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Didier Van Cauwelaert sort un roman écrit pendant le confinement: "Je suis heureux que les gens arrivent à respirer un peu mieux dans leur époque"

Didier Van Cauwelaert était l'invité du RTL INFO Avec Vous ce lundi. L'auteur vient de publier son dernier roman, intitulé "L'inconnue du 17 mars". Un livre écrit durant le confinement.

Alix Battard: Ce roman est à mi-chemin entre le récit d’actualité et le conte fantastico-philosophique…

Didier Van Cauwelaert: "Et l'histoire d'amour et l'appel à la résistance et au réveil des anticorps. Il y a tout ça dans ce roman. Ce roman a été commencé la veille du confinement. C'était une nécessité vitale de vivre cette période avec mes défenses naturelles qui sont mon regard de romancier sur la réalité, le décalage, l'humour, la sensibilité qui vient au secours de toutes les agressions anxiogènes qui étaient au programme. Etre dans cette bulle afin de m'adresser à mes lecteurs, déjà par empathie le temps de l'écriture et ensuite, quand je leur donnerai le roman."

Pourquoi avoir choisi de raconter l'histoire d'un SDF ?

"C'est le regard dans la rue d'un sans-abri. J'ai vu tout à coup sa manière d'observer les gens qui, avec leur stock de pâtes et de papier toilette, allaient se terrer chez eux en le regardant d'un air un peu gêné, en se disant: que va-t-il lui arriver à lui ? Ils n'avaient pas le temps de penser à d'autres personnes. Et lui, dans son regard, il y avait un côté narquois et compatissant en même temps. Je me suis dit: ce regard-là, c'est ce que je recherche, ce décalage, ce type qui a tout à coup la conscience d'être regardé comme une sorte de privilégié paradoxal puisqu'il a le droit de rester confiné à l'air libre. C'est une sorte de droit du sol. Je me suis dit: quel est cet homme ? Quelle est sa vie avant et qu'est-ce qu'il va faire ? Comment va-t-il mettre à profit cette période-là ?"

Un regard d'humanité sur le moment où nous Terriens, nous la perdons

Dans le livre, il va rencontrer une femme. Vous dites qu'elle est une "une créature d’autre terre", "une onde porteuse", qui va nous interroger sur la pandémie de coronavirus. Elle dit : "Je suis désolée de ce que je vous inflige, en ce moment. Mais il fallait que la planète ferme pour que les cœurs s’ouvrent" et "Je vous ai donné une chance inouïe avec ce virus, et qu’en avez-vous fait ? Ce n’est pas l’énergie vitale, l’union, l’amour qui ont gagné… C’est la peur, la soumission, les clivages…" C’est la créature qui parle ou c’est ce que vous pensez, vous aussi dans le fond ? 

"Ce sont les deux. Cette femme, au début, il pense que c'est son amour de jeunesse qui revient à lui. Ils se sont perdus depuis 22 ans et cette femme qui le percute, elle l'emmène dans le lieu à l'abandon où ils s'étaient connus pour se confiner là-bas. Ensuite, ce discours qui laisse à penser qu'elle est peut-être quelqu'un d'autre. Beaucoup de critiques parlant du livre prennent comme référence Le Petit Prince ou E.T., ce regard venu d'ailleurs mais qui n'est pas chargé d'un exotisme, qui est simplement un regard d'humanité sur le moment où nous Terriens, nous perdons notre humanité."

Parfois, les messages délivrés sont à la limite du complotisme… Ce livre, c’est un relais édulcoré pour ces thèses ?

"Aujourd'hui, on vit cette période assez particulière de censure très forte. Par exemple, vous contestez, avec raison, le trucage des chiffres qui est une réalité que vous disent tous les médecins honnêtes qui n'ont pas de lien avec l'entreprise pharmaceutique. Si vous remettez ça en question, c'est une théorie du complot. Mais non. Oui, il y a eu complot, évidemment. Mais n'oublions pas que le complotisme est un mot inventé par les nazis. Faisons attention à ces moments où on veut nous faire tellement peur que nous accepterions de renoncer à nos libertés pour notre bien. C'est tout de même quelque chose contre quoi il faut rester vigilants. Je n'impose pas de message, je ne donne pas de réponse. Je soulève des questions, je fais entendre différentes voix. Au lecteur de se positionner. C'est important pour moi de donner des anticorps, de réveiller le système immunitaire avec ce roman. Je suis très heureux qu'il soit reçu comme tel et que les gens arrivent à respirer un peu mieux dans leur époque et à ne perdre ni leur esprit critique, ni leur capacité d'émerveillement, leur confiance en la vie, en leur organisme."

Vous avez besoin d'écrire, c'est physique chez vous ?

"J'ai commencé très tôt, j'ai écrit toute ma vie. C'est ma respiration. C'est plus que ma philosophie de vie, c'est ma nature profonde, c'est ce dont j'ai besoin pour être bien et essayer que les gens autour de moi aillent un peu mieux."

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