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Nausicaà est le plus grand parc aquatique d'Europe. Notre équipe est allée à la rencontre de Mélanie, soigneuse et plongeuse dans les bassins boulonnais.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Mélanie, je suis originaire de la Savoie. Je travaille à Nausicaá comme soigneuse et plongeuse depuis maintenant six ans dans le secteur océanique. Je m'occupe principalement de la raie manta.
Vous occupez-vous uniquement des raies manta ?
Alors, le service aquariologie pour les soigneurs est réparti en trois secteurs : tropical, tempéré et océanique. Et par secteur, on sait tous être polyvalents et on sait nourrir individuellement tous les animaux. Par exemple, dans le secteur océanique, on retrouve des requins gris, des raies pastenagues, des raies aigles, des raies guitare et différents poissons, dont des mérous, des bancs de poissons et des murènes.
On a tout de même un animal un peu plus attitré, c'est pour ça que je m'occupe essentiellement de la raie manta. C'est moi qui suis un peu décisionnaire sur l'évolution de son entraînement, sur les changements de ses rations alimentaires et sur les façons de le nourrir.
Pourquoi êtes-vous devenue soigneuse ?
Depuis l'âge de sept ans, j'ai toujours su que je voulais être soigneuse. J'ai fait une sortie scolaire avec ma mère dans un aquarium dans le sud de la France et j'ai adoré. Et lors du spectacle des dauphins, qui était mon animal préféré, j'ai directement dit à ma mère que je voulais faire ce métier. Je n'ai jamais lâché ma passion, ni mon envie d'être soigneuse. Et en plus de ça, mon père m'a initiée tôt à la plongée sous-marine lorsque j'avais 10-11 ans, ça a donc renforcé mon envie de travailler avec les animaux marins.
Quelles sont les formations pour devenir soigneur ?
Il existe plusieurs formations, certaines ont été créées il y a deux ans justement à l'université à Boulogne-sur-Mer. Le principal, c'est surtout d'avoir un peu d'expérience. En France, il existe une licence biologie dans la ville de Nancy. Moi, j'ai fait un diplôme universitaire en aquaculture et aquariologie dans le sud de la France et j'ai fait un stage de huit mois. Et le petit plus pour travailler dans un aquarium, c'est d'être plongeur professionnel !
Pourquoi avoir choisi de travailler dans le plus grand aquarium d'Europe ?
Déjà, j'ai eu la chance, à la sortie de ma formation, j'ai été embauchée quand Nausicaá venait de s'agrandir en 2018, en construisant le plus grand bassin d'Europe. J'en suis très reconnaissante, parce que c'est un très grand bassin avec des super belles espèce qu'on voit très peu ailleurs, notamment la raie manta. De plus, Nausicaá reste en plus un très beau centre parce qu'il y a un beau message de sensibilisation et de préservation.
On propose d'ailleurs l'expérience "dans les pas d'un soigneur", où les visiteurs vont nous accompagner durant toute une journée pour qu'ils comprennent un peu plus le métier de soigneur tout en étant au plus près des animaux. Et puis il y a la "Blue Academy", qui propose des ateliers ludiques et créatifs dès le plus jeune âge.
Comment se déroule une journée type ?
On commence à différents horaires, en fonction des secteurs sur lesquels on est attitrés. Dans les secteurs tempéré et tropical, les soignent vont commencer tôt puisqu'ils vont avoir les entretiens à faire, donc les nettoyages d'aquarium, avant l'ouverture au public. Dans le secteur océanique, l'entretien des aquariums se fait l'après-midi en plongée face aux visiteurs. Le matin, dès qu'on arrive, on va faire le tour de nos installations, pour voir si la nuit s'est bien déroulée pour les animaux.
Ensuite, on va faire de la préparation des gamelles, donc les rations alimentaires de chaque animal qui sont calculées en fonction de leurs besoins. Ensuite, la matinée, ça va être surtout le nourrissage et les entraînements de tous les animaux.
Concernant les raies et les requins, ils vont suivre un nourrissage un peu particulier, ce qu'on appelle un training médical. Ils vont venir jusqu'à une cible dans le but de pouvoir les observer de plus près. Ça nous permet de leur donner des vitamines, s'ils en ont besoin, et de faire des manipulations vétérinaires comme une échographie, par exemple.
Et l'après-midi, ça va plutôt être de l'entretien. Ça peut être la plongée sous-marine pour nettoyer les vitres, pour nourrir les animaux ou de l'entretien dans des bacs de réserve. Et en fonction des secteurs, certains vont pouvoir faire du bouturage de corail, c'est-à-dire couper des morceaux de pieds pour les faire repousser.
Est-ce que certaines tâches sont dangereuses ?
