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Christophe, l'étoile mystérieuse, laisse un grand vide

"Dans les étoiles", "mystérieux, mais aussi "accessible", ayant "traversé toutes les générations": c'est le Christophe que décrivent à l'AFP Jeanne Added et Sébastien Tellier, qui ont chanté avec lui et regrettent l'artiste "hors-norme".

La rencontre avec ce noctambule notoire était souvent pleine de surprises. "La première fois que je l'ai vu - ce n'est pas une fable - je sonne à 23h00 chez lui, quelqu'un vient m'ouvrir et me guide dans un long couloir jusqu'à sa chambre, il est à poil, sous un drap hein (rires), en train de regarder La Callas en concert sur un écran géant. Je me suis assis sur un bout du lit et on a parlé", se souvient Sébastien Tellier.

L'inclassable barbu, qui reprend invariablement "Dolce Vita" sur scène et a chanté "Senorita" avec son "héros" sur l'album de duos "Christophe, etc, vol. 1", accuse un peu le coup de sa disparition avant de se reprendre.

"C'était à son image, hors norme, il gardait une grande part de mystère, même chez lui (rires), comme déjà dans les étoiles". Mais l'homme aux santiags et lunettes à verres fumés bleus n'était pas une icône hors d'atteinte. Sébastien Tellier le décrit aussi se muant en "livre ouvert", comme cette nuit en studio où il lui raconta "sa mère, couturière chez Balmain". "Il n'y avait pas de barrière, il mettait à l'aise".

- "Jouer aux boules" -

Même constat chez Jeanne Added, qui chante "La petite fille du 3eme" sur le volume 2 des duos. "Il a croisé tout le monde sur la scène française et il était très accessible, toujours un mot doux, c'est quelqu'un qui va être regretté".

"Dès le premier rendez-vous chez lui, le tutoiement est immédiat, tout de suite amical", raconte à l'AFP le journaliste Christian Eudeline, auteur de la biographie "Christophe, portrait du dernier dandy" (Fayard, 2014). "Il passe à la télé, mais prend son vélo pour aller jouer aux boules, on a rarement vue vedette aussi détachée de son statut".

Tous s'accordent aussi sur la capacité de Daniel Bevilacqua, son vrain nom, à traverser les époques et échapper aux cases pour toucher tous les publics.

"La première fois que je l'ai rencontré, c'était il y a dix ans, au Bal du 14 juillet organisé par Rodolphe Burger sur le parvis du Palais des Papes à Avignon - devant 10.000 personnes - et c'est la première fois que j'ai eu la compréhension de ce qu'est la musique populaire", se rémémore Jeanne Added.

"Ses morceaux ne lui appartenaient plus, existaient sans lui, avaient traversé les générations, il y a une telle beauté là dedans", développe celle qui a un faible pour "Paradis perdus" et "Comm'si la terre penchait".

- "Haute noblesse" -

"+Dolce Vita+, +Succès fou+, +Les mots bleus+, j'aime ses hits, des mini-symphonies, qui ont touché tout le monde, embraye Sébastien Tellier. C'est de la haute noblesse, mélange d'art absolu et de succès populaire".

"Des succès dans les années 60 avec +Aline+ et +Les marionnettes+, puis dix ans plus tard avec +Senorita+ et +Les mots bleus+, puis dans les années 80 avec +Succès fou+, et ensuite la presse branchée l'encense. Quand tu es invité par Guy Lux et que tu fais la couv' de Télérama, c'est jackpot", synthétise Christian Eudeline.

Et tous de dépeindre un créateur toujours en quête. "Tout le délire de Christophe, ce n'est pas un plan com'. C'est un orfèvre qui a continué à ciseler, toujours avec la +niaque+, il n'est pas parti en retraite à Saint Trop'", insiste Sébastien Tellier.

"Il n'était pas que chanteur, c'est évident, je l'avais vu en piano-voix, il était dans l'évocation, c'est ce que j'aime, l'éllipse, quand tout n'est pas déroulé sur le tapis, qu'il y a un effort à faire comme auditeur, décrypte Jeanne Added. La musique était à l'intérieur de lui".

"Sur scène, c'est un moment rare, il ne donne pas dans le passé", raconte Christian Eudeline, pas encore prêt à l'emploi de l'imparfait.

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