Accueil Actu

Chassées par les combats, des familles déplacées au centre de l'Ukraine: "Nous avons dit aux enfants que c'était le tonnerre"

L'immeuble où vivaient Viktor et Natalya à Volnovakha, dans l'est de l'Ukraine, a été parmi les premiers à être bombardés par l'armée russe au premier jour de l'invasion. Ils ont dû fuir plus à l'ouest, dans la ville de Dnipro.

Ils ont trouvé refuge dans une crèche portant le nom de Banana Club, où ils dorment avec leurs trois enfants et trois autres membres de la famille dans une pièce au plafond orné de dessins de baleines et d'ours en peluche.

Dnipro, située en plein centre du pays sur le grand fleuve du même nom, apparaît pour l'heure relativement préservée du danger et subit moins de bombardements que d'autres villes ukrainiennes.

Mais les sirènes d'alerte aérienne y retentissent quand même plusieurs fois par jour et les troupes russes se sont rapprochées de la ville voisine de Zaporojie à environ 80 km plus au sud. Ils ont attaqué puis occupé sa centrale nucléaire, la plus grande d'Europe.

Dans toute la ville de Dnipro, les déplacés ukrainiens fuyant les combats dans l'Est sont accueillis dans des boutiques, des hôtels ou des centres pour enfants.

Volnovakha, située près de l'ancien front avec les régions séparatistes prorusses, a été complètement détruite, témoigne Viktor.

Sa famille s'est abritée trois jours durant dans un sous-sol en compagnie d'une trentaine de voisins, sans chauffage ni électricité, avant de pouvoir fuir.

"Les attaques se poursuivaient toute la nuit et toute la journée. Nous avons dit aux enfants que c'était le tonnerre", relate Viktor, qui possédait une entreprise de jardinage.

"Nous ne pourrons jamais retourner à Volnovakha. Tout a été mis en pièces et il n'y a plus rien là-bas", ajoute-t-il.

Déplacés intérieurs

La famille espère désormais quitter l'Ukraine pour un des pays voisins plus à l'ouest mais Viktor, qui a l'âge d'être enrôlé pour combattre, n'a pas le droit de quitter le pays. Sa compagne Natalya ne veut pas se séparer de lui. Ils restent donc au Banana Club pour le moment.

Plus de 1,2 million d'Ukrainiens on fui le pays jusqu'ici, selon l'ONU. Aucun chiffre n'est disponible pour ce qui est des déplacés à l'intérieur du pays.

Selon Vesta Burkina, une volontaire de 31 ans qui aide à coordonner l'aide aux déplacés à Dnipro, deux familles et une femme seule sont actuellement hébergées dans la crèche.

Mais une vingtaine personnes supplémentaires sont attendues vendredi en provenance de Kharkiv, la grande ville de l'est du pays, en proie depuis plusieurs jours à d'intenses attaques russes.

Nombre d'entre eux préféreraient ne "rester qu'un jour ou deux, mais n'ont pas l'argent nécessaire pour continuer leur route vers l'ouest de l'Ukraine", témoigne-t-elle.

Les forces russes ont envahi le pays depuis plusieurs directions la semaine dernière. Au nord et à l'est, elles se sont heurtées à une résistance plus forte qu'attendue. Au sud, arrivant de la péninsule de Crimée, leurs colonnes ont davantage progressé, avançant jusqu'à la centrale nucléaire de Zaporojie.

À lire aussi

Sélectionné pour vous