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Grégoire Dallemagne a été invité dans l'émission C'est pas tous les jours dimanche sur RTL TVI. Le patron de Luminus, le fournisseur n°2 en Belgique en matière de gaz et d’électricité derrière Engie. Notre journaliste Christophe Deborsu l'a surtout interrogé sur les prix de l'énergie et les types de contrats possibles pour les consommateurs. "Si on regarde depuis le mois de janvier à aujourd'hui, les prix de 2023 ont plutôt augmenté. Par contre, si on regarde les prix de 2023 par rapport à 2022, et les prix de 2024 par rapport à 2022, on voit plutôt une baisse", a notamment répondu Grégoire Dallemagne.
Christophe Deborsu: Comment les prix du gaz et de l'électricité vont évoluer? En un an, l'électricité a doublé, le gaz a triplé. Est-ce que les prix risquent encore de monter?
Grégoire Dallemagne: Pour le futur, c'est difficile de vous répondre. Ce que je peux vous dire, c'est comment ils ont évolué jusqu'aujourd'hui, mais pour le futur, je n'ai pas de boule de cristal.
Christophe Deborsu: Vous nous dites que vous n'avez pas de boule de cristal, mais vous en avez quand même une petite. Car on parle de prix bien à l'avance dans votre secteur. Vous achetez jusqu'à trois ans à l'avance. Que voit-on dans ces trois années à l'avance? Va-t-on plutôt vers le haut, le bas? On reste stable?
Grégoire Dallemagne: Ce qu'on peut observer chaque jour, c'est non seulement les prix du lendemain, mais nous connaissons également les prix de l'année prochaine et de l'année d'après. Si on regarde depuis le mois de janvier à aujourd'hui, les prix de 2023 ont plutôt augmenté. Par contre, si on regarde les prix de 2023 par rapport à 2022, et les prix de 2024 par rapport à 2022, on voit plutôt une baisse. Ce que les prix nous disent aujourd'hui, c'est que le quatrième trimestre de 2021 et le premier trimestre de 2022 étaient particulièrement élevés si on compare ces prix aux prix qu'on connaît aujourd'hui pour 2023 et 2024, qui eux sont plus bas que ce que nous avons observé au dernier trimestre 2021 et premier trimestre 2022.
Christophe Deborsu: Plus bas à quel niveau, pour être vraiment concret? On va vers une baisse, c'est plutôt optimiste ce que vous nous dites ici.
Grégoire Dallemagne: J'espère évidemment que la réalité des prix du marché qu'on observera lorsqu'on sera en 2023 correspondra à ce qu'on voit dans les prix futurs aujourd'hui. Et j'espère encore plus qu'aujourd'hui, on observe des prix futurs 2024 qui sont la moitié de ce que nous observons en 2022.
Christophe Deborsu: C'est la première fois que j'entends ça, bonne nouvelle!
Grégoire Dallemagne: J'espère évidemment qu'on va observer dans la réalité la baisse de ces prix. Ce que je ne peux pas vous dire, c'est quelle sera le prix de 2024 dans une semaine. Ça, je n'ai pas la possibilité de vous répondre.
Christophe Deborsu: C'est pour ça que c'est très difficile de prévoir. Si la guerre en Ukraine s'aggrave, s'il y a des embargos dans tous les sens… Tout ça peut rapidement changer.
Grégoire Dallemagne: Absolument.
Christophe Deborsu: Mais manifestement, vous nous dites qu'en 2022 on ne va pas vers une descente des prix. Il y a des gens qui vont avoir des problèmes.
Grégoire Dallemagne: Première chose, je voudrais vous dire que je comprends la situation des consommateurs qui sont préoccupés par les prix élevés de l'énergie.
Christophe Deborsu: Vous pouvez faire quelque chose à votre niveau?
Grégoire Dallemagne: En tant que fournisseur, la difficulté, c'est que nous avons également subi cette hausse des prix de l'énergie. C'est difficile pour les consommateurs, mais je dirais que les fournisseurs, et Luminus en particulier, ont beaucoup souffert de cette hausse.
Christophe Deborsu: Vous allez nous expliquer pourquoi pour bien comprendre. Notamment parce que vous avez des contrats fixes que vous avez dû continuer à honorer alors que les prix augmentaient. Vous n'étiez pas couvert pour la totalité de vos contrats fixes. C'est pour ça que certaines entreprises sont en difficulté. Ce n'est pas votre cas, mais vous ne roulez pas autant sur l'or qu'on ne le croit. En tout cas, c'est vous qui le dites.
Grégoire Dallemagne: Ce n'est pas du tout le cas.
Christophe Deborsu: Pourquoi?
Grégoire Dallemagne: La hausse subite des prix de l'électricité et du gaz qu'on a observée au quatrième trimestre 2021, nous n'avons pas pu répercuter tout ce que ça consiste comme hausse de coût sur Luminus. Nous ne l'avons pas répercuté sur les contrats de nos clients. Dès lors, les marges des fournisseurs en Belgique, qui étaient déjà très basses dans le marché le plus concurrentiel d'Europe, sont devenues encore plus sous pression. Tellement sous pression que certains fournisseurs ont fait faillite en Belgique, comme dans d'autres pays européens.
Audrey Leunens relaie en direct les questions posées par des internautes sur les réseaux sociaux: Des gens se questionnent, comment vous pouvez faire des évaluations de prix pour 2023 et 2024 déjà aujourd'hui?
Grégoire Dallemagne: Finalement, la facture augmente pour le client final, mais cela reflète l'augmentation des prix sur les marchés de gros. Nous, en tant que fournisseur, nous pouvons acheter sur des marchés de gros à terme. C'est-à-dire qu'on peut acheter et vendre de l'électricité pour 2023. Si un client souscrit un contrat fixe avec nous, eh bien nous allons fixer un prix pour 2023 et 2024, et nous allons au même moment acheter l'énergie sur les marchés de gros, dont le prix est fixé aujourd'hui pour les deux prochaines années.
Christophe Deborsu: Alors, il faut prendre un contrat fixe ou variable? On sait que la majorité des Belges avait un contrat fixe, mais il y en a moins sur le marché. Est-ce qu'on peut encore trouver des fixes d'ailleurs?
Grégoire Dallemagne: Nous avons interrogé nos consommateurs. 75% de nos clients nous ont répondu qu'ils préféraient prolonger leur contrat fixe avec un contrat fixe. Donc ça crée une certaine prédictibilité de leur condition de prix, et c'est leur préférence.
Christophe Deborsu: Donc vous pourriez finalement faire en sorte que les tarifs soient un peu moins importants qu'aujourd'hui? En anticipant le fait qu'en 2024 l'électricité sera un peu moins chère? Donc les contrats fixes pourraient ne pas être aussi onéreux que maintenant?
Grégoire Dallemagne: Luminus a fait le choix de continuer à offrir des contrats fixes aujourd'hui, mais c'est vrai que la majorité des fournisseurs n'en offrent plus aujourd'hui parce que la législation en Belgique est un petit peu particulière. Je crois que c'est le seul pays d'Europe où il est prévu qu'un contrat est fixe pour le fournisseur. C'est-à-dire que si nous offrons un prix pour les deux ans à venir, le fournisseur doit s'y tenir. Par contre le client, lui, peut changer de fournisseur quand il veut.