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Les pompiers poursuivaient mercredi les recherches de personnes bloquées dans des maisons ou des voitures carbonisées aux environs de stations balnéaires de Mati et de Rafina, à l'est d'Athènes, ravagées par des incendies qui ont fait au moins 79 morts et 200 blessés, selon un dernier bilan officiel. Qualifié de "tragédie nationale" par les médias du pays, le désastre s'es produit lundi après-midi: le feu éclaté sur le mont proche de Pendeli attisé par des vents de 100 km/h s'est rapidement propagé et a envahi Mati, à 40 km d'Athènes, brûlant des centaines d'habitations.
Les résidents ont fui en panique en direction de la plage proche où plusieurs d'entre eux ont dû rester plus d'une heure dans l'eau pour se sauver. Le pays était sous le choc de découvertes macabres mardi, en particulier celle sur le même terrain de 26 personnes carbonisées dont des "petits enfants".
"Elles ont été retrouvées enlacées par groupes, dans une dernière tentative pour se protéger", a raconté un sauveteur, Vassilis Andriopoulos.
"Plus de victimes..."
"J'ai vu les flammes devant la fenêtre de l'hôtel, j'ai cru qu'il allait exploser", racontait Alina Marzin, 20 ans, une touriste de Wuppertal (Allemagne) qui se trouvait dans l'hôtel Capo Verde à Mati lundi soir avec ses parents et son frère. Ils ont été évacués quelques heures plus tard et transférés au port de Rafina à bord de patrouilleurs de la police portuaire. Une centaine de pompiers, aidés par la police et des dizaines de volontaires ont poursuivi toute la journée de mardi les recherches de victimes éventuelles dans cette zone de l'Attique noyée sous les flammes.
Les pompiers ont reçu "des dizaines d'appels" de personnes à la recherche de proches, selon la porte-parole du service Stavroula Maliri. Des centaines d'ingénieurs du ministère des Transports et de la région ont commencé à répertorier les dégâts. "Je crains qu'il y ait d'autres victimes et de disparus, surtout des personnes âgées", a dit à l'AFP, un conseiller municipal de Rafina, Myron Tsagarakis. Mardi soir, le gouvernement n'avait pas publié le nombre des disparus. Ces incendies en Grèce pourraient ainsi dépasser en victimes ceux ayant tué 77 personnes en 2007. Sur un total de 187 personnes hospitalisées, 82 restaient soignées mardi soir dont dix sont dans un état sérieux et 11 enfants dont l'état n'inspirait pas d'inquiétude. Un Belge figurait parmi les victimes, selon Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères ainsi qu'une Polonaise et son fils, selon Varsovie.
Drapeaux en berne
Les rescapés ont passé des heures d'angoisse dans un nuage de cendres au bord ou dans l'eau, dans l'attente des secours. Au moins six se sont noyés.
Quelque 715 personnes ont été évacuées par bateaux militaires ou privés jusqu'au port de Rafina.
"Aujourd'hui la Grèce est en deuil", a déclaré le Premier ministre Alexis Tsipras, annonçant, dans une adresse télévisée à la nation, trois jours de deuil national. Les drapeaux seront en berne jusqu'à vendredi. La présidence a annulé les festivités devant commémorer mardi le retour de la démocratie en Grèce en juillet 1974. Le ministère des Finances a débloqué 20 millions d'euros "pour parer aux besoins imminents des mairies et citoyens touché".
Le porte-parole du gouvernement a aussi annoncé des exonérations de la taxe foncière pour 2018 pour les citoyens et les familles touchées ainsi que des indemnisations.Ville plantée de pins, Mati a été le plus touchée en raison d'"une progression foudroyante du feu dans le tissu urbain", a expliqué Mme Maliri.
"Mati n'existe plus", a lancé le maire de Rafina, Evangélos Bournous, recensant "plus de mille bâtiments et 300 voitures" endommagés. Mardi soir, dans le secteur de Mati, "le feu évoluait sans front actif, avec des foyers dispersés", selon les pompiers. Mais un autre front a repris au-dessus de Kineta, à l'ouest de l'Attique, où il y a eu lundi des dégâts mais pas de victimes. Trois nouvelles localités à Kineta "ont été évacuées par précaution", selon une responsables des pompiers.
Afflux d'aide
Le pays, qui a activé le mécanisme européen de protection civile, s'est vu offrir de l'aide -- notamment en moyens aériens-- par l'Espagne, la France, Israël, la Bulgarie, la Turquie, l'Italie, la Macédoine, le Portugal et la Croatie, tandis que les messages de condoléances affluaient de l'étranger. "La Commission européenne n'épargnera pas ses efforts pour aider la Grèce" a tweeté son président Jean-Claude Juncker. "La douleur des sinistrés nous touche tous", a indiqué la chancelière allemande Angela Merkel dans un télégramme à M. Tsipras.
Le pape a fait connaître "sa profonde tristesse", tandis que le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg a fait part de "la solidarité" de l'Alliance. Le gouvernement a annoncé qu'il prendrait en charge les obsèques, et des mesures fiscales en faveur des sinistrés. Et le parquet a ouvert une enquête sur les causes des incendies. Avant qu'une polémique ne s'engage sur la réponse de l'appareil d'Etat, le gouvernement a souligné avoir dû faire face à un phénomène "extrême", "asymétrique", selon M. Tsipras.
Dimitris Tzanakopoulos a relevé qu'il y avait eu "15 départs de feu simultanés sur trois fronts différents" en Attique. Les États-Unis ont prêté un drone pour survoler la région et "observer et détecter toute activité suspecte", a-t-il ajouté.