Alix Battard: Quelle est la première chose à faire pour réduire ses déchets ?
Sylvie Droulans: "Je pense que c'est de diminuer les emballages. Pour le faire, il faut aller vers le vrac. Les emballages, c'est un quart de notre poubelle donc ça permettra déjà de bien travailler là-dessus. Il y a de plus en plus de grandes surfaces qui permettent le vrac, mais il y a aussi de plus en plus de magasins spécialisés qui permettent d'acheter sans emballage. Ça peut être aussi bien dans le rayon fruits et légumes où on vient avec ses propres sacs en tissu."
Il faut aussi être attentif à ce qu'on achète. Quels sont les produits de consommation courante qui produisent le plus de déchets ?
"Je pense que tout ce qui est traiteur ou des produits transformés sont souvent suremballés. Quand on a des collations pour les enfants avec un premier emballage puis qui sont emballées individuellement, on pourrait déjà l'éviter. Cela permettrait de déjà diminuer. Mais on peut aussi se dire qu'on va faire nous-mêmes des collations maison."
Qu’est ce qui pèse le plus dans nos poubelles généralement ?
"C'est le compost. Un tiers de notre poubelle, ce sont les aliments, les épluchures de légumes, de fruits, etc. Les matières organiques sont composées d'eau et pèsent relativement lourd dans la poubelle. La solution, c'est de composter ces matières organiques. Il y a plusieurs techniques. On peut avoir un compost dans son jardin, mais aussi quand on est dans un appartement. Il y a un principe qui s'appelle le vermicompost ou le bokashi. Et puis, il y a des collectes de matières organiques possibles. Le vermicompost ou le bokashi, on peut le mettre à l'intérieur. C'est le même principe que le compost extérieur qui est en contact direct avec la terre et les vers de terre. Là, on met les vers de terre dans ce seau composé de 3 niveaux et ils vont faire leur travail de dégradation de la matière pour obtenir à la fin un compost bien net."
Il y a aussi l'option des poules. Elles mangent tout ?
"Il y a tout de même des choses à éviter, mais je ne suis pas spécialiste des poules. C'est une très belle technique de voir que nos denrées alimentaires deviennent autre chose et sont utilisées pour nourrir les poules qui, elles, vont nous donner des œufs et ainsi de suite. Ça crée un cercle vertueux."
Apparemment, la salle de bain est la pièce où l’on produit le plus de déchets. Comment intervenir ?
"En allant plutôt vers des produits solides comme du shampoing solide, du déodorant solide, même du dentifrice solide. On trouve de plus en plus de formules. Ou on peut faire soi-même ses produits et de diminuer leur quantité. Souvent, on va avoir plusieurs bouteilles de gel douche etc. On pourrait se dire: j'en prends deux et ce sont celles-là que j'utilise. Je peux aussi faire un refill et aller chez mon magasin de vrac pour remplir les bidons que j'aurais achetés. Ils ne vont pas finir dans la poubelle mais vont être utilisés en réemploi pour y remettre du gel douche."
Le zéro déchet parait contraignant, l'est-il ?
"C'est juste une question d'accepter de changer un peu ses habitudes. Au départ, on est un peu déstabilisés parce que ce n'est pas comme d'habitude, ce n'est pas comme on nous a initiés depuis l'enfance. Cela nécessite donc de se dire: comment je fais différemment ? Et puis, se laisser le temps de l'adaptation. Tout changement nécessite un temps de tester, de voir, de peut-être parfois affiner et adapter parce que la situation qu'on choisit peut ne pas être la plus parfaite pour notre situation propre. Et puis, vous allez voir que ça rentre réellement dans votre vie. Moi, le zéro déchet fait partie de ma vie. Je ne me pose plus la question quand je vais faire mes courses de prendre mes sacs avec moi ou pas. C'est une évidence, si je n'ai pas mes sacs, je ne peux pas acheter en vrac."
Au-delà de l’économie sur le prix de nos poubelles, tendre vers le zéro déchet induit-il d’autres économies ?
"Oui, puisqu'on va remettre en question son modèle de consommation. Cela va nous éviter d'acheter plein de choses dont on n'a pas besoin. On va se focaliser sur des choses qu'on va faire soi-même, donc là aussi, ça devient moins cher. Et en même temps, ça remet en question tout notre modèle de vie et on va plus vers une simplicité, des plaisirs simples, plutôt que d'acheter plein de choses pour se satisfaire."