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On nous répète sans cesse à quel point l’hygiène est importante. Mais cet excès d’hygiène est-il bon pour notre santé? Ou au contraire, ne nous rend-il pas plus exposé aux maladies? Fabrice Bureau, vice-recteur de l'Université de Liège en charge de la Recherche, était invité de l'émission "C'est pas tous les jours dimanche" pour répondre à cette question.
"L’excès d’hygiène est contre-productif!"
"Plusieurs douches par jour, désinfection des surfaces de manière compulsive, est-ce que ce n’est finalement pas contre-productif?", demande Christophe Deborsu.
"Oui, bien-sûr, l’excès d’hygiène conduit au développement de certaines maladies comme les allergies ou l’asthme par exemple", répond le chercheur.
Jusqu’où faut-il aller alors, au niveau de l’hygiène ?
"En période de crise comme celle qu’on connait pour l’instant, évidemment, il faut des mesures d’hygiène, c’est incontestable. Il faut se laver les mains, il faut une distanciation sociale, etc", rappelle Fabrice Bureau. "Mais en dehors des périodes de crise, la question va être: est-ce qu’on continue sur cette voie-là, est-ce qu’on adopte le modèle japonais (masque partout, désinfection en permanence, pas d’embrassades ni de poignées de main), ou est-ce qu’on revient à notre modèle ancien ?"
"Il faut un contact avec les autres pour entraîner notre système immunitaire"
"Il faut un contact avec les autres, il faut un contact avec la nature pour entraîner notre système immunitaire", explique Fabrice Bureau. "Il faut imaginer que la crise est surtout importante dans les pays occidentaux, où les soins de santé et les développements technologiques sont les meilleurs. Or, c’est là où il y a le plus de morts durant la crise du coronavirus. On peut se demander pourquoi."
Selon Fabrice Bureau, le fait que la crise est surtout importante dans les pays occidentaux est une conjonction de plusieurs choses:
- la pollution excessive dans les grandes métropoles, qui fait que nos muqueuses, comme par exemple la muqueuse respiratoire, sont fragilisées.
- L’excès d’hygiène qui fait que notre système immunitaire, dans les poumons par exemple, n’est pas exercé.
- La surpopulation, dont personne ne parle, mais qui est l’enjeu majeur de nos sociétés.
- La mobilité extrême.
"Tout ceci a augmenté de manière exponentielle et crée un cocktail détonnant. Quand on bouge partout dans le monde et qu’on revient avec des virus sur une population qui n’est pas entraînée à voir des virus, et qui a une fragilité respiratoire, on voit les conséquences."
"Le problème, ce n’est pas de se laver, c’est la désinfection de notre environnement"
"Le problème, ce n’est pas de se laver, c’est la désinfection de notre environnement", souligne le chercheur. "On en fait beaucoup trop. Des publicités passent à la télévision t nous invitent à désinfecter notre environnement. C’est excessif. C’est excessif, sauf, maintenant, où il faut faire attention par rapport à ca."