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Pneus de scooter, de camion ou même de tractopelle: toutes les tailles étaient de mise samedi pour la course de pneus, l’événement sportif de l’année à Mayotte, avec 900 participants dont 500 enfants de 9 à 11 ans.
Un loisir qui remonte aux années 1970, mais qui a été institutionnalisé par un professeur de sport, Jack Passe, en 1983.
Samedi, sous une forte chaleur, les coureurs ont parcouru une distance de 1.800 mètres à Mamoudzou, la commune chef-lieu de ce département français de l’océan Indien coincé entre Madagascar et l’Afrique de l’Est.
Le principe est simple: vous prenez un pneu, vous mettez du liquide lubrifiant (aujourd’hui du savon liquide écologique, autrefois de l’huile de vidange), vous glissez un fond de bouteille en plastique coupé, vous insérez les bâtons (ou manches à balai) et vous poussez en courant.
Chaque année, les organisateurs - l’agence de communication Angalia et la ville de Mamoudzou - imposent un thème pour les adultes. Cette fois-ci, le mot d’ordre était "courez colorés".
Un principe qui plaît à Jacqueline Nguyen, la trentaine, déguisée avec ses quatre coéquipières en licorne et arborant un maquillage arc-en ciel sur le visage. "Ça rend la course conviviale, c’est un grand événement qui rassemble tout le monde. Pousser le pneu demande un peu d’expertise, mais comme nous sommes en équipe, on s’entraide, c’est un bon moment à passer", dit cette participante.
- Dimension écolo -
Beaucoup viennent juste pour le plaisir. C’est notamment le cas de ceux qui figurent dans la catégorie gros pneus: de camion voire de tractopelle.
Mais d’autres viennent pour gagner ce que l’on qualifie de "Formule 1 ou Grand prix mahorais". Et chacun a ses astuces. Oirdi Anli, 26 ans, est arrivé sans pneu. Posté sur la ligne d’arrivée, il guette le passage des enfants dont le départ de la course est donné en premier, et observe avec attention les pneus et bâtons des plus jeunes.
"Je cherche un pneu de scooter. C’est plus facile à pousser et à contrôler, surtout sur la partie descendante du parcours. Et avec des manches à balai, c’est mieux qu’avec des bâtons taillés dans des branches d’arbres." Oirdi est parvenu à ses fins, mais il a dû jouer des coudes.
Sidi Moukou, employé à l’intercommunalité du chef-lieu, préfère les pneus de voiture. "Une fois lancé, ça roule tout seul, c’est stable. Mais il faut bien faire attention qu’il n’y ait pas de mèche, car ça bloque les bâtons". Cela n’a pas suffi pour figurer en bonne place.
Plusieurs milliers de spectateurs ont assisté à l’événement qui est retransmis en direct à la télévision par Mayotte la 1ère, la chaîne locale du groupe France Télévisions.
Des sélections sont faites dans les communes pour les enfants, et par tirage au sort pour les adultes.
La course revêt une dimension écologique, puisqu’elle permet le ramassage de 30 mètres cubes de pneus pour les envoyer en recyclage.