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"Déterminés à rester", les zadistes de l'A69 tiennent leur campement

"J'habite là et je ne partirai pas": Florian, 30 ans, surveille du coin de l'oeil la cabane bâtie entre les branches d'un arbre de la Zone à défendre (ZAD) sur le tracé du projet controversé d'autoroute Toulouse-Castres.

Malgré le vent et la pluie de ces derniers jours, Florian (son prénom a été modifié), originaire du sud-ouest de la France, vit "à temps plein" depuis décembre dans la construction précaire faite de planches et de plaques de bois et d'un toit en toile.

Pour accéder à son refuge, situé sur la commune de Saïx, à quelques kilomètres de Castres, dans le Tarn, il faut se hisser, ceinture d'escalade à la taille, sur plusieurs mètres de haut à l'aide d'une corde attachée par des mousquetons, a constaté une journaliste de l'AFP qui a visité le campement dimanche.

S'estimant "difficilement délogeable", celui qui travaille aux beaux jours comme saisonnier se dit "déterminé à rester" pour lutter contre la "bétonisation" et défendre l'une des dernières parcelles boisées située sur les 53 km du parcours de la future autoroute A69, dont la mise en service est prévue en 2025.

Alors que les opposants à l'A69 ont reçu samedi le soutien remarqué de la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, venue exprimer sa "solidarité" et dénoncer une "folie", le préfet du Tarn a prévenu que "l'expulsion" des occupants de la ZAD "interviendra dans les prochains jours".

De vendredi à dimanche, des affrontements ont opposé à proximité immédiate du campement des zadistes à un escadron de gendarmes, qui ont fait un usage massif de gaz lacrymogènes mais sont restés à l'extérieur de la ZAD qui a vu le jour en novembre entre une route départementale et une voie de chemin de fer sur un terrain privé au statut contesté.

Devant une barricade faite de palettes et de matériaux de récupération, la centaine de zadistes dansent et sautent, sur fond de musique électronique crachée par une enceinte portable, pour tasser le terrain rendu boueux par la pluie.

Pendant toute l'après-midi, ils bâtissent de nouvelles cabanes, accompagnant leur labeur de chants et de musique. Régulièrement, l'ambiance généralement joyeuse fait place à de l'agitation et aux sifflets prévenant de l'arrivée de gendarmes.

La nuit, ils sont une quinzaine, affirment-ils, à tenir le camp, rejoints parfois en journée par une centaine de camarades, souvent masqués.

Le campement compte aussi des tentes au sol, un garde-manger, un dortoir et même une petite bibliothèque.

- "Petit bout de terre" -

Pour lutter contre les rudes conditions hivernales, Florian dit qu'il y a "toujours quelqu'un prêt à prêter une couverture" parmi les zadistes. Il peut aussi aller se laver "chez les habitants locaux qui proposent leurs douches", dit-il.

Ancien de l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) contre un projet d'aéroport, dont une tentative d'évacuation avait tourné au fiasco en 2012, Kylian (prénom modifié), originaire de Nantes, a rejoint la Crem'arbre il y a un mois.

Le regard brun visible à travers la fente de sa cagoule noire, il aide à aplanir de la paume de la main le sol de terre d'une nouvelle cabane construite dans la matinée.

A Saïx pour défendre "une vision plus large que celle uniquement contre l'A69", "contre l'artificialisation des sols et le béton", il voit en ce type d'occupations un message aux "potentiels promoteurs: +Si vous essayez de construire, on sera là+".

A ses côtés, Nicolas (prénom modifié), 30 ans, visage également masqué et vêtements noirs maculés de boue, opine: "On tiendra ce petit bout de terre", martèle-t-il.

Reste la délicate question du statut juridique des terrains occupés et pour l'Etat de la possibilité d'en déloger les zadistes.

Une partie de la zone appartient à un agriculteur en voie d'expropriation.

Le coeur du campement, où ont été construites les cabanes perchées, se trouve sur un autre bout de terrain privé entourant une vaste demeure.

Ses propriétaires ont fait une demande d'expulsion des occupants, selon la préfecture, qui a indiqué "travailler" à cette question avec la cellule anti-ZAD du ministère de l'Intérieur.

Florian reste optimiste: "On peut très bien gagner. On est une épine dans leur pied".

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