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Le Sri Lanka a été frappé dimanche par une série d'attentats contre des hôtels de luxe et des églises célébrant la messe de Pâques, faisant plus de 290 morts.
Voici ce que l'on sait à ce stade:
Que s'est-il passé ?
De puissantes explosions se sont produites en début de matinée, vers 08H30-09H00 locales (03H00-03H30 GMT), dans trois hôtels de luxe du front de mer de la capitale Colombo. Les établissements affectés, le Shangri-La, le Kingsbury et le Cinnamon, sont situés à quelques centaines de mètres les uns des autres.
Au Cinnamon, un kamikaze, un Sri-Lankais qui s'était enregistré à l'hôtel la veille sous le nom de Mohamed Azzam Mohamed, a enclenché sa bombe dans la file de clients, venus profiter d'un buffet de Pâques dans un restaurant de l'établissement.
Au Shangri-La, le restaurant a lui aussi été ravagé.
En parallèle, des déflagrations ont frappé trois églises catholiques où les fidèles étaient rassemblés pour célébrer la messe de Pâques, faisant un carnage. Ont été visées la célèbre église Saint-Antoine à Colombo, l'église Saint-Sébastien à Negombo, localité située à une trentaine de kilomètres au nord de la capitale, et une autre église de la ville de Batticaloa, de l'autre côté du Sri Lanka, sur la côte orientale.
Quelques heures plus tard, deux nouvelles explosions sont survenues. L'une a touché un hôtel de Dehiwala, banlieue sud de Colombo. Une autre s'est produite dans une maison d'Orugodawatta, banlieue nord de la capitale, où un kamikaze s'est fait exploser lors d'une opération policière.
On compte au total huit explosions.
Qui sont les victimes ?
Le dernier bilan officiel fait état de 290 morts mais pourrait être encore amené à s'aggraver. Plus de 500 personnes ont été blessées.
Un ressortissant français figure parmi les étrangers tués les attentats suicides du dimanche de Pâques au Sri Lanka, ont annoncé lundi les autorités locales. "Lundi 22 avril 2019 à 19H00, le nombre d'étrangers qui ont été identifiés comme tués est de 31", a déclaré le ministère des Affaires étrangères sri-lankais dans un communiqué, avant de donner un décompte par nationalité mais sans préciser le sexe des victimes.
"De plus, 14 étrangers sont portés disparus actuellement, et pourraient être parmi les victimes non identifiées" à la morgue, a ajouté le gouvernement.
Parmi les nationalités étrangères touchées, l'Inde paie le tribut le plus lourd avec huit citoyens tués, suivie de la Grande-Bretagne avec six morts.
La Chine, l'Arabie saoudite et la Turquie comptent deux victimes chacune, contre une pour la France, le Bangladesh, le Japon, les Pays-Bas, l'Espagne et le Portugal.
Deux victimes supplémentaires avaient la double nationalité américano-britannique, et deux autres des passeports australiens et sri-lankais, selon la liste fournie par le Sri Lanka.
17 ressortissants étrangers sont par ailleurs encore hospitalisés à Colombo.
Qui est responsable ?
Les attaques n'ont pas été revendiquées à ce stade mais selon le gouvernement un mouvement islamiste local, le National Thowheeth Jama'ath (NTJ), est à l'origine des attaques suicides.
24 personnes ont été arrêtées, a annoncé le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, précisant que leurs noms sont "locaux" mais que les enquêteurs cherchaient à savoir s'ils ont d'éventuels "liens avec l'étranger".
Il a reconnu qu'"il y avait des informations" sur des risques d'attaques. Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d'informations "d'une agence de renseignement étrangère" avertissant qu'un mouvement islamiste, le NTJ, projetait "des attentats suicide contre des églises importantes" et l'ambassade d'Inde à Colombo.
Le NTJ (National Thowheeth Jama'ath) s'était fait connaître l'an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhiques.
Jusqu'en 2009, le Sri Lanka a été le théâtre d'une guerre civile très meurtrière de plusieurs décennies opposant forces gouvernementales et séparatistes tamouls.
