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Sylvie (prénom d'emprunt pour garantir l'anonymat) n'en revient pas. Il y a quelques jours, alors qu'elle consulte sa boîte mail, elle découvre un message de son employeur. Quelques lignes pour lui annoncer qu'on met fin à son contrat. Elle sera licenciée à compter du 1er janvier 2021. "Ça a été un choc", nous raconte l'habitante de Zaventem, encore sous le coup de l'émotion.
Depuis 4 ans, Sylvie est magasinière pour Lagardère. Elle se charge d'empaqueter les commandes des fournisseurs avant qu'elles soient envoyées dans les magasins de l'enseigne présents dans les différents aéroports du pays. "Ça va de la mode, du chocolat aux parfums", nous explique Sylvie. Jusqu'à présent, tout se passait pour le mieux. "J'adore mon travail et j'ai créé un lien avec mes collègues", sourit-elle.
Pour le moment, c'est encore dur
C'était sans compter sur la crise du coronavirus et ses nombreuses répercussions sur le marché de l'emploi. En mars dernier, la Belge a connu le chômage temporaire. Avec des avions cloués au sol, difficile pour Lagardère de continuer à vendre ses produits dans les aéroports. Depuis mi-septembre, Sylvie a retrouvé le chemin du travail. Enfin presque. "Je travaille pendant une semaine puis j'ai deux semaines de chômage temporaire. Et ce sera comme ça jusque la fin de l'année", nous assure-t-elle.
Car compte tenu des restrictions de voyage, les clients dans les aéroports se font rares. Et par conséquent, les ventes dans les magasins Lagardère sont en chute libre. "On se rend compte que depuis plusieurs mois, on a beaucoup moins de commandes à envoyer", regrette Sylvie. La situation est alarmante, la travailleuse le savait. Mais elle ne s'attendait pas à être licenciée. Et ce qu'elle regrette d'autant plus, c'est la méthode utilisée pour lui annoncer.
"Du jour au lendemain, j'ai appris ça via un simple mail", souffle-t-elle. Alors immédiatement, elle a contacté collègues et amis afin de trouver un peu de réconfort et de tenter de surmonter cette mauvaise passe. "Pour le moment, c'est encore dur. J'ai dû mal à imaginer, je dois revenir sur Terre, comme on dit souvent", lâche-t-elle.
153 travailleurs licenciés par le groupe
Comme Sylvie, 152 salariés vont être licenciés par le groupe Lagardère Travel Retail selon le syndicat chrétien ACV Puls. Les négociations sur un plan social avec le groupe qui exploite une trentaine de boutiques "duty free" en Belgique n'ont pas abouti. En juin dernier, le nombre de 180 personnes était évoqué mais des départs volontaires auraient été actés.
L'avenir effraie quelque peu cette Belge de 53 ans qui craint de ne pouvoir retrouver un emploi. "On sait que le marché de l'emploi est compliqué. Est-ce que je vais pouvoir trouver quelque chose?", s'inquiète-t-elle. À ses côtés, son mari vit lui aussi une période professionnelle compliquée. Employé dans le secteur du tourisme, il a connu 4 mois de chômage. "On a un gros trou financier. C'est difficile ce qui nous arrive. Même si on sait qu'on est pas les seuls sur le bateau", résume Sylvie.
En attendant son licenciement qui prendra effet en janvier, elle a compté : il lui reste 4 semaines à travailler. Et quoi qu'il arrive, elle ne manquera aucune de ses journées précieuses. "Il faut garder le moral, j'adore mon boulot. Mais je sais que ça ne sera plus la même chose", conclut-elle.