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Il aurait pu vendre à Hollywood le scénario de sa bande dessinée "L'Arabe du futur", traduite en 23 langues et vendue à 3,5 millions d'exemplaires. Mais le dessinateur franco-syrien Riad Sattouf préfère poursuivre cette série à succès que ses lecteurs pensaient terminée.
Après six tomes autobiographiques, entre 2014 et 2022, aux éditions Allary, l'auteur relance la saga avec un nouveau titre: "Moi, Fadi, le frère volé".
Ce premier tome sort mardi aux éditions Les Livres du futur, maison qu'a fondée l'auteur en 2021. Deux autres devraient suivre. Et depuis le début, c'était le projet, tenu secret.
Fadi est le frère benjamin de Riad. On le voyait disparaître au tome 4 de "L'Arabe du futur", puis retrouver son aîné au tome 6. Ils se parlaient alors en anglais: il avait oublié le français, depuis que son père l'avait emmené de force en Syrie au début des années 1990.
"Quand je l'ai retrouvé en 2011 et 2012, j'étais extrêmement impatient de lui poser plein de questions. C'était comme si ce frère fantôme s'était incarné dans la réalité", raconte Riad Sattouf à l'AFP.
Leurs entretiens de l'époque donnent la matière de cette aventure déchirante.
Fadi grandit dans l'insouciance d'un élève de maternelle à Rennes (ouest). Puis un jour, son père Abdel-Razak, qui se sent rejeté en France et veut convaincre sa femme de retourner dans sa ville d'origine, Ter Maaleh près de Homs en Syrie, lui fait prendre l'avion. Sa mère et ses deux frères ne le reverront pas pendant des décennies. Cruel destin que celui d'un garçonnet inconsolable, victime de conflits qui le dépassent.
Selon Riad Sattouf, "il était hyper important de donner toute cette histoire, en entier, à la bande dessinée. Je ne pouvais pas en garder un des pans. Il fallait aller jusqu'au bout".