Ces dernières années, il y a eu des affrontements entre la communauté bouddhiste cinghalaise, majoritaire, et la minorité musulmane. L'an passé, les autorités ont décrété 12 jours d'état d'urgence pour mettre fin à des émeutes visant les musulmans dans le centre du pays.
Par ailleurs, en 2017, l'Alliance nationale évangélique chrétienne du Sri Lanka a recensé une centaine d'incidents contre les chrétiens dans l'île, selon un rapport du département d'État américain. Les catholiques sont à la fois présents chez les Tamouls et dans la majorité cinghalaise.
Comment le Sri Lanka a-t-il réagi ?
Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a appelé la population à "l'unité" et promis "d'éradiquer cette menace pour de bon".
L'archevêque de Colombo, Malcolm Ranjith, a lui qualifié les assaillants d'"animaux" et appelé les autorités à les "punir sans merci".
Le gouvernement a mis en place un couvre-feu "jusqu'à nouvel ordre". Il a également demandé le blocage temporaire des réseaux sociaux pour contrer la propagation d'informations "fausses ou incorrectes".
Les autorités ont renforcé les contrôles de sécurité à l'aéroport de Colombo. Le transporteur Sri Lankan Airlines a conseillé à ses clients d'arriver quatre heures avant leur vol.
Les passagers d'avions pourront franchir les barrages sur la route de l'aéroport durant le couvre-feu en présentant leur passeport et leur billet, a précisé la compagnie aérienne.
Les ambassades au Sri Lanka ont appelé leurs ressortissants à éviter tout déplacement et à se tenir à l'écart des lieux publics.
87 détonateurs de bombes découverts dans une gare de bus de Colombo
La police du Sri Lanka a découvert lundi 87 détonateurs dans une gare de bus de la capitale Colombo, au lendemain d'une vague d'attentats suicides qui ont fait plus de 290 morts dans le pays.
"87 détonateurs ont été découverts dans la gare de bus privée Bastian Mawatha de Pettah", un quartier de la capitale sri-lankaise situé à mi-chemin des hôtels et de l'église frappés dimanche par des explosions, ont annoncé les forces de l'ordre dans un communiqué. "La police a trouvé 12 d'entre eux éparpillés sur le sol et plus tard fouillé une décharge où 75 détonateurs supplémentaires ont été trouvés", ont-elles précisé.
Washington met en garde contre de "possibles" nouvelles "attaques terroristes"
Les Etats-Unis ont averti que "des groupes terroristes continuent à préparer de possibles attaques" au Sri Lanka, dans leurs conseils aux voyageurs après les attentats qui ont fait dimanche au moins 290 morts, dont des Américains, dans ce pays d'Asie du Sud.
"Des groupes terroristes continuent à préparer de possibles attaques au Sri Lanka", indique le département d'Etat dans ses conseils aux voyageurs actualisés après les attentats du dimanche de Pâques, appelant les ressortissants à "une prudence accrue".
"Des terroristes peuvent attaquer sans préavis ou quasiment, en ciblant des endroits touristiques, des hubs de transport, des centres commerciaux" et d'autres endroits comme des hôtels, des clubs, des restaurants et des lieux de prière.
Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo a indiqué dimanche que "plusieurs" Américains avaient été tués dans les attentats au Sri Lanka.
Aucun groupe n'a revendiqué ces attaques coordonnées, mais les autorités ont arrêté 24 personnes et vérifient d'éventuels "liens avec l'étranger".
Des ressortissants indiens, chinois, danois, néerlandais, japonais, portugais, britanniques et turcs figurent aussi parmi les tués.
L'ambassade des Etats-Unis à Colombo est restée fermée au public lundi et mardi mais indiqué qu'elle continuait à fournir ses services à ses ressortissants.
Un haut responsable de la police sri-lankaise avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d'informations "d'une agence de renseignement étrangère", avertissant qu'un mouvement islamiste projetait "des attentats suicides contre des églises importantes" et l'ambassade d'Inde à Colombo.