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"La pire image qu'un homme politique puisse donner": les anciens partenaires politiques de Gérard Collomb n'ont pas de mots assez durs pour dénoncer son alliance avec la droite pour les municipales.
La République en Marche, son parti, a aussitôt sanctionné l'ancien ministre de l'Intérieur, figure historique du mouvement, en lui retirant son investiture, ainsi qu'à ses derniers fidèles.
Dès jeudi, le patron de LREM Stanislas Guerini avait estimé que Gérard Collomb avait "franchi une ligne rouge" en renonçant à la présidence de la métropole de Lyon au profit de François-Noël Buffet (LR). En échange, le candidat de droite à la mairie Étienne Blanc va s'effacer derrière Yann Cucherat, le poulain de Collomb.
LREM a prévenu que le retrait de l'investiture s'appliquera à "l'ensemble des candidats dans les arrondissements lyonnais et les circonscriptions de la métropole qui décideraient de s'engager à leur tour dans ce schéma d'alliance".
De Paris à Lyon, les critiques acerbes ont fusé.
La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye évoque "une forme d'égoïsme" de celui qui a pourtant été "un des tous premiers compagnons de l'aventure En Marche".
"Qu'aujourd'hui il fasse le choix d'une droite avec laquelle je ne partage aucune valeur, celle de Laurent Wauquiez, ça me déçoit profondément", a-t-elle lâché sur RMC/BFMTV, en référence au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Pour son successeur place Beauvau, le maire de Lyon "se perd lui-même". "Gérard Collomb a perdu les élections municipales au premier tour" et aujourd’hui, "ce choix politique le perd dans le champ politique", a déclaré Christophe Castaner sur RTL.
La ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne "ne comprend pas". "On parle souvent de dépasser les clivages mais ça ne veut pas dire accepter tous les arrangements", a-t-elle lancé sur Public Sénat.
A Lyon aussi la rancoeur prévaut face aux choix d'un homme qui a dirigé pendant près de 20 ans la ville, longtemps sous les couleurs socialistes avant de se rapprocher d'En Marche.
Jean-Louis Touraine, député LREM du Rhône, qui fut son premier adjoint pendant près de 15 ans, parle d'un "effondrement de (ses) valeurs". "Il passe par dessus bord toutes ses belles convictions dans l’espoir de conserver un petit pouvoir", soupire-t-il.
Georges Képénékian, à qui Gérard Collomb avait laissé les clés de la ville à son départ pour le gouvernement, estime lui que "c’est la pire image qu'un homme politique puisse donner, et qui donne raison à celles et ceux qui dénigrent la classe politique".
- "Transgression" -
Le camp Collomb a enregistré une première défection vendredi avec Julien Ranc, tête de liste dans la circonscription Ouest aux élections métropolitaines. Ce dernier a annoncé avec sept co-listiers reprendre sa "totale indépendance" après la "manoeuvre dépassée" du maire de Lyon, évoquant déjà des prises de contact avec le marcheur dissident David Kimelfeld.
Quatre adjoints de la mairie de Lyon, issus de la gauche, ont aussi présenté vendredi leur démission, selon la mairie.
Même à droite on ne cache pas son malaise. Le patron des Républicains a évoqué une "décision locale". C'est "le problème de LREM; je me suffis à gérer les miens", a déclaré Christian Jacob sur France 2.
Face aux critiques, l'intéressé assume pleinement, reconnaissant seulement "un déchirement profond" à l'idée de quitter le pouvoir lyonnais pour redevenir simple élu local.
"Pour l'avenir de Lyon, il faut une majorité stable pour reconstruire une ville qui va beaucoup souffrir" avec la crise économique qui s'annonce, Lyon étant la première ville industrielle en France, a-t-il justifié sur LCI.
Gérard Collomb estime que le sénateur François-Noël Buffet, ancien soutien de François Fillon, affiche un discours "modéré".
Pourquoi tenter de faire à tout prix barrage aux Verts qui sont arrivés en tête au premier tour des municipales à Lyon?, demande-t-on au maire de Lyon. Parce qu'"il y aurait une rupture profonde", assure-t-il.
S'agissant du président de la République dont il fut très proche, il assure ne pas l'avoir eu au téléphone. Tout en glissant: "si quelqu'un a montré la voie de la transgression, c'est bien Emmanuel Macron".
"Ce qui m'avait plu chez Emmanuel Macron, c'est qu'il pensait le futur, et finalement on a abandonné cette vision globale pour se focaliser sur des mesures particulières dont les Français parfois ne voyaient pas le sens", a encore estimé M. Collomb, citant par exemple la réforme des retraites.
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