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Il ne reste plus qu'un Compagnon de la Libération encore vivant après le décès vendredi du centenaire Daniel Cordier, l'ancien secrétaire de Jean Moulin, à qui sera rendu un hommage national.
A l'instar de nombreux responsables politiques de tous bords, Emmanuel Macron a salué la mémoire de Daniel Cordier, mort à l'âge de 100 ans et "dont la vie entière aura conjugué l'amour de la France et la passion de la liberté".
Il a annoncé qu'un hommage national lui serait rendu dans la cour des Invalides, probablement en fin de semaine prochaine.
"La Nation perd un de ses enfants parmi les plus illustres, un de ceux, qui, au bord de l'abîme, a su saisir le flambeau de l'honneur et du courage", ont réagi la ministre des Armées Florence Parly et la ministre déléguée Geneviève Darrieussecq dans un communiqué.
Après son décès, Hubert Germain, 100 ans, reste le dernier Compagnon sur les 1.038 qui avaient été distingués par le général de Gaulle pour leur engagement au sein de la France libre pendant l'Occupation allemande.
- Marchand d'art -
Né le 10 août 1920, Daniel Cordier a été l'un des tout premiers Français, à 19 ans, à rejoindre les Forces françaises libres à Londres. "Je suis le fils de la guerre de 1914, confiait-il il y a quelques années. Mon enfance, ce sont les monuments aux morts, les mutilés, etc. Alors, en 1940, quand la France a perdu la guerre qu'elle avait gagnée vingt ans plus tôt, ça a été pour moi insupportable."
A l'été 1941, il est nommé au service "Action" du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), les services secrets des Forces françaises libres (FFL). Parachuté en France en 1942, il est embauché comme secrétaire par Jean Moulin à Lyon et reste au service de cette figure de la Résistance jusqu'à l'arrestation de ce dernier en juin 1943. Pourchassé par la Gestapo, il retourne en Angleterre et continue de travailler pour le BCRA.
Marchand de tableaux d'art contemporain et galeriste réputé après la guerre, Daniel Cordier a donné des centaines d'œuvres au Musée Georges-Pompidou. En 1983, il a publié une colossale biographie de Jean Moulin.
Le jour de son 100e anniversaire, Emmanuel Macron lui avait téléphoné, le remerciant "pour l'exemple donné" durant la guerre et après. "Une nation se nourrit de vies exemplaires", avait-il souligné.
Son décès suit de peu ceux de deux autres Compagnons: Pierre Simonet, mort le 6 novembre à l'âge de 99 ans, et Edgard Tupët-Thomet, décédé le 9 septembre à l'âge de 100 ans.
Le 17 mars, Daniel Cordier avait appelé, avec Hubert Germain et Pierre Simonet, les Français à la "cohésion" et à la "responsabilité" face à une "guerre d'un autre genre", celle engagée contre le Covid-19. "Faisons preuve de raison, de solidarité, de cohésion nationale et de responsabilité individuelle", avaient demandé les trois Compagnons.
Père des FFL, Charles De Gaulle avait créé l'Ordre de la Libération dès novembre 1940 pour "récompenser les personnes ou les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées dans l'oeuvre de libération de la France et son empire". L'Ordre est forclos en 1946.
Quelque 1.038 personnes, dont six femmes, se verront attribuer le titre de compagnon de la Libération, ainsi que 18 unités militaires et cinq communes françaises: Nantes, Grenoble, Paris, le village martyr de Vassieux-en-Vercors (Drôme) et l'île de Sein (Finistère).
Parmi les premiers responsables politiques à rendre hommage à Daniel Cordier, Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, a souligné que la nation toute entière rendait "hommage à cet orfèvre de la Mémoire qui aura fait de sa vie un combat perpétuel pour la vérité et la liberté".
L'ex-président François Hollande a salué "un homme qui avait eu plusieurs vies, toutes attachées à la liberté et à la démocratie". Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, a cité l'une des phrases de Daniel Cordier: "Aujourd'hui, je suis dans une France libre et c'est quelque chose d'inaliénable".