Partager:
Vendredi, Patricia, une habitante de Manage, a reçu un minuscule colis en provenance de Chine. Le paquet contient quelques grammes de graines. Mais pas de document ou d'explication à l' intérieur.
"Moi ce que je recherche maintenant c'est l'origine de ces graines", a expliqué la Wallonne qui n'a rien commandé.
Inquiète, Patricia a contacté les autorités. "Il est hors de question que je jette ce truc à la poubelle sans savoir ce que c'est. S'il n'y a pas de risque tant mieux", a ajouté la destinataire du colis.
Un phénomène mondial
Même surprise pour des milliers de particuliers à travers le monde. Aux Etats-Unis, ces envois ont été pris très au sérieux. Le ministère de l'Agriculture a signalé fin juillet que des paquets de graines avaient été envoyés à des Américains et a recommandé de ne pas les planter, au cas où elles présenteraient un danger pour l'agriculture américaine.
"Traitez-le comme s'il était radioactifs, comme si c'était de la kryptonite. Ne les jetez pas à la poubelle", a lancé Sid Miller, commissaire à l'agriculture du Texas.
"Ne pas les planter ou les manipuler"
Avec plus de mesures, ces envois inquiètent aussi en Wallonie. "Ce qui importe c'est de ni planter ni manipuler ces graines", a conseillé Frédéric Debode, chef de projets au centre wallon de recherche agronomique, en découvrant le colis de Patricia.
Après une quarantaine, le laboratoire agronomique va analyser ces graines et identifier l'espèce. "Il n' y a en tout cas aucun passeport phytosanitaire qui est associé à cet envoi de graines, ce qui est tout à fait obligatoire pour l'envoi de tels échantillons et donc il faut évaluer le risque", a précisé Frédéric Debode. C'est-à-dire comme des espèces invasives ou des maladies. Jusqu'ici les Etats-Unis ont décelé des graines ordinaires comme de la lavande ou du chou.
"Le Brushing"
Mais qui est derrière ces envois? Une des pistes serait une stratégie commerciale sur Internet. Il s'agit d'une pratique qui consiste à "booster" artificiellement les commentaires et les notes d’un commerce en ligne à l’aide d’achats fictifs.
Cela s'appelle le brushing. Le destinataire devient un faux clients. "Il y a peut-être une fraude économique derrière ces envois Le but est d'inciter les gens à la prudence et de pouvoir alerter les autorités s'ils sont concernés", a détaillé Willy Borsus, ministre wallon de l'agriculture, de la nature.
L'usage des données personnelles de notre témoin pose aussi question. Pour ce qui est de l'analyse des graines, les résultats seront connus dans un mois.
Une arnaque?
Aux Etats-Unis, les examens de ces mystérieux colis ont révélé qu'au moins 14 sortes de graines différentes avaient été exportées : menthe, moutarde, romarin, lavande, hibiscus, roses...
"A ce stade nous n'avons pas de preuve indiquant qu'il s'agit d'autre chose que d'une arnaque où les personnes reçoivent des produits sans les avoir commandé de la part d'un vendeur qui ensuite publie des fausses critiques positives pour booster ses ventes", a précisé le ministère de l'Agriculture américain dans un communiqué le 12 août.