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Détenu depuis juin 2016, Johan M., 39 ans, est accusé de viols et d'agressions sexuelles sur une dizaine de jeunes femmes, parfois encore mineures au moment des faits, entre 2009 et 2014, selon l'ordonnance signée le 16 avril dont l'AFP a eu connaissance.
La juge d'instruction, qui a ordonné un non-lieu concernant certaines accusations, a également retenu la circonstance aggravante que les faits ont été commis en abusant de l'autorité dont disposait cet homme, en tant qu'agent et photographe des mannequins. "La juge d'instruction a commencé à faire la part des choses (...) et a considéré que les charges n'étaient pas suffisantes pour la moitié des plaignantes. Pour les autres, nous aurons un débat devant la cour d'assises, tant sur la matérialité des fait que sur l'intentionnalité", a réagi auprès de l'AFP Me Alexia Gavini, l'avocate de l'accusé.
L'affaire a démarré en janvier 2016, avec la plainte de six jeunes femmes dénonçant des faits de viols, d'agressions sexuelles et de harcèlement moral commis par leur ancien agent. Toutes ont décrit un mode opératoire semblable: Johan M. les avait abordées dans la rue en leur proposant de gérer leur carrière de mannequin.
Des remarques humiliantes sur le physique
Certaines d'entre elles avaient fini par venir s'installer chez lui. Aux enquêteurs, une des accusatrices a décrit un "fonctionnement sectaire" et un "phénomène d'emprise" de la part de Johan M.
D'autres ont évoqué des remarques humiliantes sur leur physique, qui lui servaient de prétexte pour pouvoir les masser avec une crème amincissante. Dans plusieurs cas, les jeunes mannequins se sont progressivement éloignées de leur famille et de leurs amis, sans pour autant signer beaucoup de contrats.
Des responsables d'agences de mannequins, interrogés au cours de l'enquête, ont également décrit un fonctionnement possessif de Johan M. envers ses modèles.
Elles le considérait comme un 'dieu'
L'une d'eux a notamment affirmé qu'il "exerçait un contrôle total sur les filles qu'il gérait, lesquelles le considérait comme un 'dieu'".
"Ces prédateurs achètent leur silence à coups de contrats internationaux et l'espérance d'une belle carrière", a réagi auprès de l'AFP Me Méhana Mouhou, l'avocat des premières plaignantes dans ce dossier. "Ces jeunes mannequins ont brisé le silence", a-t-il ajouté, dénonçant une "omerta dans le milieu de la mode, du luxe et de la beauté". Deux femmes dont les accusations n'ont pas été retenues par la juge ont fait appel du non-lieu les concernant.