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Plus de 8 milliards d'euros : Emmanuel Macron a annoncé mardi un vaste plan de soutien à l'industrie automobile française, victime d'un coup d'arrêt dû à la crise sanitaire, tandis que les autorités de santé demandent de ne plus utiliser la très controversée hydroxychloroquine contre le Covid-19.
Depuis l'usine de l'équipementier Valeo à Etaples (Pas-de-Calais), le chef de l'Etat a égrainé une série de mesures destinées à sauvegarder la filière automobile française et ses 400.000 emplois directs: renforcement des aides à l'achat de voitures électriques et hybrides, hausse des primes à la conversion des voitures polluantes...
Ambition de ce plan de secours : "faire de la France la première nation productrice de véhicules propres en Europe en portant à plus d'un million par an, sous cinq ans, la production de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hybrides" dans le pays. Pas de quoi convaincre les ONG de défense de l'environnement, qui dénoncent, à l'instar de Greenpeace France, un plan "climaticide".
En échange du prêt de 5 milliards d'euros garanti par l'Etat à Renault, le président de la République a par ailleurs exigé des garanties pour les salariés de Maubeuge et Douai, après avoir reçu à l'Elysée Jean-Dominique Sénard, son PDG, qui doit dévoiler vendredi un plan d'économies de deux milliards d'euros.
Mais selon Le Figaro, Renault doit annoncer vendredi dans le cadre de ce plan d'économies, la suppression de 5.000 postes en France d'ici à 2024, principalement par des départs à la retraite non remplacés.
Contacté par l'AFP, le constructeur automobile n'a pas souhaité commenter ces informations. La société emploie en France quelque 48.000 personnes, 27% de ses effectifs globaux.
Le marché automobile européen a été divisé par quatre en avril après une chute de moitié en mars, comparé à l'an dernier.
Pour d'autres secteurs très touchés comme la restauration, le tourisme, la culture ou le sport, le gouvernement a annoncé dimanche 3 milliards d'euros d'exonérations de cotisations sociales pour éviter faillites et licenciements.
Ce coup de pouce alourdira la dette au-delà du seuil de 115% du produit intérieur brut, a prévenu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.
- La baisse continue en réa -
Sur le front sanitaire, la tension continue de retomber, avec un nombre de malades en réanimation qui a poursuivi sa décrue : il s'élevait à 1.555 mardi soir, soit 54 de moins que la veille. Au total l'épidémie a fait au moins 28.530 morts en France, selon un bilan consolidé donné jeudi soir par la Direction générale de la Santé.
Et pour la première fois, Santé publique France a établi que près de la moitié des décès (14.113) concernaient des personnes résidant en Ehpad ou en établissements médico-sociaux - mortes dans ces établissements ou à l'hôpital.
"Les indicateurs sont plutôt très favorables", a relevé la directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne, soulignant que "la circulation du virus reste faible".
La prudence reste de mise en l'absence de vaccins ou de traitement efficace. Sur ce dernier point, l'hydroxychloroquine, popularisée par l'infectiologue marseillais Didier Raoult, est désormais dans le viseur des autorités sanitaires: le Haut conseil de la santé publique (HCSP) recommande mardi de ne pas l'utiliser dans le traitement du Covid-19 hors essais cliniques.
L'Agence du médicament (ANSM) a de son côté "lancé la procédure de suspension", "par précaution", des essais cliniques évaluant cette molécule. Des avis qui suivent la parution d'une étude pointant l'inefficacité et les risques de ce médicament pour les malades du Covid-19.
"C'est une opinion comme une autre, si vous voulez je m'en fiche un peu. Le vrai problème c’est la crédibilité, qui est crédible?", a réagi Didier Raoult sur LCI.
Pour contrôler un éventuel retour de l'épidémie, le gouvernement veut s'appuyer notamment sur l'application de traçage StopCovid, qui permettra à ses utilisateurs d'être alertés s'ils ont croisé une personne touchée par le Covid-19 (à moins d'un mètre, pendant au moins 15 minutes).
L'application pour smartphones, qui a été critiquée au sein même de la majorité, sera débattue mercredi par députés et sénateurs. Mais leur vote ne sera pas contraignant et les Français devraient pouvoir la télécharger dès ce week-end.
La Cnil a donné mardi son feu vert, estimant que l'application respecte les différentes dispositions législatives relatives à la protection de la vie privée. Cela n'a cependant pas fait taire les critiques.
Dans ce contexte sanitaire un peu moins sombre, le gouvernement devrait apporter jeudi des précisions sur la suite du déconfinement et les vacances d'été.
"On constate qu'on est en dessous de ce que prédisaient les modélisations, en dessous des 3.000 cas jours. Il n'en demeure pas moins qu'on reste très prudent", a prévenu mardi une source ministérielle.
- "Mardis de la colère" -
Au menu: le sort des lycéens et de l'oral du bac de français, mais aussi de possibles aménagements de la règle limitant les déplacements dans un rayon de 100 km, ou encore la réouverture des bars et restaurants ou celle, progressive, des cinémas.
Mercredi matin, partout en France, hôteliers et restaurateurs vont déposer devant leurs établissements un objet symbole de leur activité, corbeille de pain, toque de chef ou tasse à café, pour crier leur besoin de rouvrir leurs établissements et se remettre "#ATable".
Dans les écoles, "il n'y a pas d'allégement prévu" du protocole sanitaire, a prévenu Jean-Michel Blanquer sur LCI, ce qui rend peu probable l'accueil de davantage d'élèves avant septembre.
Au lendemain du lancement du "Ségur de la santé", vaste concertation menée afin d'améliorer les conditions de travail et la rémunération des soignants, des rassemblements ont eu lieu un peu partout en France afin de réclamer des "mesures concrètes". Les syndicats ont prévenu : ils attendent "autre chose que des discours et des promesses".
Des manifestations qui s'inscrivent dans le cadre des "mardis de la colère", un rendez-vous hebdomadaire destiné à "maintenir la pression" sur le gouvernement, en attendant une journée de mobilisation nationale prévue le 16 juin.
Face à plus de 300 représentants des syndicats, collectifs, directeurs d'hôpitaux et d'Ehpad, mais aussi des médecins libéraux, le Premier ministre Edouard Philippe a promis lundi "des décisions en juillet". Qui comprendront notamment une "revalorisation significative" des rémunérations et du budget de l'Assurance maladie "dans les années à venir". Autre annonce non chiffrée : "Un vaste plan d'aide à l'investissement".
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