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Dans sa chronique au sujet de l'économie et de la consommation, Bruno Wattenbergh évoque le travail étudiant dont la demande et l’offre semblent exploser. L'occasion de rappeler les conditions du travail étudiant.
L’offre et la demande de travailleurs étudiants semblent en forte augmentation ?
Le journal Le Soir a interrogé la semaine passée les sociétés d’intérim à qui de nombreuses sociétés confient la recherche d’étudiants et elles évoquent une progression de 5 à 10%. Infor-Jeunes de son côté évoque un doublement de la fréquentation de ses pages consacrées aux jobs étudiants. En pratique, après deux années bouleversées par la crise du COVID, le marché dépasserait déjà les chiffres de 2019.
Est-ce que l’on a une idée du nombre d’étudiants qui travaillent chaque année ?
On estime que 500.000 jeunes cherchent chaque année un job étudiant. Mais aussi que 95 % des jeunes de moins de 25 ans ont au moins une fois dans leur vie été jobiste.
Quels sont les secteurs qu’ils privilégient ?
A priori, 3 secteurs les accueillent: la grande distribution, l’industrie et l’horeca. Ce dernier secteur ayant été déserté l’année passée, il fait beaucoup d’efforts pour convaincre les étudiants de revenir chez eux.
Et ce n’est pas nécessairement évident, car les jeunes ont aussi évolué pendant le COVID: ils recherchent bien sûr un bon salaire, de bonnes conditions de travail, mais aussi ce fameux impact dont on a déjà beaucoup parlé ici le matin. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui les étudiants peuvent travailler beaucoup plus longtemps qu’avant.
Quelles sont les règles légales qui cadrent le travail étudiant ?
Les étudiants peuvent aujourd’hui travailler jusqu’à 475 heures par an, mais aussi quand ils le souhaitent. Ce qui est très utile pour les employeurs car ils peuvent compléter utilement les équipes existantes. Et cela reste légèrement moins cher que le travailleur de base.
Est-ce que l’on peut penser que les étudiants "volent" en quelque sorte le travail des employés ?
Pas vraiment. Rien ne va remplacer une bonne équipe de base, compétente, qui connait l’entreprise. Recourir à des étudiants à ses limites. Le nombre d’heures est limité, il ne faut pas multiplier les contrats et dépasser un certain nombre d’heures, sinon l’étudiant se transforme en employé en CDI. Les étudiants partent aussi quand ils veulent. Ils ne sont pas nécessairement stables. Et pas question de remplacer des employés au chômage économique par des étudiants.
Si l’étudiant dépasse les 475 heures par an les cotisations sociales réduites disparaissent et passent au taux ordinaire de 13,07 %. Le jeune qui a plus de 18 ans et qui dépasse son quota d’heures court le risque de perdre son droit aux allocations familiales. Idem s’il gagne plus qu’un certain montant.
Enfin, l’étudiant effectue un travail domestique, comme le baby-sitting, moins de 8 heures par semaine, il ne doit pas payer de cotisations sociales.