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La musique, "j'essaierai d'en faire jusqu'au bout", assure Lenny Kravitz, bientôt 30 ans de carrière au compteur et un nouvel album "Raise Vibration" où il prêche encore l'amour mais exprime son exaspération face "à une planète qui a perdu la tête".
De cuir moulant vêtu, santiags claires, lunettes aviateur miroitantes et dreadlocks foisonnants, le temps ne semble pas avoir de prise sur l'artiste qui depuis ses débuts en 1989 avec "Let Love Rule" a vendu 40 millions d'albums dans le monde.
Le multi-intrumentiste sort vendredi son onzième opus, "Raise Vibration", qui, confie-t-il à l'AFP, a été rêvé de bout en bout. "Ca s'est présenté à moi dans une succession de rêves", relate la star qui s'était isolée aux Bahamas, son pays de coeur, pour concevoir l'album avec le guitariste et ami Craig Ross.
"La nuit, j'entendais de la musique dans ma tête. Je me réveillais, j'enregistrais les idées, c'était très pur", détaille Kravitz qui, comme à son habitude, a joué lui-même de tous les instruments: guitare, basse, batterie, piano ou bongo et sitar entre autres.
Le résultat s'inscrit dans une continuité musicale toute "kravitzienne" consistant en un assemblage de rock, funk, blues et soul, condensé notamment dans le single "Low" - où s'entendent quelques vocalises pré-enregistrées de Michael Jackson -, dont le clip a été réalisé par Jean-Baptiste Mondino.
L'auteur-compositeur révèle un visage plus politique dans "It's enough", titre fleuve de près de 8 minutes rappelant Marvin Gaye, qui prétend dénoncer les failles du monde actuel.
"Les personnes qui dirigent cette planète (...) sont intéressées par le pouvoir, l'argent, l'ego et le contrôle, au lieu d'utiliser notre intelligence (...). Tout tourne autour du business", s'indigne-t-il.
Mais c'est l'amour, auquel il se dit "accro", qui imprègne l'essentiel de ses titres comme le plus intimiste "Johnny Cash", où il demande à être réconforté comme l'avait fait le chanteur de country lors de la mort de sa mère en 1995.
- Une nouvelle collaboration avec Vanessa ? -
Le style Kravitz s'est forgé au contact de parents célèbres - Roxie Roker, actrice d'origine bahaméenne, et Sy Kravitz, producteur d'origine juive russe - et de leurs amis artistes parmi lesquels Duke Ellington, Miles Davis, Ella Fitzgerald ou Nina Simone.
"J'ai eu de la chance de croiser ces personnes sur mon chemin", reconnaît le chanteur.
Enfant, "dans le New York du début des années 70, la musique et les arts étaient plein d'énergie(...) j'avais ces personnes autour de moi (...) mais je ne savais pas ce que cela signifiait, je savais que j'étais sur les jambes de Duke Ellington mais il était juste le gars qui jouait du piano (...) J'ai réalisé plus tard ce que ces personnes représentaient dans le monde", évoque Kravitz, âgé de 54 ans.
Hyperactif, il multiplie les casquettes: acteur, bientôt réalisateur de son propre film, photographe mais aussi fondateur d'une agence de design, qui lui vaut d'être directeur artistique pendant deux ans d'une marque de champagne pour laquelle il réalisera des campagnes de publicité.
Une activité compatible avec ce qu'il dénonce dans son album? "Je ne fais rien avec mon entreprise qui arnaque d'autres personnes ou bousille la planète: c'est créatif, amusant, c'est un terrain de jeu différent", réplique-t-il.
Cette nouvelle collaboration renforce son lien à la France, qu'il affectionne. "La France a beaucoup contribué à ma réussite, le soutien que j'ai obtenu et que je continue d'avoir ici est fabuleux", déclare Lenny Kravitz qui vit entre Paris et les Bahamas.
Sa notoriété en France s'est accrue au début des années 90 grâce à son histoire d'amour et sa collaboration musicale avec Vanessa Paradis, pour laquelle il a écrit un album couronné de succès.
Une nouvelle collaboration en vue ? "Je ne l'ai pas vue depuis environ un an mais c'est marrant, je me disais récemment que ce serait génial de refaire quelque chose" avec elle, confie l'artiste.
D'ici là, Lenny Kravitz, toujours en mouvement, sera en tournée dès 2019.