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Bouli Lanners, vous jouez le rôle du député européen, José Bové. Le film "Une affaire de principe" raconte le combat que vous avez mené contre la Commission européenne et contre l'organe de lutte anti-corruption de l'Union. José Bové de quelle manière, êtes-vous associé à ce film ?
José Bové : C'est très simple, c'est le réalisateur et producteur français, Robert Guédiguian, qui m'a appelé pour me dire qu'Antoine Rimbault, un jeune réalisateur, voulait me rencontrer pour parler de l'adaptation d'un chapitre du livre "Hold-up à Bruxelles". Et c'est comme ça que tout a commencé. On s'est rencontré avec son co-scénariste. Et au bout de deux ou trois jours à la maison, on s'est rendu compte qu'on était vraiment sur les mêmes ondes et que ce chapitre dans ses mains, allait faire un magnifique film.
Bouli Lanners, quand on vous propose ce rôle dans ce film, qu'est-ce que vous dites ?
Bouli Lanners : Je dis oui tout de suite, parce que déjà, incarner Bové, pour moi, c'est quelque chose qu'on ne me proposera pas souvent. C'est une personne que j'admire beaucoup et que j'aime beaucoup. Et puis un thriller politique qui se passe au sein des instances européennes, c'est quelque chose qu'on ne voit pas souvent, pratiquement jamais, alors que les Américains, eux, mettent souvent assez nos institutions. À limite, on connaît mieux les institutions américaines que les institutions européennes. Donc, pour moi, c'est intéressant de pouvoir le faire.
Bouli Lanners, est-ce que vous partagez aussi le combat qu'a mené José Bové contre le manque de démocratie apparente des institutions ?
Bouli Lanners : Je ne connaissais pas tellement les instances européennes et comme beaucoup de citoyens, on se désintéresse un peu de ce qui se passe à l'Europe. Et le film a permis de comprendre le fonctionnement des institutions avec ses trois pouvoirs, mais de se rendre compte aussi que le Parlement est absolument nécessaire puisque c'est le seul organe qui est vraiment transparent, contrairement à la Commission et au Conseil. Et cet organe démocratique fonctionne, car dans l'histoire que José décrit et qu'on met en scène dans le film, c'est cet organe-là qui permet de contrôler ce qui est opaque.
Est-ce que l'opacité s'est arrangé ?
José Bové : On a quelques éléments d'inquiétude avec le Qatargate et la Russie. Mais depuis, on a un parquet européen qui permet d'enquêter là-dessus. Les institutions travaillent sur un code de déontologie commune à la Commission, au Conseil et au Parlement. Donc petit à petit, les choses bougent. Mais pour ça, il faut que les députés s'engagent et agissent et que les électeurs votent pour les bons députés, pour ceux qui veulent que l'Europe soit transparente, qui veulent une Europe démocratique. Et donc ça, c'est chaque citoyenqui est maintenant responsable.
Vous parlez des prochaines élections européennes, le 9 juin prochain. Comment motiver les jeunes à aller voter ?
José Bové : Énormément de jeunes se sont impliqués dans la lutte contre le réchauffement climatique. Or, on ne réglera pas la question du climat si on ne le fait pas au niveau européen, c'est donc le bon niveau pour avancer.
Et j'ai envie de dire aussi aux jeunes qu'il y a vraiment aujourd'hui une culture européenne et ça grâce à Erasmus et c'est tout à fait extraordinaire. On est en train de changer de monde, de ce vieux monde où chacun était replié dans son pays. Et aujourd'hui, les jeunes à travers Erasmus, à travers la question du climat, ils sont en train de faire bouger les lignes et de faire émerger une citoyenneté commune européenne.
Et pour vous Bouli Lanners, ça reste important d'aller voter pour l'Europe ?
Bouli Lanners : On a toujours un outil démocratique qui fonctionne et il faut quand même se rappeler que c'est une année importante en Belgique. C'est une grosse charnière, car 70 % des lois qui vont être votés à l'Europe, ce sont celles-là qui vont déterminer ce qui se passera en politique locale. Donc, on ne peut pas se référer qu'aux régionales, aux législatives et aux communales, c'est à l'Europe d'abord que ça se passe.
C'est la même chose pour les agriculteurs, si les bons députés avaient été élus quand la PAC avait pu être votée à l'époque, les agriculteurs ne seraient pas dans la rue aujourd'hui. Donc c'est vraiment important de se renseigner et de s'intéresser à ce qui se passe au sein de l'Europe. Et il ne faut surtout pas rater ces élections-là, il faut aller voter.
Le Parlement européen savait que vous alliez tourner un film sur cette offensive par rapport à la Commission. Ils vous ont ouvert les portes facilement ? Comment ça s'est passé ?
Bouli Lanners : Ça s'est passé très simplement. C'est plutôt Antoine qui pouvait le raconter, mais on a été accueilli à bras ouverts. Ils ont même mis le personnel à notre disposition aussi bien au Parlement européen de Bruxelles qu'à celui de Strasbourg. Ils connaissaient le scénario et ils avaient besoin aussi de pouvoir montrer que le Parlement était transparent.
José Bové : Je connais le Parlement européen, j'y suis resté dix ans et il n'y a aucune raison que le Parlement refuse et en même temps, c'est étonnant parce que c'est la première fois qu'un film a été tourné dans le Parlement européen à Bruxelles et à Strasbourg. Ça veut dire qu'il y a quelque chose qui bouge aussi à ce niveau-là. Et j'espère qu'il y aura plein d'autres films qui pourront se passer au Parlement européen. Ça voudrait dire que ça devient un vrai sujet de cinéma et donc un sujet qui doit être montré.