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Le chanteur carolo William Dunker est décédé

Le chanteur de blues wallon, William Dunker, est décédé à l'âge de 64 ans, a-t-on appris ce dimanche. Né le 15 mars 1959 à Charleroi, il est décédé à l'hôpital de Lodelinsart.

Habitué des scènes de notre région, il faisait honneur à la langue wallonne dans ses morceaux. Pour lui, le Wallon était loin d'être une langue morte. "C'est ceux qui veulent l'enterrer qui disent que c'est une langue morte, mais ça ne l'est pas!", nous disait-il lors d'un reportage réalisé il y a quelques années.

Il s'était d'ailleurs fait un nom grâce à sa chanson en wallon "Todi su'l voye" qui signifie en français "Toujours sur la route."

Jusqu'au disque d'or

Ce succès a pourtant mis une dizaine d'années à murir. Sorti sous la forme d'un 45 tours au milieu des années '80, il a fallu qu'il soit intégré au premier CD de l'artiste, "Trop Tchôd", mis en vente le 1er mars 1997, pour enfin connaître ses lettres de noblesse. Ce titre vaut à son auteur un disque d'or. Il lancera la carrière de William Dunker, de son vrai nom, Wilhelm Dünker.

S'ensuit dans la foulée un triomphe aux Francofolies de Spa en 1998, une tournée au Québec avec trois artistes locaux et une autre tournée en Europe. Le deuxième point d'orgue dans la carrière du chanteur a lieu en 2002 lorsque l'interprète carolo collabore avec le célèbre groupe de musique corse, I Muvrini. Ensemble, ils composent une œuvre bilingue (corse-wallon), "Erein Eta Joan - D'ji Sènme è Dji M'e Va" ou "Je sème et je m'en vais" dans la langue de Molière. Les adaptations en wallon de "J'aime les filles" de Jacques Dutronc et de "I can Help" de Billy Swan font également mouche auprès du public.  

Malgré le succès, William Dunker refusait le titre de célébrité. "Je suis un WC ! Un Wallon Connu ! Mais je ne suis pas une star", nous disait-il avec son habituel humour.

L'orphelin de Charleroi

William Dunker aura multiplié les expériences musicales avant de trouver sa voie. Au début des années '90, il fait partie d'un éphémère trio dénommé "Triple buses". Il venait de quitter un groupe intitulé "Les Jules" avec qui il avait remporté le Prix de la Presse au Festival du rire de Rochefort en 1985. Et encore avant cela, il avait formé un premier groupe, "Bar", qui reprenait les succès d'autres interprètes francophones.  

En solo, son premier nom de scène est Alfred et sa première chanson, écrite par André Gauditiaubois, s'appelle "Black Country Blues". A l'époque, le musicien sillonne les quatre coins de sa ville, Charleroi, guitare à la main.

C'est effectivement au Pays Noir et dans ses alentours que ce fils d'un père originaire d'Allemagne et d'une mère venue d'Italie grandit. Ses parents ont posé leurs bagages dans la région pour travailler dans les mines. Cela coûte d'ailleurs la vie à son paternel, qui succombe à une silicose en 1965. Le petit Wilhelm, lui, est orphelin depuis l'âge de six ans.

Artiste dans l'âme, l'adolescent qu'il devient délaisse rapidement ses cours de menuiserie, d'électricité et de comptabilité à l'Université du Travail pour privilégier la comédie et le théâtre à l'Académie des Beaux-Arts. Plus tard, il se sert de ces acquis pour présenter des émissions télévisées locales, jouer dans des pièces de théâtre en français et même incarner un rôle dans le film "Au cul du loup" de Pierre Duculot.

Avant de vivre de la chanson, il a notamment été animateur pour enfants sur une péniche. En 2005, William Dunker est promu chevalier de l'ordre de Léopold II par l'entremise de l'ancienne ministre de la Culture de la Communauté française de Belgique, Fadila Laanan.    

Au total, il aura sorti sept albums. Sur scène, il est accompagné par deux guitaristes américains, Kevin Mulligan et Marty Townsend, qui prennent aussi à leur compte les chœurs en wallon.  

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