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Le Xiaomi 14 a été présenté à Barcelone à la fin du mois de février. Un smartphone assez classique pour 2024: 1.000€, une grosse fiche technique, une finition haut de gamme. Mais l'entreprise chinoise assume son statut de challenger N.1 du duopole Apple - Samsung, en confortant son partenariat avec Leica, fabricant allemand de matériel de vision et de visée. Une alliance qui porte ses fruits au niveau de la photographie, malgré une concurrence plus féroce que jamais.
Numéro 3 mondial du smartphone après une stratégie payante d'une dizaine d'années (guerre des prix sur l'entrée de gamme, puis montée vers le segment premium), Xiaomi n'a d'autres choix que de faire comme Apple et Samsung: sortir chaque année le meilleur smartphone. Comme la photo est souvent l'argument de vente le plus spectaculaire - et comme sur le reste, ça devient difficile d'innover - le géant chinois de l'électronique grand public, qui a un catalogue inépuisable de petits (lampe, écouteurs) ou grands (TV, trottinette électrique) gadgets, s'est allié depuis 2021 avec Leica. Une entreprise allemande qui fabrique des appareils photos hors de prix, des lunettes de visée, des jumelles et, dernièrement, un projecteur laser (à 7.000€). Mais aussi, vous l'avez compris, des lentilles pour les objectifs des smartphones. De sacrément bonnes lentilles, on imagine, vu la débauche de moyens et de communication à ce sujet.
Plus que du marketing
Coupons court directement aux premiers réflexes des observateurs du marché du smartphone: non, cette alliance avec Leica n'est pas "que du marketing". Effectivement, d'autres marques comme Oppo et OnePlus ont aussi un partenariat (avec Hasselblad en l'occurence), mais il ne s'agit là que de configuration de la partie logicielle, donc le traitement de l'image et quelques options de l'application photo. Avec Xiaomi, ça va nettement plus loin. D'ailleurs, Leica était présent sur scène lors du lancement du Xiaomi 14 à Barcelone, où j'ai pu interroger un responsable. Les lentilles, donc ces petites "vitres" ajustées précisément au-dessus des capteurs et qui forment l'objectif, sont coengineerd. Concrètement: Xiaomi accueille en permanence dans ses installations chinoises des ingénieurs de chez Leica, afin de choisir et customiser ces lentilles Leica, puis de les tester avec les capteurs, tout en configurant la partie logicielle. Résultat: l'objectif principal porte la mention Summilux, utilisée par Leica pour évoquer une captation maximale de la lumière.
Dans les faits?
Venons-en à l'essentiel: les photos sont-elles meilleures ? Question délicate, car selon les conditions lumineuses et les capteurs utilisés, les comparaisons sont souvent compliquées. Si on se réfère à Dxomark, un site indépendant qui cote les performances des appareils photo des smartphones, le Xiaomi 14 n'est qu'en 28e position, loin derrière le trio de tête composé des flagships de Huawei, Apple et Google. Cependant, j'ai profité d'un rayon de soleil pour comparer le Pixel 8 Pro et le Xiaomi 14 sur les capacités largement mises en avant lors de la conférence de presse: la gestion des zones dont la lumière est différente (c'est ce qu'on appelle aussi le HDR pour les écrans). Et là, victoire pour Xiaomi, comme vous pouvez le voir: la lumière sur le tapis, la maison du voisin, la corbeille... tout est plus fidèle à la réalité, les différentes intensités lumineuses sont mieux gérées par Xiaomi.
Même constat avec ces Playmobil (regardez les fleurs sur la petite table éclairée):
Voilà pour la science... Après, de manière générale, il est impossible d'affirmer quand dans toutes les situations, le Xiaomi 14 se démarque de la concurrence dans ce segment tarifaire élevé (999€) - on y trouve notamment l'iPhone 15, le Galaxy S24 et le Pixel 8 Pro. Il n'empêche, la collaboration entre Leica et Xiaomi sur la lumière est une réussite indéniable.
Sachez que le Xiaomi 14 est équipé de trois capteurs de 50 MP: le principal (stabilisé, grande ouverture) pour les photos en 1X et 2X, le très grand-angle pour le 0,6X et le télé pour le zoom 3,2X (stabilisé également, j'ai poussé jusque 10X et la qualité restait raisonnable). Le mode portrait vous permettra de cibler le visage avec le télé, ou de prendre le corps en entier avec le principal en 1X, tandis que le mode "réalisateur" en vidéo ouvre des paramètres plus complexes, y compris la gestion multicam si d'autres appareils Xiaomi sont connectés sur le même Wi-Fi.
Bref, trois capteurs signés Leica qui devraient répondre à toutes vos attentes.
Et le reste du (petit) Xiaomi 14 ?
Laissons de côté l'imposant bloc photo situé sur l'arrière du smartphone pour nous concentrer sur le reste. Haut de gamme oblige (même si la 14 Ultra le sera encore plus, d'ici quelques semaines), le Xiaomi 14 embarque la dernière puce de Qualcomm, la Snapdragon 8 Gen 3 (associée à 12 GB de RAM et 256 ou 512 GB de stockage interne). C'est la plus puissante de ce début d'année 2024 et vous êtes parés pour des années de fluidité constante dans une interface rendue plus légère (9 GB au lieu 13) par l'arrivée de HyperOS, une grosse mise à jour de la surcouche logicielle de Xiaomi.
L'écran OLED de 6,36" se révèle très agréable à regarder, avec une belle définition (2670 x 1200 pixels) et un haut taux de rafraîchissement (de 1 à 120 Hz selon les usages). Co-développée par Xiaomi, cette dalle baptisée C8 serait moins gourmande en énergie. 6,36", c'est une taille très raisonnable pour un flagship, même si c'est un peu plus grand que le dernier Samsung Galaxy S24 (6") et que l'iPhone 15 (6,1"). Aucun souci pour le manipuler à une seule main avec cette largeur de 7,15 cm. A noter que Xiaomi revendique des bordures noires "ultra fines" (1,61 mm) autour de l'écran, tout comme Samsung ; de quoi conforter la sensation d'immersion. Le cadre métallique arrondi est brillant, contrairement à la finition mate du dos courbé de mon modèle de test (noir), le tout assurant une très bonne prise en main. Le Xiaomi 14 est parfaitement étanche IP68 (30 minutes sous 1,5 mètre d'eau).
Un petit mot sur la batterie, de capacité assez typique: 4.610 mAh, de quoi tenir une bonne journée. C'est surtout le chargeur de 90W inclus qui fera la différence avec Samsung (45W max, chargeur non inclus), permettant un 0 à 100% en 31 minutes. La charge sans fil rapide est de la partie (50W) mais il faudra acquérir cet accessoire séparément.
Mon seul bémol concerne le logiciel. Car même s'il est plus léger, HyperOS est toujours très imposant, à l'instar de Samsung. Il y a de nombreuses applications maisons intégrées (Navigateur, Thèmes, Musique et Vidéos locales, Home, Sécurité, Jeux, Transfert etc...) ainsi que des applications pub (réseaux sociaux, VOD, etc) dont on se passerait bien à 999€. Une surcouche tellement nouvelle et imposante qu'elle ne gère pas bien tous les affichages de notifications, par exemple Spotify en arrière plan :