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Malgré la fronde d'une série d'actionnaires, le PDG de Telecom Italia (TIM), Pietro Labriola, a été reconduit mardi dans ses fonctions, en remportant le vote de l'assemblée générale face à deux listes de candidats concurrentes.
La liste du conseil d'administration sortant sur laquelle figurait M. Labriola a recueilli 48,97% du capital représenté lors de l'assemblée générale à Milan. La majorité simple était suffisante pour renouveler son mandat pour une durée de trois ans.
Seulement 2,38% des actionnaires ont opté pour la liste emmenée par le fonds d'investissement Merlyn et 1,01% pour celle du fonds activiste Bluebell Capital Partners, qui ont cependant décroché trois places dans le futur conseil d'administration.
50,77% du capital de Telecom Italia était représenté à l'assemblée générale des actionnaires, un taux de participation relativement faible.
"Au cours des trois prochaines années, nous nous efforcerons d'assurer la croissance durable du groupe dans l'intérêt de toutes les parties prenantes et dans le but de valoriser ses atouts", a promis M. Labriola.
Paradoxalement, c'est l'abstention de Vivendi, principal actionnaire et l'un de ses plus féroces critiques, qui a donné indirectement un coup de pouce à sa candidature à un deuxième mandat en annonçant lundi son intention de s'abstenir.
Avec une part de 23,75%, le géant français des médias apparaissait comme le principal obstacle à la réélection de ce dirigeant de 56 ans intronisé en janvier 2022 avec son aval.
- Sous pression -
Dès janvier 2023, Vivendi a cependant claqué la porte du conseil d'administration du groupe italien et a, dans la foulée, multiplié les critiques envers la gestion de M. Labriola, surtout après sa décision de céder le réseau fixe du groupe au fonds d'investissement américain KKR.
Le groupe contrôlé par Vincent Bolloré a annoncé lundi ne pas souhaiter "être associé à des décisions concernant les nominations au conseil, considérant qu'il incombe au management actuel et à ses soutiens de démêler la délicate situation dans laquelle TIM se trouve actuellement".
Et d'ajouter que Vivendi "ne soutient pas la liste de candidats présentée par le conseil sortant, étant donné que celle-ci s’inscrit dans la continuité d’un conseil pendant l’exercice duquel le cours de bourse a perdu la moitié de sa valeur".
Pietro Labriola est sous pression depuis le fiasco de la présentation aux marchés de son plan stratégique 2024-2026, qui a fait dégringoler le titre de plus de 23% à la Bourse de Milan le 7 mars, sur fond de doutes sur la réduction de la dette de l'opérateur.
Le montant de la vente du réseau varie, sous certaines conditions, entre 18,8 milliards et 22 milliards d'euros, et reste ainsi loin des attentes de Vivendi qui misait sur 31 milliards d'euros.
A ce jour, Telecom Italia n'a "fourni aucune information exhaustive et fiable au marché" quant à la cession du réseau "et ses effets sur la pérennité de TIM", s'est lamenté Vivendi.
- Soutien du gouvernement -
"Nous n'avons pas vu une débâcle de ce genre en plus de 30 ans d'expérience sur les marchés financiers", avait auparavant assuré Bluebell Capital Partners, sans toutefois réussir à recueillir le soutien de Vivendi à sa liste de candidats.
Le conseil d'administration de TIM comptera neuf membres, dont deux issus de la liste de Merlyn, Stefano Siragusa, qui était candidat au poste de PDG, et Umberto Paolucci, ainsi qu'une représentante de Bluebell, Paola Giannotti De Ponti.
L'abstention de Vivendi peut être interprétée comme un geste d'apaisement vis-à-vis du gouvernement de droite et d'extrême droite de Giorgia Meloni, favorable à la reconduction de M. Labriola, d'autant que Rome fait partie du consortium emmené par KKR en vue du rachat du réseau.
L'Etat italien, qui contrôle 9,8% du capital de TIM, compte prendre une participation pouvant aller jusqu'à 20% dans le réseau, afin de peser sur les décisions liées à la sécurité de l'infrastructure.
"Le projet auquel le gouvernement a contribué est le seul qui soit réaliste et qui garantisse la survie et le fonctionnement de TIM à l'avenir", avait assuré le ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti début avril.