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La Belgique a rendu mercredi un hommage ému aux deux policières et à l'étudiant tués la veille à Liège par un trentenaire radicalisé, dont l'acte a été revendiqué par le groupe Etat Islamique (EI).
"L'auteur de l'attaque de la ville de Liège en Belgique est un soldat de l'Etat islamique", a affirmé le groupe dans un communiqué publié mercredi par Amaq, son agence de propagande.
Le parquet fédéral belge avait auparavant confirmé que la piste terroriste était privilégiée, indiquant qu'il suspectait par ailleurs l'auteur, abattu mardi par les forces de l'ordre, d'avoir déjà tué un homme lors de la nuit précédant la tuerie.
Les drapeaux étaient en berne dans plusieurs villes du pays au lendemain de l'attaque à Liège, où le Premier ministre Charles Michel a assisté à une minute de silence avec un millier de personnes et de nombreux policiers aux regards graves et aux yeux parfois mouillés.
L'équipe nationale de football, les Diables rouges, en préparation pour la Coupe du Monde, a observé une minute de silence avant une séance d'entraînement à Tubize.
Les enquêteurs tentaient eux d'éclaircir le parcours de Benjamin Herman, un délinquant de 31 ans en congé pénitentiaire, qui se serait radicalisé. L'assaillant a été tué mardi matin par les forces de l'ordre après la brève prise d'otage qui a ponctué son triple assassinat à Liège.
La justice a retenu la qualification d'"assassinats terroristes", a expliqué Wenke Roggen, porte-parole du parquet fédéral, lors d'une conférence de presse, se fondant sur "les premiers éléments de l'enquête".
- 'Allah Akbar' -
Elle a cité "le modus operandi auquel l'EI appelle régulièrement sur internet", rappelant que le jeune homme avait attaqué deux policières avec un couteau avant de les tuer avec leurs armes de service.
Le parquet a également souligné que l'auteur "avait crié plusieurs fois Allah Akbar (+Dieu est grand+)" et qu'il avait été "en contact avec des personnes radicalisées".
Ces informations sur ces liens, venant de la police fédérale de Liège et de la Sûreté de l'Etat, "datent de 2016 et début 2017, mais n'ont pas été confirmées depuis lors", a toutefois ajouté la porte-parole, précisant qu'un juge d'instruction antiterroriste de Liège avait été saisi du dossier.
"Il y a des signaux qu'il y a eu radicalisation dans la prison mais est-ce que cette radicalisation a mené à ces actions? Là aussi on peut se poser beaucoup de questions, mais on doit attendre le résultat de l'enquête", avait commenté plus tôt le ministre belge de l'Intérieur Jan Jambon.
L'enquête "se concentre actuellement sur la question de savoir (si l'assaillant) a agi seul", a indiqué mercredi Mme Roggen.
Elle a aussi confirmé que l'homme était "suspecté d'un meurtre commis" dans la nuit précédant la tuerie, à "On, près de Marche-en-Famenne", la ville où l'homme était détenu.
D'après une source proche de l'enquête jointe par l'AFP, Benjamin Herman était dans "une fuite en avant" après avoir commis ce premier meurtre. Selon des médias, sa première victime serait un toxicomane de 30 ans, retrouvé mort à son domicile.
Après son triple homicide à Liège, Benjamin Herman, né en janvier 1987, avait brièvement pris en otage une employée d'un groupe scolaire, entraînant l'évacuation des élèves, selon les autorités. Aucun enfant n'avait été blessé.
"J'ai été impressionné par la conversation qu'elle a menée avec le terroriste", a dit mercredi M. Jambon au sujet de la femme de ménage prise en otage. "Elle a été très courageuse et, peut-être, a-t-elle évité plus de victimes dans l'école", a-t-il estimé au micro de Bel-RTL.
"Tu ne dois pas être ici, c'est une école, des enfants!", a notamment dit à l'assaillant l'employée, prénommée Darifa, après lui avoir confirmé qu'elle était musulmane, selon son témoignage rapporté par la Dernière Heure.
- En congé pénitentiaire -
Vers 10h30 (08H30 GMT) mardi sur une grande artère du centre de Liège, l'assaillant avait d'abord porté de multiples coups de couteau aux deux policières agressées par l'arrière, avant de s'emparer de leurs armes de service pour les abattre.
Il avait ensuite tué une troisième fois en faisant feu contre un étudiant de 22 ans passager d'une voiture garée à proximité.
Déjà condamné pour vols avec violence, consommation de stupéfiants et rébellion, Benjamin Herman bénéficiait d'un congé pénitentiaire et aurait dû réintégrer sa cellule mardi soir, a précisé le parquet fédéral.
Il purgeait une série de courtes peines cumulées et était libérable "en 2020", a précisé mercredi le ministre belge de la Justice Koen Geens. Les services pénitentiaires avaient considéré qu'"il ne représent(ait) pas un danger terroriste", a-t-il ajouté.