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Le plan Ecophyto 2030, destiné à réduire l'usage des pesticides en France, sera présenté lundi par le gouvernement, avec pour principale mesure la mise en place d'un nouvel indicateur, réclamé par les agriculteurs mais décrié par les associations de défense de l'environnement.
Cette nouvelle stratégie, que l'AFP a pu consulter, conserve l'objectif de réduction de 50% des produits phytosanitaires d'ici 2030, poursuivi en vain depuis le premier plan Ecophyto de 2008. La période de référence est désormais la moyenne des années 2011-2013 (contre 2015-2017 auparavant).
Elle "acte un changement de méthode": elle "fixe des objectifs de réduction des risques et des usages de produits phytopharmaceutiques", "tout en donnant à tous les agriculteurs les moyens de cette transition".
Dans ce cadre, 250 millions d'euros sont notamment dédiés à la recherche de solutions alternatives, comme les produits de biocontrôle, et à l'accompagnement des agriculteurs dans le changement de pratiques, reprenant les demandes des agriculteurs: "pas d'interdiction sans solution".
Mais la mesure-phare sera, comme promis par le Premier ministre Gabriel Attal, le changement de l'instrument de mesure des usages: exit le Nodu, ce sera désormais le HRI1, l'indicateur européen de risque harmonisé, qui fera référence.
Le Nodu, qui est calculé en hectares, divise les quantités de substances actives vendues par leur dose de référence. Le HRI1 est lui un indice obtenu en multipliant les volumes de substances actives vendues par des "coefficients" censés refléter la dangerosité des divers pesticides, et qui ne tient pas compte des doses d'application.
Selon les schémas présentés dans la nouvelle stratégie Ecophyto, le calcul du HRI1 fait déjà apparaître une diminution de près de 40% de l'usage des pesticides entre 2011 et 2024.
Mais pour les ONG, un "changement de thermomètre" ne fait pas baisser la fièvre. Générations Futures dénonce la baisse "trompeuse" des pesticides affichée par le HRI1 (-32% entre 2011 et 2021) alors que le Nodu faisait, lui, apparaître une hausse de 3% sur la même période.
Le gouvernement défend ce changement au nom de la "cohérence" européenne.
"Je ne dis pas que le HRI1 est parfait, mais il a le mérite d'exister", a expliqué la ministre déléguée à l'Agriculture Agnès Pannier-Runacher dans une interview à La Tribune Dimanche, confirmant avoir "demandé à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) de travailler avec ses homologues européens pour faire des propositions afin d'améliorer, le cas échéant, le HRI1".
Le premier bilan sera fait "d'ici à la fin de l'année", a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, Mme Pannier-Runacher a annoncé qu'elle allait "proposer un texte de loi début juillet sur les phytosanitaires" destiné notamment à supprimer l'obligation imposée aux agriculteurs de réaliser un "conseil stratégique" pour réfléchir à leurs pratiques en matière de produits phytosanitaires.