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Le gouvernement a officiellement lancé lundi la campagne d'injection d'une troisième dose de vaccin anti-Covid dans les maisons de retraite, une mesure recommandée par les autorités sanitaires pour maintenir les défenses immunitaires des quelque 600.000 seniors concernés.
Plus de huit mois après avoir essuyé les plâtres de la vaccination, les établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont ressorti les seringues pour maintenir un haut niveau de protection à leurs résidents, conformément aux recommandations de la Haute autorité de santé.
"Pour les personnes les plus vulnérables, au fil du temps, l'efficacité de (la) vaccination décroît", a rappelé le Premier ministre Jean Castex, venu assister lui-même à des injections dans un Ehpad de Clamart, en banlieue parisienne.
Cette campagne de rappel est d'autant plus importante que les résidents des maisons de retraite ont "payé un très lourd tribut" au début de l'épidémie, "avant que la vaccination n'arrive", a-t-il ajouté.
Selon les chiffres officiels, le virus a fait plus de 26.700 morts dans les maisons de retraite, soit près d'un quart du nombre total de décès en France. Mais 90% des résidents ont désormais reçu deux doses de vaccin et depuis, leur "taux de mortalité, et même de maladie, a considérablement chuté", s'est félicité le chef du gouvernement.
Dans son Ehpad du 13e arrondissement de Paris, l'ACPPA Péan, Madeleine Levieil, 98 ans, s'est prêtée de bonne grâce à sa troisième injection. Pas forcément pour se sentir mieux protégée mais "pour donner l'exemple", explique-t-elle.
"Je le fais parce que je suis une personne raisonnable", sourit la vieille dame, qui "trouve ridicules tous ces défilés contre la vaccination".
"Cette protection complémentaire est la bienvenue, pour rebooster le système immunitaire des résidents et les protéger avant l'hiver", souligne le Dr Jean-Marie Nguyen Quang, médecin coordinateur de cet établissement de 94 places, qui a perdu neuf résidents lors de la première vague, au printemps 2020.
- "Retrouver la joie de vivre" -
"La vaccination a tout changé: les résidents ont pu à nouveau sortir, aller au restaurant avec leur famille, retrouver la joie de vivre qui avait tant manqué, tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue", résume le médecin.
En outre, "on a la chance de ne pas avoir de réfractaire au vaccin", souligne la directrice, Romy Lasserre. "Au début il a fallu communiquer beaucoup car c'était l'inconnu, mais aujourd'hui on n'a plus besoin de convaincre. Tout le monde accueille cette troisième dose comme un soulagement", assure-t-elle.
Si quelques établissements ont pu procéder à de premières injections dès la fin de la semaine dernière, l'essentiel de cette campagne de rappel a démarré lundi. Chaque structure peut commander 10 flacons par semaine, soit 70 doses, et devra s'organiser pour étaler les injections sur trois à cinq semaines, en fonction de la date des premières piqûres.
Au-delà des Ehpad, la troisième dose est également recommandée pour les "5 millions de plus de 65 ans qui ont eu leur deuxième dose il y a 6 mois" - ou leur première, s'ils ont eu le Covid -, a rappelé le Premier ministre. Parmi eux, environ 600.000 ont déjà pris rendez-vous pour obtenir ce rappel selon lui.
L'attention des pouvoirs publics se porte également sur les 8 millions de Français qui n'ont pas encore reçu leur première dose, "en particulier les plus vulnérables d'entre eux", a souligné M. Castex.
Ce "ne sont pas forcément des opposants doctrinaires à la vaccination" mais "il faut aller les chercher là où ils sont", y compris dans des territoires isolés, a-t-il ajouté.
Pour Pascal Champvert, de l'association AD-PA qui regroupe des directeurs d'Ehpad et de services à domicile, les efforts doivent notamment porter sur les seniors en perte d'autonomie qui vivent chez eux: "ils n'ont pas pu bénéficier de la logistique mise en place dans les maisons de retraite. Comme d'habitude, le secteur du domicile a été un peu oublié dans cette crise", selon lui.