le député Eric Coquerel.
Si la patronne des Écologistes Marine Tondelier n'a pas fermé la porte à ce scénario, elle a exclu un nouveau "Premier ministre macroniste". Et la députée Sandrine Rousseau juge qu'une telle coalition serait "trahir" les électeurs.
"Cela supposera au lendemain du scrutin des consultations,du travail", a souligné l'ancien président François Hollande pour qui "tout ce qui est proposé avant un scrutin est une forme de combinaison".
Les partenaires possibles d'une éventuelle coalition semblent en tout cas se rejoindre pour dire que des discussions au lendemain du scrutin devraient se faire à partir du Parlement et non de l'Elysée.
"Soit le pouvoir sera entre les mains d'un gouvernement d'extrême droite, soit le pouvoir sera au Parlement", a résumé Gabriel Attal.
- le RN refuse les débats télévisés -
Mercredi soir, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Marine Tondelier s'exprimeront tour à tour sur BFMTV, qui a dû acter "l'impossibilité de monter un débat", le RN demandant en vain que le Nouveau Front populaire soit représenté par Jean-Luc Mélenchon.
"En réalité, Bardella a peur de Tondelier, qui habite et milite à Hénin-Beaumont et ne connaît que trop bien les méthodes du RN", ont dénoncé les écologistes.
Selon le réseau de radios locales France Bleu, plus d'une vingtaine de candidats RN ont aussi annulé leur participation aux traditionnels débats d'entre-deux-tours en circonscription.
Chaque jour apporte ses révélations sur les profils controversés de plusieurs d'entre eux.
Après la candidate à la casquette nazie désinvestie dans le Calvados ou le candidat sous curatelle dans le Jura, la justice a été saisie pour des propos jugés "racistes" du député sortant de l'Yonne, Daniel Grenon, selon qui les Maghrébins "n'ont pas leur place dans les hauts lieux".
"Lorsqu'il y a des brebis galeuses - il peut arriver qu'il y en ait d'ailleurs - je n'ai pas la main qui tremble", a assuré en retour Jordan Bardella.
Dans la matinée, Emmanuel Macron a réuni le Conseil des ministres qui a procédé à "moins d'une dizaine de nominations", selon la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot. Loin donc du "coup d'État administratif" que préparait le camp présidentiel, selon Marine Le Pen.
Selon un participant, le président a aussi exhorté à ne "surtout pas" écouter "les sondages qui disent que le RN ne peut pas avoir la majorité absolue. Il faut rester mobilisés, rien n’est joué".