Non, pas forcément, on va toujours prendre les précautions nécessaires en fonction des animaux desquels on s'occupe. Par exemple, pour les méduses, il y en a qui peuvent être urticantes, du coup les soigneurs vont porter des gants et vont faire attention à la manipulation. Pour les serpents, c'est pareil, les soigneurs savent comment les manipuler. Pour nourrir les caïmans, les soigneurs vont toujours y aller à deux par sécurité.
Est-ce que vous arrivez à créer des liens avec les animaux ?
Forcément, on est très attaché à nos animaux, mais ce n'est pas forcément possible de créer des liens avec toutes les espèces. Certains animaux créent tout de même des liens avec les soigneurs. Je pense notamment aux manchots qui sont super intelligents et qui arrivent à reconnaître leurs soigneurs et c'est pareil pour la raie manta.
Que pensez-vous de la maltraitance animale dans certains parcs animaliers et est-ce que c'est le cas à Nausicaa ?
Ce n'est pas un message qu'on apprécie vraiment parce que justement, le but des parcs zoologiques et des aquariums, c'est faire de la préservation d'espèces. Il y en a qu'on ne peut quasiment plus trouver en milieu naturel, et nous justement à l'Aquarium, on les a encore et on sait faire de la reproduction, des échanges entre aquariums, pour préserver toutes les espèces.
De plus, à Nausicaá, il y a beaucoup d'études et de recherches avec des architectes et les directeurs d'aquarium, pour pouvoir adapter la taille des bassins en fonction des besoins des animaux. Et une fois par mois, des vétérinaires viennent pour des check-up de toutes les espèces.
On a également toujours un œil sur nos animaux, les soigneurs sont là de 7h à 19h. C'est pour ça que le matin, on fait un tour d'observation et le soir, avant de partir aussi. Par contre, s'il y a le moindre problème, avec des températures de bassins, il y a des alarmes et quelqu'un vient directement.
Faite-vous des "spectacles" ?
Alors, on ne fait pas vraiment de "spectacles", je trouve que c'est un mot un peu péjoratif. Ça n'a aucun intérêt pour le centre de faire par exemple sauter un animal dans un cerceau. Nous, ce qu'on va surtout faire, ce sont des représentations pour montrer les capacités de type, de plongée, d'apprentissage de nos animaux.
Par exemple, avec les lions de mer, ils vont faire un training médical, où les soigneurs vont apprendre des choses qui sont enrichissantes, ludiques et surtout bienveillantes pour eux.
Comment arrivez-vous à faire ce training médical ?
Il faut que les animaux prennent confiance en nous, on va donc prendre le temps nécessaire et avancer selon les besoins de l'animal. Ce n'est pas à l'animal à s'adapter au soigneur, mais c'est le soigneur de s'adapter à l'animal.
Une fois que la confiance est là, on va leur donner de la nourriture et par la suite, on va rajouter quelques petits exercices. Ils vont être contents de réussir les exercices, car derrière, il y a de la nourriture, donc ça va les motiver à améliorer leur entrainement.
Concernant la raie manta, le but est de la faire monter dans une civière pour que le vétérinaire puisse la manipuler pour faire des prises de sang, pour pouvoir la peser, faire des échographies et même faire des recherches qu'on ne sait pas faire dans le milieu naturel !
D'où viennent les animaux qu'on retrouve dans les bassins ?
Ce qui est bien, c'est que plus le temps avance, plus les mentalités et l'évolution changent. C'est-à-dire que dans les parcs et dans les aquariums, on arrive à faire de la reproduction pour arrêter tout ce qui est captivité, et prélèvement en milieu naturel. Donc, grâce à la reproduction des différents aquariums, on arrive à faire des échanges entre eux nous pour préserver les espèces et les accueillir dans de meilleures conditions.
Faites-vous aussi des sauvetages ?
Non, par contre, on travaille avec des associations. Par exemple au mois de décembre, il y a eu des tortues caouannes qui se sont échouées sur les plages de Boulogne-sur-Mer, on a tout de suite appelé un centre qui vient de La Rochelle et qui est venu récupérer les tortues pour pouvoir s'en occuper.
Certaines espèces sont-elles remises en liberté ?
On ne le fait pas, parce que c'est assez compliqué de relâcher des espèces qui ont été habituées à être nourris à la main par le soigneur. C'est donc surtout pour leur adaptation et pour leur évolution par la suite, car si on les relâche, les animaux seront livrés à eux-mêmes et peuvent même être mis en danger à cause des prédateurs ou même surtout de l'activité humaine.
Plongez dans l'univers du plus grand aquarium d'Europe, dans les coulisses d'une équipe de soigneurs dévoués, ce vendredi à 19h50 sur RTL tvi et RTL play.