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Il est 1h40 du matin à Dison, lorsqu'une patrouille de police de la zone Vesdre s'approche d'un véhicule suspect. "Il y a deux personnes à bord, tous feux éteints, à un endroit où, en théorie, il ne devrait pas se trouver. En s'approchant du véhicule, le véhicule en question redémarre, en allumant ses gros phares et en accélérant très fort en direction de l'autoroute".
Ils sont brusquement arrêtés par un dispositif de contrôle
La patrouille de police, un homme et une femme, prennent la voiture en chasse sur l'autoroute. Les fuyards tirent plusieurs coups de feu. Une dizaine de kilomètres plus loin, ils prennent la sortie numéro 8 vers Tiège. Dans la bretelle, ils sont brusquement arrêtés par un dispositif de contrôle mis en place depuis quelques heures par les policiers de la zone Fagne, voisine. "Ils ont voulu faire demi-tour sur cette bretelle d'autoroute, il y a eu néanmoins des échanges de tirs à l'égard des policiers de la zone Fagne, qui étaient dans leur véhicule, heureusement il n'y a pas eu de blessé auprès des policiers de la zone Fagne", détaille Gilles de Villers Grand-Champs, procureur de division (Verviers).
Les auteurs sont partis à pied mais en tirant et en usant de leurs armes
Le temps de faire demi-tour, arrivent les deux policiers qui les avaient pris en charge depuis Dison. Ils sont sortis de leur voiture, et ont été à nouveau visés par les tirs des fuyards. Ils sont touchés tous les deux: l'un à l'abdomen, l'autre aux jambes. "Ce sont des gros calibres, c'est une arme de guerre vraisemblablement qui a été utilisée, style kalachnikov. Le véhicule a été abandonné sur place, les auteurs sont partis à pied mais en tirant et en usant de leurs armes. Des recherches sont évidemment mises en place pour tenter de les intercepter", ajoute le procureur.
Les auteurs des faits ne sont pas connus mais sont activement recherchés par les forces de l'ordre.
A l'hôtel de police de Verviers, toutes les pensées vont vers les collègues blessés. Sur les poignées des véhicules, il y a encore des bandes de tissu noir placées là il y a moins de deux mois, après la mort de leurs collègues à Spa.
Faire le mort pour survivre
Ces policiers ont risqué leur vie en poursuivant les assaillants lourdement armés. Vu cet arsenal de guerre, qui sait ce que ces hommes préparaient ? Nous avons obtenu des détails sur le déroulement des faits qui sont vraiment glaçants. Les malfrats ouvrent le feu sur les policiers qui sont touchés. Ils tombent à terre et voient s'éloigner les assaillants. La policière a alors un réflexe. Elle crie à son plus jeune collègue de faire le mort. Un ordre qui lui a peut-être sauvé la vie. En effet, les malfrats reviennent peu après sur leurs pas pour vérifier l'état des policiers. Ils les croient morts et s'en vont définitivement. Si les deux policiers n'avaient pas simulé leur mort, peut-être auraient-ils été achevés.
Les deux policiers profondément choqués
Les deux policiers ont pu quitter les soins intensifs et leur état est rassurant. Toutefois "les deux policiers blessés sont aussi profondément choqués", explique notre journaliste Amélie Schildt, en direct depuis le CHR Verviers, où ils sont soignés. "La policière qui a été plus grièvement blessée à la jambe a été opérée ce matin. Ce qui est certain, c'est que leurs jours ne sont plus en danger. Mais ils ont vraiment échappé au pire, puisque le policier touché au flanc a aussi été frôlé par une autre balle qui lui a effleuré le cuir chevelu, à un centimètre près, il était mort".
Dans la région, c'est la série noire. Il y a eu les deux policières tuées à Liège dans l'attentat, le policier de 38 ans décédé justement lors d'un contrôle de police sur la route, presque au même endroit où les faits se sont déroulés la nuit dernière.
Une tentative de meurtre, pour les syndicats
Pour les syndicats, trop, c'est trop, explique Fabrice Discry, délégué permanent Liège Namur SNPS, au micro RTL INFO. "Nos collègues ont été sous le coup d’armes de guerre", a-t-il décrit, estimant qu'il s'agissait d'une tentative de meurtre de policiers.
Sur Twitter, le ministre de l'Intérieur Jan Jambon a écrit: "Je leur souhaite un bon rétablissement et je leur adresse tout mon soutien ainsi qu'à leurs proches et à leurs collègues", a-t-il ajouté.
Le gouvernement fédéral ne peut pas se contenter d'exprimer sa compassion alors qu'il détricote le statut des policiers: ainsi, la réforme du régime de congé maladie dans la fonction publique va toucher notamment les policiers victimes d'agression, déplorent les syndicats. "Le Premier ministre doit sortir du bois. Les policiers attendent une réponse politique au sujet des congés de maladie", a réagi dimanche matin Vincent Gilles, le président du SLFP. "L'incident de cette nuit met en exergue la dangerosité du métier pour ceux qui en douteraient", a souligné de son côté Stéphane Deldicque, de la CSC Services publics. "Les jours de congé maladie sont utilisés notamment par les collègues frappés comme ceux qui l'ont été cette nuit", a-t-il relevé.