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Les sous-sols belges contiennent des métaux rares indispensables, comme le lithium: voici pourquoi ils sont si peu exploités

Des chercheurs ont découvert, un peu par hasard, du lithium dans le sous-sol belge. Ils l’extraient grâce à une installation de géothermie qui va chercher de l’eau chaude à 4 kilomètres sous terre. Une technique plus respectueuse de l’environnement qui est aussi à l’étude chez nos voisins allemands et français. Est-ce une solution pour mettre fin à la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Chine pour produire ces métaux rares nécessaires à la transition énergétique?

On le retrouve dans nos smartphones, nos ordinateurs ou encore nos voitures électriques. Le Lithium est un métal indispensable pour la transition énergétique. Partout dans le monde, les projets se multiplient pour extraire celui qu’on surnomme le pétrole du 21éme siècle. 

Dans le centre de recherche flamand sur l’innovation durable, on exploite la chaleur du sous-sol depuis 2019. Deux puits permettent de pomper de l’eau à une température de 125 degrés. De quoi, fournir chauffage et électricité, à terme, pour 5.000 ménages. Surprise, pour les chercheurs, l’eau qu’ils extraient n’est pas seulement chaude...

"Lorsqu’on a commencé à pomper l’eau ici, on a remarqué qu’elle était très salée. 3 fois plus salée que l’eau de mer. Elle contient beaucoup d’éléments comme du sodium, du chlore mais aussi du lithium", explique Ben Laenen, géologue chef de recherche au centre Vito.

Les puits installés dans ce centre de recherche permettent d’atteindre une couche de roche calcaire située à environ 4 kilomètres sous nos pieds. L’eau qui circule dans l’installation de géothermie permet de faire remonter à la surface le lithium contenu dans la roche. Il est ensuite récolté par un filtre développé par les chercheurs. 

"L’eau souterraine passe par un filtre miniature. A l’intérieur, un matériau éponge va absorber le lithium et laisser les autres métaux et le sel", détaille Bart Michielsen, chercheur au centre Vito.

Dans l’installation, on fait circuler 10 m3 d’eau, 10.000 litres chaque heure. Dans cette eau, on retrouve maximum 1 kg de lithium chaque heure. Ce qui fait qu’à la fin de la journée, on a suffisamment de lithium pour fabriquer trois batteries de voiture électrique.

Une production honorable pour une installation scientifique mais bien moins importante que ce qu’on retrouve dans les mines australiennes ou les déserts de sel chiliens, les leaders du marché mondial du lithium. 

Exploiter ce métal en combinaison avec la géothermie a toutefois des avantages environnementaux. 

"Vous devez utiliser moins de produits chimiques, vous avez besoin de moins d’espace. Mais, il faut encore remplir toute une série de conditions et développer de nouvelles technologies pour l’exploiter de manière efficace", indique le chercheur Bart Michielsen.

En France et en Allemagne, des exploitations industrielles du lithium géothermique sont en développement. On a retrouvé là-bas des concentrations deux fois plus élevés que chez nous. 

"Nous ne deviendrons pas des producteurs significatifs de lithium dans un avenir proche. Par contre, on peut imaginer que si nous exploitons la géothermie, on peut en profiter pour extraire un petit peu de lithium", précise Eric Pirard, spécialiste en ressources minérales à l’Université de Liège

L’Union européenne encourage néanmoins ses Etats membres à explorer leurs sous-sols. Une ressource étonnamment mal connue. 

"Les géologues connaissent très bien la surface mais ne connaissent pas la géologie en profondeur. Donc à quelques dizaines ou centaines de mètres, on ne sait pas ce qu’il y a, il faut forer. Or, on fore très peu, on n’a plus foré depuis très longtemps. On fait des petits forages de surface pour l’eau, mais des forages profonds d’un km, cela ne s’était plus fait depuis très longtemps", souligne encore Eric Pirard. 

Le sol belge pourrait contenir d’autres métaux critiques comme le germanium, par exemple. Pour le savoir, il faut forer. Une décision qui est du ressort des autorités politiques.
 

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  • Petite anecdote amusante, 26 % des terres rares utilisées dans le monde servent de catalyseurs dans l'industrie du pétrole et dans les pots catalytiques des voitures à moteur thermique. Ah et aussi, les terres "rares" ne sont pas rares, elles même plus abondantes que d'autres métaux utilisés quotidiennement

    Thierry Frayer
     Répondre