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Le transport maritime est l’un des plus grands émetteurs de CO2 au monde (3% en 2022, projections à 17% en 2050). Les porte-conteneurs qui parcourent le monde utilisent l’un des carburants les plus sales du monde. Ils émettent un cocktail de gaz à effet de serre, mais aussi d’autres particules nocives pour l’environnement. Une partie du secteur tente de verdir cette flotte de bateaux.
Le port d'Anvers est le coeur économique de la Belgique. Chaque année, des milliers de navires accostent dans le port. Des géants des mers guidés au quotidien par de petits remorqueurs. Le dernier acheté par le port d'Anvers est un peu particulier, il fonctionne avec un mélange de diesel et d'hydrogène. "Le bateau a une puissance de 4.000 kW, c'est autant que 40 voitures normales. Il en a besoin pour pousser ou freiner les gros navires", explique Sander Sijssens, ingénieur de la flotte technique.
Ce moteur a été imaginé et construit en Belgique et permet de réduire l'empreinte carbone du bateau. "Dans les opérations typiques de ce remorqueur, on voit que l'on peut économiser 65% des émissions de CO2", précise Maarten De Nolf, gestionnaire de projets marins.
À bord, ce sont 415 kilos d'hydrogène qui sont stockés sous très haute pression. Les réservoirs sont entourés d'une armure métallique pour éviter les chocs, mais perforée pour assurer une bonne ventilation. "Ce qu'on veut éviter avec un gaz comme l'hydrogène, c'est de le confiner. Cela peut créer un mélange inflammable et explosif. Plus vous avez de la ventilation, plus vous permettez à une éventuelle fuite de s'évacuer facilement", explique Maarten De Nolf.
Ce bateau plus propre est un premier pas pour l'autorité portuaire, qui souhaite devenir neutre en carbone d'ici 2050. "Pour le moment, 87% de nos émissions sont liées à nos bateaux. C'est donc un chantier important si on veut diminuer notre empreinte carbone", rapporte Sander Sijssens.
Un hydrogène local
L'hydrogène provient d'une usine, de l'autre côté du bassin, ce qui facilite l'approvisionnement. Pour les navires de haute mer, d'autres carburants sont privilégiés, comme l'ammoniac par exemple. "L'hydrogène a comme inconvénient qu'il est très difficile à stocker en plus grands volumes. Pour un bateau qui va de l'Europe vers l'Afrique ou l'Asie, vous n'avez pas une autonomie suffisante. Avec l'ammoniac, c'est possible", explique Maarten De Nolf.
Le fuel utilisé aujourd'hui pour le transport maritime est responsable de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et c'est aussi le carburant le plus sale de la planète. Sa combustion émet d'autres polluants comme le soufre, des oxydes d'azote, et des particules fines, mais d'autres alternatives se développent. Un ferry possède par exemple un moteur hybride diesel-électrique. "Notre économie de carburant s'est beaucoup améliorée. Nous économisons environ 40% de carburant par rapport à nos autres navires", se réjouit le capitaine du P&O Liberté, Simon Moore.
D'autres entreprises misent sur le retour des voiles sur les navires de transport. Aujourd'hui, les composés de la fusée Ariane 6 sont acheminés d'Europe vers la Guyane grâce à un cargo hybride, propulsé par un moteur diesel et 4 immenses voiles de 350 mètres carrés chacune.