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Nommée ministre de l'Environnement et du Climat dans le gouvernement De Croo, l'ancienne co-présidente d'Ecolo Zakia Khattabi affiche une forte personnalité qu'elle doit sans doute à ses origines sociales modestes dont elle s'est émancipée pour gravir les échelons.
Née de parents marocains, elle est passée par l'enseignement catholique avant d'obtenir une licence en travail social à l'ULB. Appartenant à cette génération multiculturelle dont la richesse participe de l'émergence d'une identité bruxelloise, elle apparaît aux yeux de certains comme insaisissable. Volontiers libertaire, elle échappe en 2017 aux tentatives du président du cdH Benoît Lutgen de créer un front de la gouvernance au détriment d'un PS qui serait peu enclin à se départir des affaires. Ce sera un fait marquant de son avènement politique et de l'émergence de l'alliance avec les socialistes bruxellois et DéFI.
Eprise de liberté, Zakia Khattabi est aussi attachée à l'égalité, et à ce titre au sort des minorités, jeunesse précarisée, femmes, personnes issues de l'immigration. Ces causes jalonnent son parcours dans l'associatif, au Centre pour l'Egalité des chances, elle qui fut avant cela chercheuse et employée à la politique scientifique. C'est en 2009 qu'elle est élue pour la première fois, au parlement bruxellois par le truchement duquel elle rejoint l'assemblée de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et le Sénat, où les médias la découvrent, active, en commission de la Justice.
Elle y gagne ses galons, devenant cheffe de groupe, en 2012. Au pouvoir dans les Régions, Ecolo participe à la sixième réforme de l'Etat mais est convié à rester dans l'opposition au fédéral en 2011. S'annoncent des années de vaches maigres pour Ecolo, sorti de toutes les majorités en 2014 après une lourde défaite électorale. Zakia Khattabi devient députée à la Chambre. On la dit en délicatesse avec Jean-Marc Nollet, qui paie sa participation aux responsabilités à Namur. Pourtant, une fois de plus, elle étonne, en le poussant à reprendre en main le groupe écologiste à la Chambre, consciente des qualités dont dispose l'élu carolo. En 2018, elle le choisit, encore une fois, à ses côtés à la co-présidence du parti, que vient de délaisser Patrick Dupriez. C'est qu'entre-temps, Zakia Khattabi a pris de l'envergure. Avec Patrick Dupriez, elle reprend le parti moribond en 2015, alors qu'elle n'a pas 40 ans.
Le tandem conduira les écologistes à la vague verte d'octobre 2018, singulièrement en Région-Capitale, et notamment à Ixelles où Zakia Khattabi a été conseillère communale. Celui qui la lança en politique, Christos Doulkeridis, y devient bourgmestre. A la Ville de Bruxelles se met en place une coalition PS-Ecolo-DéFI annonciatrice de celle qui émergera à la Région.
Réélue avec près de 30.00 voix de préférence à la Chambre le 26 mai 2019, Zakia Khattabi participe aux négociations pour la formation du gouvernement bruxellois après une fin de campagne difficile pour les Verts, malmenés après un faux pas de la candidate Zoe Genot, accusée de clientélisme communautaire, et des attaques régulières du MR. L'année suivante, les libéraux ne soutiennent d'ailleurs pas la candidature de Zakia Khattabi au poste de juge à la cour constitutionnelle. Mi-mai 2020, le Sénat la rejette définitivement, au terme d'une saga qui aura duré plusieurs mois. Zakia Khatabbi prend acte de cette décision et réitère son engagement politique au parlement. Début septembre, elle affirme ne pas être candidate à un poste ministériel avant, finalement, de rejoindre le gouvernement De Croo.