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La directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, est visée par une motion de défiance de la rédaction, au lendemain de l'annonce du remplacement de Yaël Goosz par Patrick Cohen comme éditorialiste politique de la matinale, selon une lettre consultée jeudi par l'AFP.
"C'est avec consternation et colère que nous avons appris par la presse que la direction de France Inter avait décidé de retirer l'éditorial politique du matin à Yaël Goosz" qui pourtant "a fourni un travail exemplaire, fiable, indépendant", explique ce texte.
Yaël Goosz reste chef du service politique de France Inter mais, pour l'"édito politique" de 07h44, il devra laisser sa place à Patrick Cohen. Celui-ci avait présenté la matinale de 2010 à 2017.
Dans cette motion, les signataires (80% des 95 journalistes de la rédaction) dénoncent une décision "d'une brutalité inouïe en termes de management".
"Ce n'est pas une motion contre Patrick Cohen", tient à préciser un journaliste signataire qui préfère rester anonyme, mais bien contre "un choix incompréhensible et des méthodes violentes" de la direction. La rédaction, selon lui, a appris la nouvelle "dans la presse" mercredi.
Selon France Inter mercredi, Yaël Goosz doit se voir proposer un autre créneau pour intervenir sur la grille, qui reste à déterminer.
Les signataires de la lettre dénoncent "bien d'autres décisions incompréhensibles prises par la directrice de France Inter ces derniers mois" et l'impossibilité de "continuer à lui faire confiance pour diriger cette radio".
Le licenciement de Guillaume Meurice pour "faute grave", après qu'il eut répété à l'antenne ses propos polémiques sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et "l'affaiblissement" puis l'arrêt de son émission à succès "Le grand dimanche soir", font partie de ces désaccords entre rédaction et direction, précise le journaliste sous couvert d'anonymat.
Il déplore une "difficulté récurrente (de la direction) à dialoguer, entendre, écouter une rédaction qui fonctionne et qui donne des résultats".
Contactée par l'AFP jeudi, la direction n'a pas souhaité faire de commentaire.
Le Figaro a cité une source au sein de cette direction, qui a rappelé que "personne n'est propriétaire de sa case".
Adèle Van Reeth souhaite "faire évoluer l'édito pour l'amener vers une forme d'analyse et de fact-checking", et "elle a estimé que quelqu'un d'extérieur à la rédaction aurait davantage les coudées franches dans cet exercice, car il n'engagerait pas tout le service politique", selon "un proche" de la patronne de France Inter interrogé par le quotidien.
En dépit des turbulences, France Inter conserve son statut de première radio du pays, de loin, avec 6,85 millions d'auditeurs chaque jour d'avril à juin, selon les chiffres de Médiamétrie publiés mercredi.